IA, Campus Cyber, export.. les sujets très tech de risingSUD

ENTRETIEN - Présente au CES, l’agence d’attractivité et de développement économique de la Région Sud a certes encouragé les startups sélectionnées, mais elle est aussi venue humer l’air des tendances technologiques, l’édition 2024 étant très axée IA. L’intelligence artificielle qui est, avec la cybersécurité, des sujets de structuration. Et Bernard Kleynhoff, le président de risingSUD de confirmer la prochaine naissance d’un Cyber Campus régional. Un outil ultra stratégique pour le territoire – évidemment en termes d’attractivité – mais surtout pour les petites et moyennes entreprises souvent dépourvues sur le sujet.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Quel regard portez-vous sur cette édition 2024, par rapport aux précédents CES ?

BERNARD KLEYNHOFF - La fréquentation était moindre que les éditions précédentes. Sur l'ensemble business, par le passé, 300 entreprises participaient, cette année elles étaient 150 entreprises. Mais l'intérêt quand le nombre de visiteurs est moindre, c'est que les contacts sont de meilleure qualité, puisque les exposants et les visiteurs présents sont ceux qui sont réellement motivés et qui ont bien l'intention de capitaliser sur ce CES soit en faisant du business, soit en nouant des liens par exemple avec de nouveaux investisseurs, soit en trouvant des chaînons manquants dans leur chaîne de production. Donc on perd en volume et en quantité mais on gagne en efficacité quand il y a moins de monde.

Business France et son directeur général, Laurent Saint-Martin ont été très présents auprès de la délégation menée par la Région Sud et risingSUD. Ces liens resserrés aident aussi les entreprises désireuses de s'exporter ?

La Région et risingSud travaillent très bien avec Business France. Et cela sur de nombreux sujets, que ce soit l'attractivité des missions à l'étranger, la Team France Export ou la Team France Invest. Cela se matérialise et se vérifie aussi par une proximité très grande entre Laurent Saint-Martin et le président Renaud Muselier et une amitié qui me lie avec Laurent Saint-Martin, ce qui nous facilite les choses.

Dans le discours que vous avez adressé aux startups la veille de l'ouverture du CES, vous les avez enjoints à se comporter aussi comme des visiteurs et pas uniquement comme des exposants.

C'est d'abord l'occasion de rencontrer d'autres Français. Le CES crée des moments de rencontres privilégiées, avec une démarche de se rencontrer, d'échanger, bien plus qu'on ne peut le faire dans le contexte plus formel d'un bureau. C'est la possibilité aussi de voir comment se comporte le marché qui est le sien, dans d'autres territoires, dans d'autres pays. Cela peut donner des idées pour faire évoluer un produit, imaginer d'autres canaux de commercialisation. Il est donc important que les exposants se comportent aussi en visiteurs. Mais en étant aussi particulièrement vigilants avec les personnes rencontrées, de façon à éviter les mauvaises surprises. Les Asiatiques étaient nombreux. De tout temps, certains visiteurs ont un intérêt différent de ce que l'on peut imaginer. Parfois une discussion démarrée de façon anodine dévoile au fur et à mesure les connaissances pointues des interlocuteurs venus approcher les startups présentes à l'Eureka Park. Tout cela fait partie des éléments de préparation et de coaching apportés aux startups avant le début de la mission. Ces jeunes entreprises n'ont pas le temps de faire de la fantaisie lorsqu'elles sont sur le CES. Le CES est un investissement important pour elles, même si nous les aidons financièrement. Donc il faut capitaliser au maximum.

Plusieurs secteurs étaient représentés dans la délégation régionale. Le CES était, lui, très axé IA. Or l'IA est transverse et intéresse tous les domaines... Comment structurer davantage l'écosystème existant ?

Dans des salons professionnels, tels que le CES, l'approche sur l'IA est un peu particulière. L'IA dont on parle au quotidien, celle sur laquelle tout le monde veut être informé, est exclusivement de l'IA générative. Dans nos logiciels, dans nos appareils, dans nos procédés de fabrication, nous embarquons de l'IA depuis longtemps. L'IA générative c'est la révolution, nombreux sont ceux qui imaginent que nous allons perdre nos emplois, que les machines vont remplacer l'humain, que la machine prendra la décision sur tout. Or, ce n'est pas cela du tout qu'il va se passer car, y compris avec l'IA générative, la valeur ajoutée réelle c'est quand l'humain reprend la main et la décision. Nous travaillons sur tous ces sujets avec la Région, nous présenterons prochainement une feuille de route, où de vrais enjeux seront posés, comme la vulgarisation de l'IA, y compris la générative, sur l'éthique et sur des sujets du quotidien : comment l'intelligence artificielle va nous aider à rendre les services publics plus efficients, moins compliqués, à la portée de tous pour que les interfaces soient les plus simples et accessibles pour tous. Tout cela sont de vrais sujets qui vont bien au-delà de tous les éléments fantasmagoriques que l'on rattache souvent à l'IA.

Cela nous mène à évoquer la cybersécurité, un sujet, une préoccupation qui impacte toutes les entreprises, les collectivités aussi. Où en est le projet de Campus Cyber ?

Nous avions annoncé une préfiguration - avec ateliers et restitutions. Ce que nous avons mené. Nous avons également défini la forme de notre campus cyber, qui ne peut pas être identique au Campus Cyber national puisque c'est un lieu totem qui héberge des entreprises. Notre Campus Cyber sera donc essentiellement un outil d'accompagnement via une plateforme qui va permettre le contact quotidien et de continuer de piloter ce travail en équipe puisque nous y avons associé quasiment toutes les entreprises du territoire qui ont leur mot à dire sur des sujets de cyber. Parallèlement, nous allons labelliser des lieux - comme cela avait été annoncé de longue date -Campus Cyber régional et dans lesquels se retrouveront à la fois des spécialistes de certains sujets, des espaces de coworking. On pourra y animer également des conférences sur des thèmes spécifiques. Je rappelle que notre objectif en matière de cybersécurité est double. Il est à la fois de faire en sorte que les TPE, PME et les petites intercommunalités puissent être protégées et que notre filière cyber régionale - qui comporte certaines pépites appelées à devenir des acteurs de pointe - puissent grandir. En même temps, nous souhaitons développer des outils sur la remédiation qui permettront au CSIRT - le centre urgence cyber région Sud d'ores et déjà opérationnel -de fournir aux entités victimes d'une attaque, une liste d'entreprises pouvant les aider en remédiation dans des conditions financières supportables par les petites entreprises. En parallèle, nous imaginons, par exemple, des outils d'auto-évaluation de sa protection cyber, sachant que le 100% - c'est-à-dire le risque zéro - n'existe pas.

Nous avons déposé notre dossier Cyber Campus régional auprès du Cyber Campus national. Deux lieux - les candidatures sont actuellement en phase terminale - devraient être labellisés, l'un à Sophia-Antipolis, l'autre à Marseille. Nous devrions en avoir très vite deux autres - actuellement en préparation - un étant porté par l'Ecole de l'Air et de l'Espace et l'autre, situé à Toulon. Nous devrions donc avoir rapidement quatre lieux, présents dans les espaces densément peuplés d'entreprises. Cela ne nous empêchera pas d'y rattacher des territoires plus éloignés et moins structurés mais pas moins touchés par les problématiques de cybersécurité. Comme je le dis souvent, il est hors de question de laisser des personnes sur le bord de la route, y compris en matière cyber.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.