Au circuit Paul Ricard, la diversification comme moteur du modèle économique

Malgré le départ de la F1, le circuit Paul Ricard tourne à plein régime. Le fruit d'un travail de diversification et d'ouverture entamé au début des années 2010.
(Crédits : Davy Delien / circuitpaulricard)

Il faut plusieurs minutes à rouler à travers les collines typiquement provençales à la frontière du Var et des Bouches-du-Rhône pour arriver sur le circuit Paul Ricard. La quiétude ambiante autour de ce site, domicilié dans la commune varoise du Castellet, est trompeuse. « Nous sommes entre 280 jours et 300 jours de roulage, c'est-à-dire d'exploitation de la piste principale, par an. C'est presque le maximum puisque l'arrêté d'exploitation nous impose 60 jours de fermeture », prévient Stéphane Clair, directeur général du circuit. Lors de son arrivée à ce poste en 2012, la situation était bien éloignée de celle d'aujourd'hui. « On m'a demandé de rouvrir le circuit, la motivation était économique », rappelle celui qui s'occupait alors d'une agence d'événementiel spécialisée dans le sport mécanique. Sa prise de poste au début des années 2010 coïncide en effet avec la fin de la deuxième vie de la piste varoise.

Créé en 1970 par Paul Ricard, le circuit est pendant trois décennies un lieu très populaire où le public vient en masse. Le passage au nouveau millénaire marque un changement radical. Le circuit vient tout juste d'être repris par une figure du monde de la Formule 1, l'Anglais Bernie Ecclestone, via le groupe Excelis toujours propriétaire aujourd'hui. Pendant près de dix ans, « Le Castellet » - comme il est appelé couramment - devient un terrain de jeu dédié aux professionnels et à certains VIP. Une période pendant laquelle les infrastructures vieillissantes ont été remises à jour pour satisfaire cette clientèle. Mais le changement de règles dans le monde de la F1 en 2009 avec des voitures qui roulent moins lors « des essais de développement » en dehors des compétitions perturbe ce modèle. « L'impact a été immédiat », constate Stéphane Clair.

Un circuit, mais pas que

Il a donc fallu changer de modèle et le choix pris a été celui d'ouvrir le circuit. Une approche qui se traduit aujourd'hui par une forte diversification avec de nombreux événements et spectacles. Toutefois, le circuit en lui-même reste bien évidemment le principal moteur économique. Les clients sont des organisateurs de compétitions, des constructeurs qui veulent présenter des nouveaux modèles ou tout simplement s'entraîner. « Pirelli vient par exemple tester ses pneus de F1 », illustre Stéphane Clair. Si tous ces clients viennent pour rouler, « Le Castellet » n'est pas qu'un circuit. « C'est un lieu d'expériences et de villégiature avec un aéroport privé, des restaurants, des hôtels... », liste le directeur général. De quoi réunir 265 salariés, dont 110 pour le seul circuit, et générer 35 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Dans ce modèle, les compétitions sont une vitrine. Le directeur général se fixe en arrivant comme objectif de faire rouler sur le circuit trois évènements. Le Bol d'or, une compétition moto d'endurance, qui se disputait dans le Var entre 1978 et 1999 avant de partir dans la Nièvre pour finalement revenir au Castellet en 2015. « Personne n'imaginait une telle compétition sur un circuit plutôt luxueux, nous sommes ravis », souligne Stéphane Clair. Autre événement, le Grand Prix camion « qui attire un public familial » et enfin bien sûr la F1 de 2018 à 2022 qui représente « une belle vitrine à l'international ».

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Améliorer les accès

La compétition automobile reine, dont la dernière édition dans le Var remontait à 1990 avec une victoire d'Alain Prost au volant d'une Ferrari, n'a pas été renouvelée par l'organisateur bien qu'un nouveau retour soit espéré. Le Groupement d'intérêt public créé pour l'organisation des compétitions F1 a ainsi été dissous voici quelques jours.

Si Stéphane Clair parle d'un « joyau en termes d'événementiel » et du « must » pour ce qui est des retombées internationales - les retombées économiques cumulées ont été estimées à 249 millions d'euros - payer le droit d'accueillir la F1 est « coûteux ». Un coût qu'assurent les collectivités. « Et très peu l'Etat », pointe le directeur général qui y voit la difficile acceptation par l'opinion publique d'un événement automobile dans un contexte de lutte globale contre les émissions polluantes. « Pourtant, l'impact majeur provient des déplacements des spectateurs donc ce n'est pas plus polluant que d'autres sports », assure-t-il.

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L'accès au circuit depuis les grands axes du territoire est d'ailleurs un enjeu pour le Castellet. « Il manque un système de desserte du circuit, soit avec une bretelle d'accès depuis l'autoroute, soit une ligne de transport en commun, mais c'est long à mettre en place », avance Stéphane Clair. Une infrastructure qui ne dépend pas que du circuit. Pour son enceinte, le directeur général esquisse les grandes priorités à venir, alors qu'il va laisser sa place en fin d'année : « Poursuivre le développement de la production d'énergie renouvelable, nous allons multiplier par trois notre surface de panneaux photovoltaïques en deux ans. Créer des espaces événementiels autour de la piste. Développer l'aéroport pour répondre à une forte demande autour du stockages d'avions ». Autant de projets qui consolident le modèle du « Castellet ».

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