« Une partie de la réindustrialisation de la France va se jouer à Marseille » (Sabrina Agresti-Roubache)

Alors que les projets d’industrie décarbonée choisissent Marseille et le périmètre de son Grand Port Maritime, le Plan Marseille en Grand donne l’opportunité à la première métropole de France d’entrer de plain-pied dans une nouvelle ère, où il n’est pas question, dit la ministre de la Ville et de la Citoyenneté, de rattraper un quelconque retard mais bien de prendre de l’avance. Une accélération qui sert évidemment le territoire, mais aussi la France alors que les enjeux d’attractivité se jouent (beaucoup) en Méditerranée.
(Crédits : DR)

Transformer le potentiel évident, palpable, en réalité économique c'est certainement l'un de challenges prioritaires que la métropole Aix-Marseille doit relever et remporter. Le constat est partagé par tous les acteurs économiques. Reste à trouver la méthode.

Car tout est là, de la position géostratégique - principalement de son Grand Port Maritime - à la présence de grands groupes et ETI familiales, d'un fort écosystème de l'innovation et d'une richesse en termes de laboratoires et unités de recherche.

Les paroles et les actes

Un potentiel qu'on ne saurait gâcher et c'est précisément le discours porté par la ministre de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, qui tient désormais fermement les rênes du Plan Marseille en Grand. C'est même ce qu'elle est venue dire très clairement aux acteurs économiques le 24 novembre dernier. Martelant que « l'on ne pouvait plus faire comme avant : annoncer des millions et des milliards sans que les Marseillais en voient la couleur » et que « des projets engagés, ne signifiait pas des projets achevés ni même des projets avançant au bon rythme ». Une sorte de rappel à l'ordre doublé d'un coup d'éperon pour bien faire entendre que la cadence devrait être plus soutenue, plus structurée et sans « chicayas » qui puisse avoir un effet retardateur ou limitateur.

C'est ce même discours que la ministre de la Ville a également tenu (en vidéo) lors de la conclusion du Forum Zéro Carbone organisé par La Tribune, le 11 décembre dernier à Marseille. Dressant, en quelques données comparatives, un portrait du territoire tel qu'il est mais tel qu'il n'est pas toujours perçu, y compris par ses habitants eux-mêmes. « Marseille, c'est deux fois et demi la superficie de Paris, deux fois la population de Lyon, c'est le quartier le plus pauvre d'Europe, Saint-Mouron, où je suis née. C'est la plus ancienne chambre de commerce et d'industrie de France, c'est la plus grande université francophone du monde. C'est le premier port de commerce de France et la moitié de sa population a moins de 30 ans ».

Prendre de l'avance

Une Marseille et une métropole qui sont bel et bien à l'orée d'une nouvelle ère, où il faut voir grand. Sabrina Agresti-Roubache de rappeler que Marseille, encore une fois, ne fait rien comme les autres, puisqu'elle seule peut se targuer d'avoir suscité l'intérêt particulier de l'Etat, qui pour « la première fois se penche, avec une telle ampleur, au chevet d'une ville ».

Mais donc il faut accélérer pour prendre la longueur d'avance qui va servir le développement économique d'Aix-Marseille et avec elle, celui de la France. « La philosophie du Plan Marseille en Grand ce n'est pas de rattraper un retard que Marseille aurait pris, au fil du temps, mais de lui faire prendre de l'avance, et pas uniquement en nombre d'étoiles sur un maillot de football ».

Lors de sa venue en novembre dernier, la ministre avait déjà annoncé l'aide additionnelle de 240 millions d'euros pour l'AP-HM afin de lui assurer le financement nécessaire au développement de ses projets. La santé est une filière particulièrement nourrie et contributrice de la croissance du territoire. Déjà très structurée, elle doit en effet passer un cran supérieur pour conserver sa place de leader et conserver Aix-Marseille parmi les métropoles plus attractives de ce point de vue.

Le logement et la mobilité sont - clairement - les deux autres sujets qui concentrent toute l'attention de Marseille en Grand. Le Plan, est là encore, ambitieux, mais il est à la hauteur des enjeux, en consacrant 2,5 milliards d'euros au premier (dont 650 millions d'euros de subventions ANRU) et 500 millions d'euros de subventions au second, soit le double de ce qui avait été préalablement envisagé (256 millions d'euros, NDLR).

Il y a aussi cette maison des femmes qui verra le jour en début d'année 2024, un « projet exemplaire qui me tenait particulièrement à cœur auquel j'ai participé en tant que conseillère régionale », souligne Sabrina Agresti-Roubache en clôture du Forum Zéro Carbone.

Marseille, contributrice de la réindustrialisation française

Mais la métropole, qui a été iCapitale de l'innovation en 2023, possède un levier aussi stratégique que complet, qui s'appelle le Grand Port Maritime de Marseille-Fos. Un port qui a préparé son avenir en travaillant un foncier, aujourd'hui disponible, pour accueillir des projets ambitieux et disruptifs, à l'image de Carbon, GravitHy ou H2V. « Il faut continuer la décarbonation des activités de la zone industrielle de Fos. Nous allons accélérer les liaisons avec l'hinterland par la route, par le rail et par le fluvial », appuie Sabrina Agresti-Roubache. Le rail et le fluvial qui ont longtemps été des solutions même pas envisagées.

« Une partie de la réindustrialisation de notre région et de notre pays va se jouer ici ». Comprendre, Aix-Marseille et le GPMM sont les forces différenciantes qui contribuent à la compétitivité de la France dans un bassin méditerranéen qui concentre de nombreux projets de croissance, dont l'Afrique, le continent qui compte plus que jamais.

Marseille en Grand sert de laboratoire, c'est le Président lui-même qui l'a indiqué dans ses premiers mots sur ce Plan exceptionnel par son envergure et son objectif. « La ville de demain devra être à l'image de ce Plan, adapté à la vie quotidienne, autour des transports, du logement, de l'éducation. Mais aussi organisé pour répondre à deux défis majeurs de notre pays, la transition écologique et la réindustrialisation », confirme la ministre de la Ville. Ce qui place Marseille en territoire exemplaire, en leader à l'échelle européenne. Pas qu'en football, donc.

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Commentaires 2
à écrit le 14/12/2023 à 18:31
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Marseille un grand port .... oui il y avait mais il y a longtemps pour redevenir un grand port .... il va falloir se mettre au travail bien au delà des 35 heures et surtout ne pas faire grève et être compétitif financièrement ....

à écrit le 14/12/2023 à 7:24
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rappel bien nécessaire: cela fait des décades que les belles promesses poussent sans résultat concret a Marseille. Le dernier épisode avec reprise en main par Paris du plan Marseille en grand faute d'action des " responsables sur place " en est le de...

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