« La phase de recherche et développement est terminée, nous commercialisons Helio Waters depuis cet été », lance Thierry Carlin, président de Marine Tech. L'heure de confirmer les intérêts suscités autour de son produit pour la société installée à Six-Four-les-Plages dans le Var. Elle avait rapidement attiré l'attention notamment pour ses sphères qui par leur forme et envergure ressemblent à des vaisseaux extraterrestres ou une oeuvre d'art contemporain. La fonction interpelle aussi puisqu'il s'agit d'un outil autonome capable de produire de l'eau pure grâce à un système d'évaporation.
Si le concept est validé depuis plus d'un an, le passage à l'étape commerciale a demandé du temps... Et de l'argent. Pour y parvenir, Thierry Carlin lève en octobre 2022 un million d'euros en échange de 20% du capital. Helio Waters devient ainsi une entreprise à part entière, et plus seulement une marque, avec sa propre organisation. Elle reste toutefois encore détenue à 80% par Marine Tech, ce qui en fait une filiale de la société « historique ».
Avec ces fonds, « nous avons pu développer la commercialisation de l'activité et mettre en place une chaîne de production », expose le dirigeant. A La Seyne-sur-Mer, un démonstrateur a été installé pour pouvoir accueillir des clients et montrer le produit en phase d'utilisation. Pour ce qui est de l'assemblage, il se réalise à Six-Fours, mais les pièces sont conçues par des sous-traitants installés en Provence-Alpes-Côte d'Azur « à 80% » et en Auvergne pour les sphères. L'enjeu était d'avoir des fournisseurs capables de suivre une demande importante. « Actuellement, nous pouvons produire 300 sphères, mais nous sommes capables de monter à 1.000 sphères avec nos sous-traitants », avance Thierry Carlin.
Passer de 10 à 80% des revenus générés
Le dirigeant s'attend - et espère - un fort développement sur « ce sujet universel qu'est l'eau ». Aujourd'hui, une trentaine de sphères ont été vendues mais des discussions pour un peu plus d'une dizaine supplémentaires sont en cours. « Il faut encore signer les contrats, mais la demande se structure », ajoute, prudent, Thierry Carlin. Initialement, les clients visés sont plutôt des Etats, des collectivités ou des agence liées à des gouvernements, mais des demandes de particuliers arrivent également.
Cependant, la croissance attendue repose bien sur des acheteurs capables de faire du volume. Présent au CES Las Vegas, l'entrepreneur a eu des échanges avec certains acteurs importants à l'international. Si la prudence reste de mise, elle n'entache en rien les ambitions de l'entreprise mère et de sa filiale. Aujourd'hui, les sphères de Helio Waters représentent 10% du chiffre d'affaires de Marine Tech qui oscille entre 500.000 euros et un million d'euros. « D'après nos prévisions, la part d'Helio Waters va grimper à 80% avec des revenus globaux qui vont croître », chiffre Thierry Carlin.
La tendance du drone sous-marin
Pour la société varoise, qui emploie dix salariés, c'est l'activité des drones maritimes qui génère la part la plus importante, 70%, de ses revenus (les 20% restants proviennent de filets anti-pollution). Il faut dire que cette filière est particulièrement suivie par l'Etat depuis quelques années comme en témoigne la présence d'un volet « grand fonds marins » dans le plan d'investissement France 2030. Le terrain de jeu est large puisque la France possède le deuxième plus grand territoire maritime du monde.
« Un marché est en train de se mettre en place », constate Thierry Carlin. « Il y a des appels d'offres, des appels à manifestation d'intérêts, le gouvernement s'implique, la DGA aussi ainsi que des grands donneurs d'ordre comme Naval Group », liste-t-il. Marine Tech a ainsi participé fin 2022 à une démonstration pour la sécurité des prochains Jeux Olympiques. Plus récemment, elle a présenté son drone hybride capable d'aller à 6.000 mètres de profondeur dans le cadre de France 2030. Un drone - et ses spécificités - qui valent à Marine Tech d'avoir intégré le French Blue Tech Index. « Nous attendons un retour sur notre dossier, si nous sommes sélectionnés, c'est trois ans de travail assuré », glisse Thierry Carlin.
Marine Tech peut s'appuyer sur ses drones précédents - qu'elle commercialise déjà aux Émirats Arabes Unis - et concentre sa R&D sur le logiciel. L'enjeu est d'être capable de définir la position de l'appareil car les profondeurs ne permettent pas d'utiliser de GPS et il faut un système capable de suivre les déplacements du drone sans dériver. Sur ce volet, l'activité se situe encore au niveau de la R&D, grâce notamment à l'impulsion de l'Etat, qui se réalise avec des partenaires comme l'Ifremer ou le CNRS. Mais les perspectives commerciales sont déjà là : « C'est un marché de niche mais avec une très forte valeur ajoutée ».
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