A Marseille, la ZFE devient (aussi) un problème financier

En place depuis un peu plus d'un an à Marseille, la zone faible émission va s'étendre à la vignette crit'air 3, ce qui concerne 300.000 véhicules sur le périmètre de la métropole, selon une étude de BNP Paribas. Pour les particuliers et les entreprises qui vont devoir s'adapter, cela représente un casse-tête financier.
(Crédits : DR)

Le sujet des zones à faible émission (ZFE) commence à prendre des airs de marronniers à mesure que les contraintes s'étendent. Ces restrictions progressives pour les véhicules les plus polluants ont beau concerner de plus en plus de monde, elles ne sont pas toujours prises en compte. « Plus de 40% des habitants de Provence-Alpes-Côte d'Azur ne sont pas au courant que le dispositif existe ou qu'ils sont concernés », s'étonne Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem, s'appuyant sur l'une de ses études menées en juillet dernier. Sur le territoire régional, Marseille, Toulon et Nice ont ou vont être dotés d'une ZFE.

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Mais c'est bien sur la plus grande ville de la région et la deuxième ville de France que BNP Paribas a réalisé une étude consacrée à l'impact de la ZFE. « Pas pour des raisons politiques ou parce que la situation est particulière ici, mais simplement car c'est un territoire important pour nous », assure Pierre Veyres, directeur de la région Sud-Est de la banque. Si la ZFE marseillaise, qui s'étend sur 19,5 kilomètres dans le centre de la ville, est effective depuis septembre 2022 pour les crit'air 4 et 5, elle va franchir l'année prochaine un nouveau cap. « A partir de septembre 2024, elle va concerner les vignettes crit'air 3 (les diesel produits avant 2011 et essence avant 2006 NDLR), soit 317.000 véhicules », avance Christophe Michaëli, directeur du marché de la mobilité de l'établissement bancaire. Un chiffre qui correspond à 31% du 1,03 million de véhicules immatriculés en 2023 sur le territoire de la métropole Aix-Marseille.

Un champ d'étude large, la métropole s'étendant sur presque tout le département des Bouches-du-Rhône, ce qui gomme la situation particulière à Marseille. Le diagnostic de BNP Paribas montre bien la singularité de la Cité phocéenne. « Nous constatons une hyper concentration de ces véhicules dans les quartiers du nord-ouest de la ville qui ont comme caractéristiques de réunir des ménages avec des revenus modestes, d'être moins bien desservis en transport en commun et d'avoir un kilométrage moyen élevé », précise d'ailleurs Christophe Michaëli. En clair, l'usage de la voiture pour ces habitants « n'est pas un choix ». Un constat qui n'est pas vraiment surprenant puisque le périmètre pointé n'est autre que ce qui est communément appelé les quartiers nord. Si l'on se concentre sur la cité phocéenne intra-muros, le nombre de véhicules interdits de ZFE atteint 135.791 d'après La Provence (qui appartient au même groupe que La Tribune).

Une fois le constat fait, il reste à trouver la solution. « La voiture est aujourd'hui un produit de luxe », pointe Flavien Neuvy. A l'image du logement, le prix d'un véhicule a bien plus augmenté que le revenu médian et le passage à l'électrique représente un surcoût supplémentaire. Alors que le leasing social annoncé par le gouvernement ne devrait pas concerner plus de 20.000 voitures l'année prochaine, le recours à des crédits semble inévitable pour de nombreux foyers.

Un double problème pour les transporteurs

Une pression financière qui concerne bien sûr les particuliers, mais aussi les professionnels. Sur les 102.000 utilitaires légers de la métropole, un tiers sont de crit'air 3 ou plus. Pour ce qui est des camions dédiés aux livraisons dites du dernier kilomètre, aucun chiffre n'est donné sur le volume concerné mais passer d'un modèle diesel à électrique coûte trois fois plus cher d'après BNP Paribas. La ZFE de Marseille étant permanente et pas seulement sur certains créneaux, contrairement à Paris, l'adaptation est obligatoire. « Pour les transporteurs cela pose deux problèmes : celui de l'exploitation et du financement », expose Arnaud Villeger, directeur transition énergétique BNP Paribas Artégy, la filiale de location de véhicules industriels.

Pour les entreprises qui doivent gérer une flotte, « elles intègrent l'impact de la ZFE et ont envie de changer leurs véhicules » estime Barbara Blanc, directrice partenariats d'Arval France, la société de location de véhicules d'entreprise. « Le coût que cela engendre amène à équiper chaque collaborateur du bon véhicule selon ses besoins », défend-t-elle. Des changements à prendre en amont car comme le dit Christophe Michaëli : « Septembre 2024, c'est demain ».

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