« Nos investissements se portent majoritairement sur l’hôtellerie et l’hébergement » (Laetitia Estrosi-Schramm, Fonds Tourisme Côte d’Azur)

Dédié à soutenir et à accompagner le tourisme sur la Côte d’Azur, le Fonds Tourisme Côte d’Azur géré par M-Capital accélère ses investissements. A mi-chemin, 20 projets ont été financés pour un montant de 21 millions d’euros, sur une enveloppe globale de 44 millions d’euros. Des projets essentiellement liés à l’hébergement touristique qu’il conviendrait d’ouvrir plus largement aux sous-segments qui font rayonner le tourisme azuréen comme l'œnotourisme, le sport-loisirs ou encore la parfumerie et ses acteurs industriels. C’est le souhait de sa directrice, Laetitia Estrosi-Schramm.
(Crédits : DR)

La Tribune - Depuis son lancement en mars 2021, le Fonds Tourisme Côte d'Azur, doté d'une enveloppe de 44 millions d'euros, a financé à ce jour 20 projets pour un montant de 21 millions d'euros. Parmi eux, une très large majorité concerne l'hébergement, la restauration dans une moindre mesure...

Laetitia Estrosi-Schramm - Il est vrai qu'à ce jour, nos investissements se sont portés très majoritairement sur l'hôtellerie et l'hébergement. C'est certainement lié au fait que 75% des PME du tourisme se positionnent sur ce segment d'activité. Toutefois, nos investissements sont extrêmement diversifiés et, à cet égard, respectent l'essence du fonds qui consiste à permettre, encourager une diversification du secteur touristique adaptée au territoire de la Côte d'Azur, en fonction de ses besoins. Aussi finançons-nous aussi bien l'hôtellerie de luxe comme dernièrement le magnifique projet de rénovation et de transformation en hôtel haut de gamme du château de Théoule par le groupe BMF, pour lequel nous avons mis une enveloppe de 750.000 euros, que l'hôtellerie économique, à l'instar de l'hôtel Ibis Aéroport sur la Promenade des Anglais, soutenu à hauteur de 1,75 million d'euros, pour le remettre au goût du jour et le passer sous une enseigne éco-responsable. Nous soutenons également l'hôtellerie de plein air, notamment dans le Var, en accompagnant trois beaux groupes, Riviera Village, Campasun et Koawa, ainsi que de l'hébergement insolite. A l'image du projet du groupe parisien L'Escale Royale et ses suites flottantes, 100% recyclables, dont on appuie le développement sur la Côte d'Azur. Ils sont présents à Fréjus et viennent de signer avec le port Vauban à Antibes.

Est-ce à dire que les autres segments touristiques également ciblés lors de la création du fonds comme l'œnotourisme, le nautisme ou encore le sport-loisirs sont moins attractifs ?

La question ne se pose pas en ces termes. Nous avons fait un très bel investissement dans le sport-loisirs en soutenant la All In Academy créée par deux anciens champions, Thierry Ascione et Jo Wilfried Tsonga. Nous étudions avec eux de nouveaux projets, très ambitieux, qui visent à créer une marque sur la région liée à l'essor de la pratique du paddle. Mais il est vrai que nous aimerions faire plus, comme pour le nautisme auquel le projet d'Escale Royale peut s'apparenter. Enfin, en ce qui concerne l'œnotourisme, nous espérons annoncer dans les mois qui viennent un ou plusieurs investissements dans ce secteur. Nous avons en effet trois beaux projets avancés. Il s'agit de développer des structures d'accueil touristique au sein de domaines varois.

Quid de la parfumerie, elle aussi identifiée comme un des débouchés possibles du fonds ?

Là, c'est plus difficile. Nous n'avons pas encore réussi à adresser ce secteur parce que, je l'explique ainsi, les acteurs du monde du parfum ne s'associent pas naturellement au secteur touristique. Or, la parfumerie est un élément indéniable du rayonnement de la Côte d'Azur et, à ce titre, le Fonds Tourisme a toute légitimité. Nous visons aussi bien les entreprises vitrines qui accueillent déjà des touristes comme Fragonard, Molinard, Galimard, que les sous-traitants industriels qui pourraient avoir des projets d'agrandissement d'usine, d'achat de matériel pour se développer. Nous devons leur faire comprendre qu'ils font partie intégrante de la stratégie du fonds.

Quid du secteur des nouvelles technologies liées au tourisme ?

Nous nous y sommes intéressés au tout début du fonds mais, en étudiant les dossiers, nous en avons conclu que nous n'étions pas adaptés à la start-up dont les besoins tiennent souvent au renforcement des fonds propres. Nous sommes un fonds de dette. Le couple rendement/risque n'est pas approprié. Toutefois, nous pouvons intervenir en complément d'une levée de fonds en equity, c'est ce qui s'est passé pour L'Escale Royale dont le profil se rapproche de celui d'une start-up, c'est-à-dire celui d'une entreprise récente avec peu d'actifs. Le fonds peut également intervenir dans le cadre d'un deuxième tour de table.

Comment abordez-vous le sujet des stations de montagne, dont beaucoup s'engagent dans la transformation de leurs infrastructures pour répondre aux nombreux défis qui sont les leurs : transition et sobriété énergétique, évolution des habitudes de consommation, fin du tout ski... ?

C'est un sujet que nous regardons de très près et dans lequel nous souhaitons investir. Le fonds a en effet la capacité de financer des projets publics et parapublics portés par des collectivités, syndicats mixtes ou SEM, comme des équipements de luges 4 saisons, le balisement de sentiers, la construction d'un mur d'escalade... Nous avons déjà étudié des projets de ce type sans aller à terme mais nous continuons à discuter avec certains acteurs, notamment à Isola 2000. C'est un secteur très dynamique et les stations des Alpes-Maritimes sont de plus en plus actives.

Comment le Fonds Tourisme Côte d'Azur se positionne-t-il par rapport au tourisme durable ? A-t-il une obligation d'investir dans des projets verts ?

Il n'y a pas d'obligation aujourd'hui en matière de critères ESG (Environnementaux, Sociaux, de Gouvernance, NDLR). Ou alors de manière limitée. L'un des investisseurs principaux du Fonds, après la Caisse d'Epargne Côte d'Azur, est en effet la Banque Européenne d'Investissement (BEI) qui se fait appeler la Banque du Climat. Nous sommes donc souvent challengés dans nos comités sur ces sujets par la BEI, dont un peu moins de 10% de l'enveloppe qu'elle a investi doit soutenir des projets vertueux considérés à impact vert. Aujourd'hui, nous nous plaçons plus volontiers dans une démarche d'incitation que d'obligation à travers des outils qui accompagnent les porteurs de projets vers le tourisme durable. Mais il est possible, voire probable, que si demain un deuxième fonds devait voir le jour, les critères de celui-ci seraient bien plus stricts en la matière, ne serait-ce parce que les investisseurs sont eux-aussi contraints et demandent plus de rigueur.

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