Studios de la Victorine : « Une campagne de recrutement sera lancée en septembre sur les effets spéciaux »

Nouveau concessionnaire des studios niçois de la Victorine, le groupement Victorine Studios, associé à la CCI de Nice, exploitera le site sur 35 ans et prévoit un investissement de 37,5 millions d’euros pour l’intégrer aux ambitions nationales sur la modernisation des outils de production. Il sera opérationnel et installé sur place dès le 1er septembre. Le point avec David Danesi, nouveau pdg des studios, et dirigeant de la société d’effets visuels et de post-production parisienne, Digital District Entertainment (cinéma, plateformes, publicité) dont la filiale Color détient 75% de la société de projet.
(Crédits : DR)

A la suite de l'appel d'offres lancé en juin 2022 par la Ville de Nice, propriétaire du foncier et qui avait repris les studios de la Victorine en régie depuis 2017, l'aménagement et l'exploitation du site des studios de la Victorine a été confié en mars au groupement Victorine Studios. Cette société de projet est composée de Color, labo numérique du groupe d'effets visuels et de post-production parisien, Digital District Entertainment (cinéma, plateformes, publicité, 21 millions de chiffre d'affaires) et de la Chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur. Le contrat de concession est en cours de finalisation et a pour objectif de faire émerger un projet « de grande ampleur ». La feuille de route vise à développer et positionner les studios comme « l'épicentre des tournages sur la Côte d'Azur » mais aussi à créer « un pôle d'excellence » intégrant des technologies de pointe (IA, robotique, production virtuelle en temps réel).

La Tribune -  La Ville de Nice a confié la concession des studios de la Victorine au groupement composé par Digital District, via son laboratoire numérique Color, et la CCI de Nice. Pourquoi votre société, spécialisée dans la post-production et le VFX, s'est-elle mobilisée sur ce projet d'exploitation ?

DAVID DANESI - Color est notre laboratoire dédié à la post-production et à l'étalonnage, à la sauvegarde des rushes. C'est la dernière étape de fabrication d'un film. Depuis quelques années, le métier de l'audiovisuel se transforme et les effets spéciaux sont un des derniers maillons dans la chaîne de fabrication des films. Ils sont en revanche remontés très en amont dans la chaîne de valeur et le processus de production. Quand l'offre de la Victorine, qui fait partie du patrimoine culturel français, est arrivée, nous réfléchissions à la manière de proposer un service complet aux producteurs, réalisateurs, chefs opérateurs, chefs déco. Pour une société d'effets spéciaux, avoir des facilités de tournage présente un réel intérêt. Notre ambition est de faire tourner les studios, d'installer un outil transversal et de permettre aux professionnels d'arriver avec un script et de sortir avec un film.

Comment s'organise la gouvernance du projet, qui associe « pôle entrepreneurial » et formation ?

Nous finalisons actuellement avec la ville de Nice, la signature des derniers détails administratifs entre la société de projet, détenue à 75,01% par Color, à 24,99% par la CCI.

Le groupement Victorine Studios, dont la présidence a été confiée à Jessica Bovis (membre de l'assemblée de la CCI) prévoit un investissement de 37,5 M€. C'est une gouvernance équilibrée. Digital District possède l'expertise métier tandis que la CCI connaît le tissu local et va contribuer à construire un programme en trois volets qui va au-delà de notre activité.

Outre la production et les tournages, il prévoit en effet d'accueillir de nouvelles entreprises liées de près ou de loin à l'activité audiovisuelle, maisons de production, loueurs de matériel, sociétés informatiques ou de robotisation qui travaillent autour du cinéma, du film publicitaire, de l'audiovisuel. Nous souhaitons aussi développer la formation par l'accueil d'une école ou d'un centre de formation, voire les deux, afin de transmettre aux jeunes les métiers de demain. Tout ce travail de prospection sera piloté avec la CCI, avec laquelle nous travaillons en étroite transparence et collaboration.

Les studios font partie des onze lauréats de l'appel à projets de « La grande fabrique de l'image » (France 2030), dont l'objectif est de doubler la surface disponible de studios en France et de moderniser les outils de production. Quels sont les grands chantiers prévus sur le site ?

