Face au défi de l'eau, la Région Sud mise sur l’innovation

Réutilisation des eaux usées, limiter les fuites sur les réseaux… Les acteurs de l’eau se sont réunis lors d’états régionaux pour avancer leurs solutions face à la raréfaction de cette ressource. Tous misent sur la technologie et la réduction du gaspillage.
(Crédits : Hélène Photographie)

Les épisodes de sécheresses qui arrivent de plus en plus tôt rendent la question légitime : la guerre de l'eau aura-t-elle lieu ? « Non », répond avec optimisme Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. En évoquant l'oeuvre de Marcel Pagnol, il note « qu'il n'y a jamais eu d'eau sur ce territoire et pourtant l'intelligence humaine a trouvé des solutions ». Le ton est donné. Pour parvenir, une nouvelle fois à relever ce défi, la collectivité a organisé des états régionaux. Un moyen de réunir les grands acteurs travaillant autour de l'eau, un peu plus d'un mois après la présentation du « plan eau » d'Emmanuel Macron sur les rives du lac de Serre-Ponçon.

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« C'est le fruit d'un long travail qui tient compte de ce qui s'est passé dans chacun des départements, des annonces du président et de ce que nous sommes allés voir dans d'autres pays étrangers », explique Renaud Muselier. De Veolia au Canal de Provence en passant par le conseil mondial de l'eau ou encore le parc national du Verdon, tous estiment qu'il ne faut pas laisser la place au pessimisme et que des solutions existent. « La rareté de l'eau inquiète, mais d'autres pays ont été touchés avant nous et ont développé des solutions que les entreprises maîtrisent », avance Antoine Frérot, président du conseil d'administration de Veolia.

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Des sites identifiés dans le Var

L'une des grandes ambitions pour les années à venir concerne la réutilisation des eaux usées. Un accord entre Suez, Veolia, la société du Canal de Provence et Aix-Marseille Université ambitionne de passer à 10 % de réutilisation, soit environ 50 millions de m³. Plusieurs lieux dans le Var sont d'ores et déjà identifiés. « La dépollution est deux fois plus chère qu'avec de l'eau de rivière, mais deux fois moins qu'avec de l'eau de mer », avance Antoine Frérot qui évoque un processus qui n'est pas très compliqué à mettre en œuvre.

Dans un premier temps, il s'agira d'utiliser cette eau pour arroser des plantes ou nettoyer. A plus long terme, elle pourrait même être bue, à condition que les autorités administratives l'autorisent, comme c'est le cas en Espagne ou Israël. Un partenariat entre la société du Canal de Provence et la société des eaux d'Israël a d'ailleurs récemment été signé. « La totalité de l'eau de Tel-Aviv est retraitée notamment avec une technologie mise en place par Veolia et Suez. Ce qui est intéressant c'est d'associer le distributeur et le concepteur », explique Renaud Muselier.

S'appuyer sur l'innovation pour économiser l'eau, c'est aussi le discours d'André Bernard, président de la chambre régionale d'agriculture. « Nous pouvons le faire avec les technologies, elles existent déjà », note-t-il évoquant notamment le goutte-à-goutte. Il existe également des dispositifs pour connecter les plants afin de connaître la quantité d'eau à utiliser ou l'état de la terre. Des dispositifs qui peuvent parfois être soutenus financièrement par les collectivités, comme l'a rappelé Dominique Santoni la présidente du Département du Vaucluse. « Je vais prendre très vite rendez-vous avec vous », lui répond André Bernard.

Lutter contre les fuites sur le réseau

L'aspect financier est bien évidemment un élément majeur de cette évolution sur la gestion de l'eau. Sur ce sujet, 3,5 milliards d'euros d'investissements sont prévus d'ici 2028, une enveloppe globale qui prend en compte tous les acteurs comme l'agence de l'eau (2,5 milliards d'euros) ou les chambres d'agricultures. Ces financements visent à changer les usages et pratiques, à commencer par le gaspillage. « Il faut lutter contre les fuites », illustre Renaud Muselier.

Dans la région, les pertes liées à des canalisations défaillantes en sous-sol atteignent « 30 à 70 % » du débit. L'objectif est de descendre en dessous de 10 %, ce qui nécessite des investissements « qui ne se voient pas forcément » sur les réseaux. Le sujet n'est pas nouveau. Du côté de la société du Canal de Provence, la présidente Fabienne Joly assure que « 30 % du chiffre d'affaires est investi dans la rénovation des canaux ». Certains opérateurs utilisent des capteurs pour mieux réparer ces fuites, c'est le cas de la société des Eaux de Marseille.

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Si elle n'a pas la compétence directement sur l'eau, la Région prévoit une enveloppe de 10 millions d'euros pour équiper ses lycées, dont elle a la charge, de différents matériels pour réaliser des économies d'eau à commencer par des récupérateurs de pluie. Autant de solutions pour essayer de ne pas devoir cesser certaines activités.

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Commentaire 1
à écrit le 09/06/2023 à 10:39
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"la région sud " n'existe pas !!! soit il s'agit du sud du pays soit il s'agit des régions paca , Occitanie et une partie d'Auvergne Rhône Alpes et Nouvelle aquitaine

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