C'est la première croissance externe pour Livmed's et l'illustration de sa volonté d'aller vite, très vite, pour s'imposer sur un marché qui se structure, celui de la livraison de médicaments, avec par extension, celui de la digitalisation des pharmacies. En effet, après deux levées de fonds d'un montant total de 7 millions d'euros, la jeune pousse implantée à Nice, qui n'a pas encore fêté son troisième anniversaire, vient de finaliser l'acquisition de Pharmanity.

Présentée comme "le Google des pharmacies de proximité", cette startup basée à Grenoble, née en 2013, accompagne les officines dans leur transformation numérique avec une solution référençant en temps réel la disponibilité des produits, présentés avec leurs prix, photo et posologie. Une base de données complète et alimentée au jour le jour, intégrée au sein de la plateforme Livmed's depuis l'été 2021, qui devient désormais "une brique maison différenciante permettant de compléter notre service, de faire gagner du temps aux pharmaciens et d'améliorer l'expérience utilisateur", explique Talel Hakimi, son dirigeant et co-fondateur.

Compétences et crédibilité

Outre l'apport de la technologie - et les 425.000 produits référencés en dix ans - le rachat de Pharmanity permet à Livmed's de se muscler, notamment en termes d'effectif. Une dizaine de personnes, essentiellement des développeurs, rejoignent ainsi la startup niçoise, et ce dans un contexte de marché en tension où ces compétences sont particulièrement prisées. Livmed's réunit désormais une soixantaine de personnes.

Surtout, "cette fusion améliore notre valorisation et crédibilise l'entreprise, souligne le dirigeant. Il s'agit aussi de démontrer qu'en dépit de notre jeune âge, nous savons nous adapter au marché, améliorer notre solution, mener à bien une croissance externe et incorporer de nouvelles équipes." Autant de "plus" à mettre au crédit de l'entreprise azuréenne qui s'engage dans un troisième tour de table - en série A cette fois-ci - qu'elle espère conclure d'ici à la fin 2023 afin de soutenir, notamment, ses premières incursions à l'export.

Lire aussiLivmed's prend de l'avance sur le marché de la livraison de médicaments

Dynamiques porteuses

Il faut dire que la crise de la Covid a joué un rôle dans la perception du marché, et des investisseurs, concernant le besoin de livraison de médicaments et de digitalisation des officines. Lesquelles s'inscrivent sur une dynamique haussière. Le fait, par exemple, que la sécurité sociale prenne en charge depuis janvier les frais de livraison pour les personnes en sortie d'hospitalisation, est un signe. La généralisation de la e-prescription programmée en avril en est un autre. Le timing semble bon. "Nous le voyons d'ailleurs avec les 55 mutuelles avec qui nous discutons. Quasiment tous les acteurs sont intéressés par le sujet. Après la prise en charge de la téléconsultation, nous venons compléter le parcours de soin à distance", avance Talel Hakimi. Lequel revendique un certain nombre - ou un nombre certain - de partenariats qui fait qu'à ce jour "70% des français peuvent bénéficier de la prise en charge des frais de livraison".

Bâton de pèlerin

Reste toutefois que Livmed's doit encore convaincre, bâton de pèlerin à la main. Présente dans 200 villes hexagonales, la plateforme, qui ne communique pas sur son chiffre d'affaires, compte 1.900 officines partenaires. Elle en vise 4.000 d'ici à la fin de l'exercice en cours. Sur un total de 21.000. "Beaucoup, surtout dans les zones rurales, ne sont pas ouvertes au digital. Il y a encore la crainte de la data. C'est notre mission de les accompagner en ce sens pour faciliter l'accès au soin au grand public." Et, si possible de manière accélérée, avant l'arrivée pressentie par le dirigeant d'une nouvelle vague de startups, plus internationales dit-il, sur ce marché qui gagne en attractivité.