Il s'agit de répondre à une demande croissante des tournages en studios. En 2023, la Victorine a accueilli 160 jours de tournage, avec 10 longs métrages et un blockbuster pour Amazon US, Head of States, produit en collaboration avec Peninsula Films, basée à Nice. Les studios qui comptent actuellement neuf plateaux, dont un de 1.175 m2, sur un site de sept hectares vont bénéficier d'une réhabilitation et d'une extension des moyens de production. On a pour projet de construire un nouveau plateau de 2.000 m² et de moderniser les installations. À la fin, il y aura vraisemblablement sept plateaux, dont plusieurs de plus petite taille. Il n'y aura pas de backlots fixes (décors permanents) mais des terrains disponibles en fonction des besoins. Les travaux se dérouleront par étape, en quatre phases qui s'échelonneront jusqu'en 2034, et pourraient démarrer en 2025.

L'installation opérationnelle de la société de projet est prévue au 1er septembre, date à laquelle Digital District et Color auront une antenne sur place. Comment se porte l'activité cet été ?

Avec l'arrivée sur place de Digital District, je tiens à ce que les effets visuels soient de plus en plus présents comme outils de fabrication des films. Dès septembre, nous lancerons des campagnes de recrutement pour les effets spéciaux et autour du labo d'étalonnage. Nous souhaitons permettre à des graphistes de travailler sur le site sur des postes de travail permettant de faire de la 3D, de la prévisualisation ou du compositing. Des salles de montages seront également créées et nous discutons avec des partenaires pour installer des studios de son.

L'activité de tournage est en train de s'étoffer pour la période allant d'octobre à mai 205. Les carnets de commande se remplissent. Des accords sont en négociation.

Sur le volet financier, comment comptez-vous procéder ?

Nous déterminerons avec la CCI comment va se monter le financement de cet investissement. Sur 37,5 millions d'euros, il y en a déjà une partie éligible à France 2030 dans le cadre de La Grande Fabrique de l'image (entre 5 à 10 millions d'euros de subventions allouées par différents dispositifs). Nous sommes en train de finaliser ce volet financier avec le CNC. La porte est aussi ouverte à tout type de partenariat potentiel. Digital District n'a pas vocation à porter l'intégralité des investissements.

Vous êtes également soutenu par la Ville de Nice? L'État vient de lui attribuer une première subvention d'ingénierie d'un montant de 400.000 euros afin d'appuyer le développement des studios.

Le maire de Nice, Christian Estrosi a très à cœur de voir le cinéma et l'audiovisuel se développer de manière forte à Nice afin de replacer la Victorine au cœur de l'industrie audiovisuelle en France, voire à l'international.

L'ambition de La Grande fabrique de l'image concerne aussi la mise en place d'équipements respectueux de la neutralité carbone et de l'écoproduction. Que prévoyez-vous dans ce domaine ?

Nous travaillons sur les énergies renouvelables avec par exemple un projet de production et de récupération d'énergie en cours d'élaboration. Le solaire est au cœur de la stratégie de développement des studios. Nous envisageons aussi d'installer une forme de data center moderne et moins énergivore.

Sur les sept hectares, une parcelle de foncier sera occupée par France Télévisions qui envisage d'installer son siège régional à la Victorine. Comment allez-vous travailler avec l'écosystème régional des industries culturelles et avec les studios déjà installés comme ceux de Marseille ?

France Télévisions a obtenu le permis de construire, son projet est indépendant du nôtre mais nous discutons avec le groupe public pour savoir comment va se passer la vie sur le site.

Notre intention étant de créer un écosystème incontournable, toutes les initiatives sont importantes pour structurer l'industrie culturelle et créative, de Cannes à Marseille. La Victorine a une approche et une taille différente de celles des studios de Marseille, mais il est crucial pour la filière qu'il existe une forte décentralisation et que des projets se tournent aussi hors de l'île de France. Plus les studios dans le Sud seront performants, plus ils attireront les productions nationales et internationales à venir.

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