Dans le Sud, entre contexte économique et turn over, des besoins de recrutement sont toujours là

Le nombre d’entreprises prévoyant une augmentation de leurs effectifs pour les prochains mois reste stable dans le Sud, dit le baromètre Manpower. Mais pour le directeur régional du numéro trois mondial du recrutement, l’enjeu est surtout de faire face à un fort turn over.
(Crédits : DR)

« En allant dans la zone d'Aix-Les-Milles, on peut remarquer des entreprises mettre des banderoles « ici on recrute », c'est quelque chose d'impensable auparavant », raconte Christophe Louineau. Le directeur régional de Manpower en Provence-Alpes-Côte d'Azur suit de près, fonction oblige, le marché du recrutement. Les cas d'entreprises qui peinent à pourvoir des postes sont régulièrement mis en avant. Et d'après le baromètre de numéro trois mondial du recrutement, que La Tribune révèle en exclusivité, les besoins sont toujours là puisque « 35% des entreprises en Provence-Alpes-Côte d'Azur anticipent une hausse de leurs effectifs sur la période d'avril à juin 2024 ».

Un taux qui se réduit petit à petit par rapport au dernier trimestre (36%) ou l'an dernier (38%). Pour Christophe Louineau, cela s'explique par le contexte économique avec la hausse des coûts des matières premières notamment. « Les entreprises veulent maintenir leur trésorerie et leur marge, pour y parvenir il faut acheter au meilleur prix et jouer sur la masse salariale », note-t-il pointant également pour certaines des « carnets de commandes qui baissent ». Malgré cette tendance « légèrement baissière » la dynamique est bonne puisque seuls la Corse et le Pays de la Loire font un score plus élevé, tandis qu'Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France et Bourgogne-Franche-Comté sont également à 35%.

Un fort turn-over 

« Les secteurs dynamiques en Provence Alpes Côte d'Azur sont l'aide à la personne, l'hôtel restauration et les transports, que ce soit de personnes mais aussi de marchandises y compris autour des métiers de la logistique », détaille Christophe Louineau. En toute logique, il s'agit de secteurs d'activités que les différentes analyses et enquêtes économiques désignent comme dans une bonne dynamique.

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Voilà donc pour le côté pile du marché de l'emploi. Côté face, « 13% des entreprises interrogées anticipent une diminution de leurs effectifs », indique l'étude. Ce qui au classement de la prévision nette d'emploi, c'est-à-dire les hausses attendues d'effectifs auxquelles sont soustraites les baisses envisagées, Provence-Alpes-Côte d'Azur n'est que la sixième région. Certains pans du secteur de la construction sont plus en retrait, notamment les travaux publics qui « souffrent du manque de commandes » des collectivités. « Avec les critères du développement durable, certaines entreprises de gros œuvre se tournent vers le second oeuvre » ajoute Christophe Louineau.

Le directeur régional de Manpower, qui s'occupe également des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, pointe un autre phénomène particulièrement présent en Provence-Alpes-Côte d'Azur : « Le turnover ». Une rotation des effectifs qui impacte la productivité.

Un coût de la vie élevé

Une instabilité liée aux employés ou aux employeurs ? « Les deux », sourit-il. Du côté des salariés, « nous avons constaté pendant le Covid que des personnes qui travaillaient dans l'hôtellerie et café restaurant ont suivi des formations et se sont tournées vers d'autres métiers », explique Christophe Louineau qui évoque « une demande colossale des besoins d'embauche alors que le bouche à oreilles suffisait auparavant ».

Face aux difficultés à recruter et pour conserver ses talents, les « employeurs sont condamnés à travailler leur marque employeur » juge Christophe Louineau. Réputation, conditions de travail, note Google ou encore possibilité de flex office et télétravail sont des éléments essentiels.

« La région a une forte attractivité, mais l'une de ses particularités est aussi que le coût de la vie peut être élevé », complète le directeur. Il appelle les employeurs à penser à des dispositifs complets « qui prennent en compte tous les éléments comme le logement, la mobilité, la garde d'enfant, le suivi du conjoint... ». Une approche globale nécessaire pour « capter les talents et faire de la rétention ». Un travail essentiel estime Christophe Louineau qui est sur « du temps long ». Les besoins de recrutement sont, eux, déjà là.

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