Un an après son plan Or Bleu, la Région Sud veut faire encore mieux avec moins d'eau

Un peu plus d'un an après avoir lancé son plan Or Bleu pour améliorer la gestion de l'eau, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur met petit à petit en oeuvre des outils pour inciter les différents acteurs à agir sur le sujet.
(Crédits : DR)

En un an, le sujet de la gestion de l'eau ne fait presque plus parler de lui. Il faut dire que le contexte est moins tendu sur cette ressource. « L'année est exceptionnellement bonne », souligne Bénédicte Martin, vice-présidente de la Région Sud chargée de l'Agriculture, la Viticulture, la Ruralité et du Terroir. En 2022, les ressources dites stockées - c'est-à-dire lier aux aménagements - et locales - les nappes et rivières - était en situation critique. En 2023, la deuxième catégorie était sous tension. La situation avait débouché l'été dernier à des « états régionaux de l'eau », quelques mois après la présentation « plan Or Bleu ». Une terminologie qui traduit la rareté et la richesse que représente désormais l'eau.

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« Notre plan est pensé pour une longue durée, il intègre les changements liés au dérèglement climatique », explique Bénédicte Martin pour souligner qu'il ne faut pas se laisser griser par la situation actuelle. « Avoir une année sereine permet à tous les acteurs de discuter et de travailler sereinement », ajoute-t-elle. Pour la Région Sud, l'équation est complexe car la collectivité n'a pas directement la compétence de l'eau, hormis une mission d'animation et de coordination en matière de gestion . « Nous nous occupons de l'économie, donc cela comprend l'hydro-agricole notamment financé par le fonds européen Feder », défend Bénédicte Martin qui évoque aussi le volet biodiversité.

Faire mieux avec moins

C'est donc assez logique que la Région mise sur le volet agricole. Ce dernier représente les deux tiers des prélèvements en eau, mais seulement 20% de la consommation « car avec l'arrosage, l'eau retombe dans la terre » et est donc rendue au sol. L'eau potable représente la moitié de la consommation, le reste étant sur les autres usages (industrie, tourisme...). Pour maintenir une agriculture viable, « il faut de l'eau », résume la vice-présidente qui veut « faire mieux avec moins de ressources ». La Région met notamment en avant les 20 millions de mètres cubes économisés entre 2014 et 2022, soit avant l'instauration de son plan eau. Des gains liés aux innovations technologiques et d'ingénierie évoquées lors des états généraux de l'eau en juin comme le goutte-à-goutte et des dispositifs pour connecter les plants afin de connaître la quantité d'eau à utiliser ou l'état de la terre.

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L'ambition est d'économiser 111 millions de mètres cubes d'ici 2038 alors que 40.000 hectares supplémentaires devront être irrigués. Les projets en cours pour y parvenir cumulent 792 millions d'euros d'investissements, largement portés par la Société du Canal de Provence (SCP) et les syndicats d'irrigation. L'idée est de déployer les solutions précédemment citées qui ont commencé à germer sur les différentes cultures régionales. « Il y a encore de la marge de manoeuvre », promet Bénédicte Martin.

Quid des fuites ?

Au-delà des actions sur l'agriculture, le grand enjeu pour la préservation de l'eau concerne l'eau potable avec notamment les fuites sur les réseaux. Dans la région, les pertes liées à des canalisations défaillantes en sous-sol atteignent 30 à 70% indiquait Renaud Muselier, le président de la Région Sud, l'été dernier. Des chantiers coûteux et qui ne se voient pas vraiment. Depuis, la Région a voté en décembre un dispositif d'aide, co-financé avec l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée-Corse, pour inciter les travaux sur les réseaux. Suffisant ? Difficile à dire, bien que Bénédicte Martin assure que les différentes collectivités ont conscience de l'enjeu.

Pour ce qui est de la réutilisation des eaux usées, pour l'arrosage ou le nettoyage de la voirie, une étude du SCP et de l'université Aix-Marseille est en cours pour définir le potentiel de la région. L'objectif est lui d'ors et déjà fixé : atteindre un taux de réutilisation de 10%. Pour l'instant, la pratique n'est qu'au stade de l'expérimentation comme dans les Alpilles, mais les tests font naître de nombreux espoirs. Dans la métropole Nice Côte d'Azur, le grand projet de transformation de la station d'épuration Haliotis II, porté par Vinci, vise une réutilisation à grande échelle.

L'étude sur le potentiel régional est, elle, attendue pour 2025, « ensuite nous réaliserons des appels à projet pour créer un effet incitatif », avance Bénédicte Martin. Inciter est finalement le levier majeur. La collectivité s'est dotée d'un générateur d'eau atmosphérique mobile qui doit être testé cet été sur tout le territoire.

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Commentaire 1
à écrit le 22/05/2024 à 16:28
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Je suis tjrs étonné des politiques qui pensent être au niveau des difficultés. En l'occurrence NON seul les acteurs non politiques heureusement ont acte le problème et chacun à fait les efforts pour que notre région passe au mieux les périodes de séc...

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