Dans le Sud, le secteur du tourisme face à la crise du logement des saisonniers

Terre de tourisme, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a besoin de saisonniers pour assurer le bon déroulé de sa saison estivale. Mais ces derniers ont bien du mal à trouver de quoi se loger sur un marché en tension depuis plusieurs mois. Les professionnels du secteur et les collectivités commencent à mettre en place des dispositifs pour héberger ces travailleurs.
(Crédits : DR)

Les plages et les terrasses se remplissent de plus en plus depuis plusieurs semaines en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Si le tourisme ne se résume pas qu'au littoral, les scintillements d'un soleil de plomb sur le bleu de la mer attire toujours. Du luberon aux Alpes, en passant par le plateau de Valensole et les Calanques, l'été pèse forcément beaucoup dans ce secteur qui est un poids lourd de la région avec 20 milliards de recettes par an, soit 13% du PIB du territoire. Comme pour tout secteur économique, la main d'oeuvre pour faire tourner les bars, les restaurants et les différentes activités supplémentaires est essentielle.

« Nous avons environ 150 000 personnes qui travaillent dans le tourisme auxquels s'ajoute un besoin difficilement satisfait de 90 000 saisonniers », pose François de Canson, vice-président du conseil régional chargé du développement économique et du tourisme. Ne pas satisfait ce besoin est forcément un point bloquant puisqu'il est difficile de réussir une saison sans saisonnier.

Une situation dont « les causes sont multiples » reconnaît le vice-président, également maire de la commune balnéaire de La Londe-les-Maures dans le Var. Le manque d'attractivité des métiers est régulièrement évoqué, mais la difficulté de se loger sur des lieux très demandés avec l'afflux de touristes fait aussi partie du problème. Les périodes touristiques étant de plus en plus longues, Eric Abihssira, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) Nice Côte d'Azur, va jusqu'à parler de logement pour les actifs et non pour les saisonniers. « Certaines destinations ont un tourisme quatre saisons grâce à un fort potentiel culturel qui leur permet de durer de fin février jusqu'à octobre », défend-il soulignant que le logement « est un élément qui définit la qualité de vie au travail ».

Des initiatives à leurs « balbutiements »

Cette situation crée une concurrence entre les actifs, au-delà du seul secteur du tourisme, sur fond de crise du logement qui se traduit par une hausse des prix à l'achat ainsi qu'à la location et une pénurie de biens. D'après Pascal Blain, le directeur de France Travail en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, « la difficulté de se loger est la première cause de non-retour à l'emploi ». Ce qui se ressent sur le terrain relate Eric Abihssira : « Quand un salarié postule à un poste, l'une de ses premières questions est de savoir si nous avons une solution d'hébergement à lui proposer ».

Le président de l'Umih Nice Côte d'Azur pointe notamment les locations de courte durée, souvent appelées « Airbnb » au vu de la domination du géant Américain sur ce marché, comme l'un des responsables de cette crise du logement. Une offre « ultra nécessaire dans certaines zones mais créant certaines distorsions dans d'autres », juge François de Canson qui « laisse les maires à la manoeuvre » sur cette question.

Pour les saisonniers, certaines communes lancent des dispositifs spécifiques. A Saint-Tropez par exemple, un village en préfabriqué a été conçu exclusivement dans ce but. Des chambres de 15 m2, louées 100 euros, à une quinzaine de minutes à pied de la célèbre place des Lices. Ce dispositif, dédié aux personnes qui viennent pour travailler dans les services de la mairie comme les musées ou centres de loisirs, permet de répondre à la pénurie de logement et aux limites salariales de la fonction publique pour ce type de poste. Dans le privé, Eric Abihssira évoque la constitution de groupements pour « louer des campings fermés, installer des mobil-homes, discuter avec les collectivités pour trouver du foncier afin d'installer des maisons pour saisonniers ». Des initiatives qui en sont à leurs « balbutiements ».

Crous et fonds publics

Parmi ces nouvelles initiatives, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur avait mis à disposition 350 appartements ou studios du Crous sur le périmètre Nice-Toulon l'été dernier. Une opération renouvellée en 2024. « Cette année ce sont 1000 logements qui sont mobilisés, 500 pour Nice-Toulon et 500 pour Aix-Marseille-Avignon avec des loyers allant de 360 à 585 euros. Un jeu doublement gagnant puisqu'il répond à la pénurie et permet au Crous de bénéficier de recettes supplémentaires », se réjouit François de Canson.

En parallèle, le conseil régional vient de lancer un dispositif baptisé « Sud saisonniers » pour soutenir « la création, la rénovation et l'équipement d'hébergements collectifs pour les saisonniers ». Dans le détail, il s'agit d'une aide plafonnée à 400 000 euros qui s'adresse aux groupements de professionnels du tourisme et aux collectivités territoriales. « 900 000 euros seront mis à disposition cette année et nous augmenterons ce budget l'année prochaine », explique le vice-président.

De quoi compléter l'aide à l'hébergement touristique, plafonnée à 100 000 euros et que les professionnels peuvent solliciter seuls. « En dehors des périodes à forte tension touristique, ces logements pourraient être mis à disposition des travailleurs agricoles saisonniers sur des périodes comme les vendanges qui connaissent les mêmes difficultés », ajoute François de Canson. Car si l'été attire toutes les attentions, le sujet ne se résume pas qu'aux mois de Juillet-Août. Dans les départements alpins aussi le manque de logement se fait sentir et la perspective des Jeux olympiques d'hiver en 2030 est aussi perçue comme un moyen de construire des hébergements pour les saisonniers.

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Commentaire 1
à écrit le 15/07/2024 à 20:48
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Pour se loger sur la côte ça devient très compliquer,pour les saisonniers mais aussi pour les locaux que des appartements de tourisme qui deviennent étudiant à l 'année. A quand des réglementations sur les loyers mais aussi sur les Rbnb. Plus d a...

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