LA TRIBUNE- Le président de la République a annoncé hier le lancement d'un fonds d'investissement dédié à l'IA, dont les contours ne sont pas connus. Après France 2030 et les financements annoncés l'an dernier à la veille de Vivatech, cela signifie qu'il faut renforcer ce qui existe déjà ?
BRUNO BONNELL - L'annonce faite par le Président de la République hier est de dire que l'intelligence artificielle devient un élément clé, un élément que nous prenons également en compte dans la sélection des dossiers de France 2030. Nous avons déjà investi 2 milliards d'euros dans l'intelligence artificielle et nous voulons doubler cette enveloppe, c'est-à-dire investir 4 milliards d'euros d'ici la fin du Plan. Et dans ce cadre-là, est prévu la création d'un fonds d'investissement dans lequel l'Etat investira à hauteur de 25%. C'est cette dynamique qui a été annoncée par le Président de la République.
Le financement demeure donc, de fait, le nerf de la guerre...
Le financement, dans les domaines qui nous intéressent, par rapport à ce que nous observons en Asie ou aux Etats-Unis, est critique. En revanche, cela doit être du financement public associé à du financement privé. Que ce même financement public ne soit pas que français, mais qu'il soit européen. Aujourd'hui, les enjeux d'IA sont des enjeux continentaux. Car ce sont des modes de vie, des qualités de vie, des manières de voir la société civile... Avec d'un côté les Etats-Unis - où existe une sorte de liberté parfois liberticide - et de l'autre côté la Chine - où existe une démocratie toute relative - l'Europe a sa voie à jouer avec des intelligences artificielles qui soient vertueuses, transparentes, éthiques.
Les grands rendez-vous tels que Vivatech sont une façon de valoriser les expertises françaises comme internationales. Quelle place la France peut-elle prendre sur l'échiquier européen et sur l'échiquier mondial ?
La France soutient ses innovateurs et c'est quasiment le seul pays européen à le faire à cette échelle : 54 milliards d'euros, 4.000 bénéficiaires... Dans certains domaines d'expertises - comme l'IA plutôt software - en hardware, nous ne sommes pas dans le pare - nous sommes vraiment en pointe, et cela grâce à notre école de mathématique, qui est forte, et parce que cela fait très longtemps que nous travaillons sur l'IA. Nous pouvons avoir des atouts. La question désormais va être de pouvoir amplifier la taille de ces entreprises. Pour cela nous allons avoir besoin de l'Etat, certes, mais aussi des investisseurs privés.
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