Transitions, aménagement... la Banque de territoires fait le pari des zones longtemps négligées

Créée en 2018, la Banque des territoires a vocation à accompagner et financer le développement de l'habitat (social notamment) et divers projets structurants sur toutes les territoires, des métropoles aux villes rurales en passant par les zones industrielles. Malgré une année 2022 où se sont cumulées les difficultés, ralentissant les opérations, elle a continué de soutenir des projets au service des transitions, que celles-ci soient écologiques, énergétiques, numérique ou démographiques. Des projets plus nombreux mais généralement de plus petite envergure, pour autant très structurants pour des villes petites et moyennes.
(Crédits : DR)

« Par rapport à 2021, 2022 a été compliquée sur le plan économique », observe Alexis Rouque, directeur de la Banque des territoires en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Puisant ses financements de trois sources parmi lesquelles l'épargne réglementée des Français (livret A, livret d'épargne populaire, livret développement durable...), elle a été fortement impactée par la hausse des taux d'intérêt. S'ajoute à cela « l'inflation qui percute les projets immobiliers dans lesquels on investit », sans compter les difficultés de recrutement que rencontrent les entreprises du bâtiment et des travaux publics. La Banque des territoires a ainsi financé la construction de 6.527 logements sociaux neufs (contre 7.700 en 2021) et la réhabilitation de 1.710 logements sociaux et places d'hébergement en 2022 (contre 4.800 en 2021).

Mais la Banque n'agit pas que sur le logement. Elle accompagne également ses clients - collectivités, entreprises publiques locales, organismes de logement social et professions juridiques - dans la réalisation et le financement de projets structurants, projets dans lesquels les collectivités continuent de vouloir investir malgré le contexte économique.

Parmi eux, des projets d'envergure comme le Plan Marseille en Grand dans lequel la Banque des territoires est impliquée à plusieurs titres. Opératrice dans l'appel à manifestation d'intérêt visant à doter la ville d'infrastructures en lien avec le cinéma, elle accompagne également la Ville dans la rénovation thermique d'écoles. « Nous sommes aussi à disposition pour accorder des prêts dans le domaine de la mobilité ». Plus à l'ouest, la Banque des territoires accompagne également les territoires industriels autour de Fos et Gardanne, qu'il s'agisse de soutien à la filière hydrogène ou de l'installation récente de Carbon qui fabrique des panneaux photovoltaïques.

Plus de projets de plus petite envergure

Mais en parallèle de ces gros chantiers, la Banque des territoires accompagne et finance de plus en plus de petits projets. Des projets pour autant très structurants pour leur territoire, et qui s'inscrivent dans les divers transitions auxquelles doit se préparer la société. Dont, évidemment, la transition écologique pour laquelle les collectivités locales - qui réalisent les trois quarts de l'investissement public en France comme le rappelle Alexis Rouque- jouent un rôle majeur.

La Banque des territoires régionale a ainsi investi 34 millions d'euros dans la transformation écologique et énergétique, par exemple à travers des projets liés à la mobilité décarbonée, accordant notamment un prêt de 7,5 millions d'euros pour l'acquisition de 39 bus électriques et 3 au GNV par la Régie Ligne d'Azur, ou en investissant 1,1 million d'euros dans l'entreprise Apis LLD qui propose des flottes de vélos électriques aux professionnels du tourisme.

La Banque des territoires a également investi dans un projet mené avec l'entreprise basée à Aix-en-Provence, Ombrea dans le domaine de l'agrivoltaïsme. « Nous allons monter avec eux un projet de taille industrielle ».

Pour financer la rénovation énergétique de bâtiments publics, elle propose également aux collectivités des prêts « intracting », un dispositif financier dans lequel les remboursements sont compensés par les économies d'énergie réalisées, de sorte que ce type de projet est « budgétairement neutre » pour les collectivités. Cet outil a ainsi été utilisé à Avignon pour la rénovation de la piscine Jean Clément, avec 1,6 million d'euros prêtés pour un objectif de 55 % d'économies d'énergie. De la même manière, la communauté d'agglomération des Sorgues du Comtat a pu rénover son éclairage public grâce à un prêt de 5,6 millions d'euros.

L'alimentation est également un sujet important, avec l'attribution d'un prêt de 7,4 millions d'euros pour un projet d'aménagement du MIN de Chateaurenard « Grand marché de Provence », avec entre autres un pôle dédié à l'agroalimentaire et la transformation de produits bio et locaux.

Autre transition sur laquelle la Banque des territoire se positionne : la transition numérique. En plus d'avoir investi 16 millions d'euros de fonds propres aux côtés de Sipartech dans un câble sous-marin reliant l'Espagne et l'Italie en passant par Marseille et probablement Ajaccio, la Banque a pris des participations (5 millions d'euros) dans le capital de la société Égérie qui opère dans le domaine de la cybersécurité. « En 2022, nos clients, en particulier les collectivités locales et les hôpitaux, ont été rattrapé par le risque de cyber attaques. Investir dans ce type d'entreprise leur rend service ».

Transition démographique

Enfin, la Banque des territoires se mobilise pour la transition démographique du territoire. « La Banque des territoires est une marque de la Caisse des dépôts qui signe un retour vers des territoires que l'on a peut-être un peu négligés jusque là : les villes moyennes, rurales, les zones industrielles ». Ce, au profit d'une métropolisation très forte qui a appauvri les villes moyennes.

C'est précisément pour panser ces fractures territoriales qu'a été lancé le plan « Action cœur de ville » en 2018. Plan qui concerne 13 communes de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et au travers lequel la Banque des territoires apporte de son ingénierie ainsi que des financements dans divers domaines : habitat, économie, équipement, culture, mobilité... Avec notamment la création de foncières de redynamisation commerciale ou encore la reprise de friches, une pratique encore peu commune mais appelée à le devenir du fait de la nécessité de réduire l'artificialisation des sols et de freiner l'étalement urbain.

Vertueuse d'un point de vue environnemental, cette pratique est néanmoins « compliquée sur le plan économique », insiste Alexis Rouque. De sorte qu'il est difficile pour les collectivités de débloquer des financements.

Tisser des écosystèmes de financement locaux

A Briançon par exemple, la Banque des territoires a investi et financé à hauteur de 9,8 millions d'euros l'acquisition et la réhabilitation d'une caserne militaire transformée en auberge de jeunesse par Icade. « Au début, nous étions seuls car aucune banque ne voulait nous accompagner sur ce projet risqué. On ne trouvait pas non plus d'exploitant ». Mais lorsque la Banque des territoires intervient, « cela génère de la confiance et de l'entraînement », assure Alexis Rouque. Permettant de tisser ci et là des écosystèmes d'investissement qui contribuent au développement des territoires sur la durée.

Cinq années après le lancement d'action cœur de ville, le plan entame sa seconde phase avec la prise en compte d'autre sujets que sont l'aménagement des entrées de villes et des quartiers de gare, la transition écologique et la sobriété foncière.

Et après les villes moyennes, la Banque des territoires se tourne aussi vers les communes de moins de 20.000 habitants avec le plan « Petite villes de demain ». Plan qui prévoit d'accompagner 57 territoires rassemblant 65 communes de la région.

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