Croissance, levée de fonds... la stratégie du centre régional des ressources en drone pour conserver les entreprises dans le Sud

Structure privée, le centre basé dans le Var dispose de nombreux équipements pour la filière drone, dont un centre d'essai. Mais pour répondre encore davantage aux enjeux et besoins des entreprises du secteur, celui que l'on appelle aussi le C2RD recherche le financement nécessaire pour accompagner ses velléités de croissance, d'où une levée de fonds en cours.
(Crédits : C2RD)

« Stratégiquement, j'étais obligé de venir dans le Sud », assure Moustafa Kasbari. Docteur en microélectronique et ingénieur de formation, il est à la tête du centre régional de ressources des drones (C2RD) qu'il a fondé avec Cathy Wolosewicz en 2007 à Pourrières dans le Var. « Je voulais créer ma société de drone, c'était l'une des premières à l'époque et  je me suis rendu compte qu'il fallait créer un écosystème entier avec de la R&D, des services, de la formation, de l'import-export... », rembobine le dirigeant.

Un projet qui prend une tout autre tournure au détour d'un échange avec Serge Dassault. « Il m'a dit « mon petit, si tu veux te développer et être tranquille, il te faut un centre d'essai », j'ai donc commencé par cela », raconte Moustafa Kasbari. Au moment de se lancer, les critères pour choisir le lieu d'implantations sont « de l'espace, du soleil, être loin de tout, mais en même temps proche de grandes villes ». Cette liste de souhaits trouve donc son bonheur avec, une installation en Provence-Alpes-Côte d'Azur , à une trentaine de minutes d'Aix-en-Provence et Marseille d'un côté et de moins de deux heures de Nice, de l'autre côté.

Formations, domiciliations ou tests

Ce centre, privé, se « finance avec ses bénéfices », bien qu'il ait récemment reçu une aide de la Région Sud pour financer l'amélioration de certaines infrastructures. Il mise sur une approche que son responsable qualifie « d'intégrée », autrement dit il s'agit de vivre en autarcie en proposant sur place des équipes liées aux drones bien sûr, comme un bassin pour des tests hybrides (connexion maritime et aérienne), des aérobulles, une piste de 300 mètres, une zone de vol, mais aussi tout pour ne pas avoir besoin de quitter les lieux, ce qui signifie présence d'un hôtel,  derestauration et même piscine ou terrain de tennis. « Pour voler, il faut être loin de tout, donc il faut tout avoir sur place », explique Moustafa Kasbari. Pour ce qui est du modèle économique, C2RD offre plusieurs types de prestations. « Nous avons des séminaires, des formations, des entreprises domiciliées et des sociétés qui viennent ponctuellement pour des campagnes d'essais », expose-t-il. Au total, environ 130 entreprises y viennent chaque année.

Une formule qui semble plaire. Parmi ces différentes activités, aucune n'est vraiment prédominante. Moustafa Kasbari parle de « cycles », qui vont et viennent notamment à travers le temps. Car en plus de 15 ans, la filière a largement évolué, d'abord très confidentielle c'est autour du milieu des années 2010 qu'elle a vraiment décollé en France. « Au début nous n'avions que des venues ponctuelles de sociétés étrangères », se souvient-t-il. Ensuite il y a eu des campagne d'essai sur une durée moyenne et des grands groupes ont commencé à venir sur une longue durée. Chaque année, une douzaine d'entreprises viennent dans la pépinière alors que les domiciliations concernent six sociétés, la capacité d'accueil maximale.

Agrandir la capacité d'accueil

Aujourd'hui, la clientèle est majoritairement française. « Nous avons vu passer presque toutes les sociétés de drones car obtenir des autorisations de vol est compliqué », avance Moustafa Kasbari. Sûr de son modèle, le dirigeant a lancé un jumeau du C2RD en Nouvelle-Aquitaine en 2017 pour « répondre à une forte demande sur place » bien que le centre soit plus modeste que celui de Pourrières.

Dans le Var, C2RD compte 11 salariés et un chiffre d'affaires de 800.000 euros. Le centre souhaite maintenant s'agrandir. Une levée de fonds est actuellement en préparation afin de construire un centre d'affaires permettant de recevoir une dizaine d'entreprises supplémentaires et un hangar industriel. « Le but est de faire grossir les pépites qui viennent ici puis de les conserver sur le territoire », explique Moustafa Kasbari. Reste à trouver le financement d'environ six millions d'euros. Quatre millions d'euros supplémentaires seront nécessaires pour acquérir le domaine. Une étape stratégique pour C2RD.

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