Inalve double la mise. Après une première tranche de 2 millions d'euros conclue fin 2023, la bluetech basée à Nice vient de finaliser un tour de table complémentaire de 2,7 millions d'euros auprès des fonds Blue Forward Fund et PSIM, gérés respectivement par Seventure Partners et Bpifrance. Au total, l'entreprise spécialiste des microalgues sur biofilm à destination de l'aquaculture récolte 4,7 millions d'euros pour affiner son modèle de production et préparer son site pilote à échelle industrielle, ultime phase avant un déploiement pluriel qui vise à mailler de petits sites de production le marché des écloseries.

French Blue Tech Index

Il faut dire que la scale-up née en 2016 a des arguments pour convaincre. Lauréate du French Blue Tech Index, mis en place en décembre 2023 par le Cluster maritime français (CMF) pour mettre en lumière les 35 startups les plus prometteuses du secteur maritime, elle est à l'origine d'un procédé de culture de microalgues innovant, utilisant la propension naturelle de certaines espèces à s'associer et à croître en biofilm. En l'occurrence ici, sur des convoyeurs rotatifs. Ce système - breveté - se distingue des process traditionnels par un impact environnemental limité, notamment en termes de volumes d'eau nécessaires, considérablement réduits, et par le produit obtenu : des microalgues vivantes sous forme concentrée, très riches en nutriments.

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Virage vers les écloseries

A l'origine axée vers le marché des protéines, la jeune pousse a amorcé un virage stratégique en 2022 vers l'aquaculture, "un secteur clé pour nourrir le monde de demain sainement, durablement et en quantité suffisante sans détruire la planète", explique Véronique Raoul, sa dirigeante. Un secteur, qui plus est, en forte progression. Selon l'édition 2022 de La Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture de la FAO (Food and Agriculture Organization), la croissance de l'aquaculture a permis à la production halieutique et aquacole totale d'atteindre en 2020 un record absolu de 214 millions de tonnes, soit 178 millions de tonnes d'animaux aquatiques (dont la production est aujourd'hui supérieure de 30% à la moyenne observée dans les années 2000) et 36 millions de tonnes d'animaux aquatiques (dont la production est aujourd'hui supérieure de 30% à la moyenne observée dans les années 2000) et 36 millions de tonnes d'algues. Un secteur, enfin, dont le segment amont, l'écloserie, présente des besoins peu ou mal pourvus, notamment en termes de nourriture, au point que les producteurs de larves sont bien souvent obligés de produire leurs propres microalgues. « Nous venons répondre à ce problème en fournissant les écloseurs d'un produit dédié dont les caractéristiques nutritionnelles optimales accroissent notamment le taux de survie des larves ». Autrement dit, « Inalve sécurise leur logistique et augmente leur productivité ».

Dernière étape avant décollage

Les différentes preuves de marché et de production aujourd'hui réalisées, reste désormais à « affiner le modèle d'outil de production en veillant à l'équilibre Productivité / Coût de revient / Impact environnemental, qui sont les trois grilles de lecture de notre efficacité », rappelle la dirigeante. La levée permettra donc « de préparer la dernière étape du scale-up », poursuit-elle. L'entreprise qui entend doubler son effectif dans l'année en passant à près de 20 personnes, dispose actuellement d'un site à Nice, d'une surface totale de 1.000 m², capable de produire annuellement l'équivalent d'1 tonne de microalgues sèche (soit environ 5 tonnes de microalgues récoltées et commercialisées vivantes sous forme concentrée). L'objectif, dorénavant, consiste à passer à l'échelle supérieure, industriellement parlant, avec une capacité de production de 10 tonnes, histoire de démontrer la rentabilité du modèle économique, avant de déployer d'autres unités de production dont les capacités seront adaptées au besoin des marchés.

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Terrain agricole ?

En attendant, il s'agit de « trouver le terrain pour grandir ». De préférence dans le périmètre de la métropole Nice Côte d'Azur ou, à défaut, dans les communes alentours. Un périmètre où le moindre hectare de foncier fait naître une concurrence féroce entre les différents usages candidats du fait d'une géographie contrainte, entre mer et montagne. « Aujourd'hui, mon combat est de faire comprendre qu'Inalve est une activité agricole », avance Véronique Raoul. Une agriculture 2.0, hors sol, que l'administration a bien du mal à identifier et à placer sur les plans locaux d'urbanisme (PLU). « Nous sommes parfaitement adaptés aux terrains agricoles dits anthropisés, devenus impropres pour l'agriculture conventionnelle. Ce sont des terrains que l'homme a changés, bétonnés, voire pollués et sur lesquels nous pouvons bâtir notre activité et leur redonner une destination agricole », explique-t-elle, bâton de pèlerin à la main. « Sur ce sujet, il convient de faire évoluer les PLU rapidement. Sans cela, nous serons obligés de partir ailleurs ». Une problématique récurrente dans les Alpes-Maritimes, dont l'enjeu économique premier est de faire perdurer ses entreprises et ses industries qui ont des velléités de croissance en leur offrant des possibilités d'extension.