L'enseignement agricole fait sa mutation pour trouver les agriculteurs de demain

Mieux faire connaître sa large palette de métiers et ses conditions d'éducation, voilà le défi de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt pour former les agriculteurs de demain. Après une baisse du nombre d'élèves depuis une décennie à l'échelle nationale, la tendance s'inverse grâce notamment aux apprentis.
(Crédits : DR)

"Nous n'avons pas de cochon, ni de canard en Provence-Alpes-Côte d'Azur". Une évidence a priori, pourtant pour Patrice Chazal il s'agit de bien illustrer l'organisation de l'enseignement agricole dans la région. Chef du service régional de la formation et du développement (SRFD) au sein de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la foret (Draaf) il est en charge de ce volet indépendant de l'éducation nationale. "Les établissements dépendent du ministère de l'Agriculture", explique-t-il.

Au total, Provence Alpes Côte d'Azur compte 32 établissements dont 20 établissements privés. Lesquels se répartissent en trois grandes familles : ceux du conseil national de l'enseignement agricole privé (CNEAP) qui est une fédération d'établissements catholiques, l'union nationale rurale d'éducation et promotion (Unrep) et les maisons familiales rurales. "Chaque département dispose d'au moins un gros établissement public", précise Patrice Chazal.

Identité forte et large palette de formations

La répartition de ces lieux d'enseignements ne répond pas qu'à une volonté de maillage du territoire. Chacun possède en effet sa spécificité en lien avec son implantation géographique. Pas de cochon ni de canard donc, mais "un lycée viticole au milieu des vignes à Orange, des vaches à Gap avec des formations de transformation de produit, des moutons à Digne avec des cours de guide au chien ou encore de l'horticulture à Antibes", liste Patrice Chazal qui confirme une volonté de donner "une identité forte" aux établissements, qui disposent chacun d'une exploitation pédagogique. Charge ensuite au chef du SRFD de " de gérer les moyens entre chacun pour veiller à ce qu'ils ne se concurrencent pas entre eux".

Mais cette "identité forte" ne signifie pas que la liste de formations est courte. Bien au contraire, certains enseignements peuvent même apparaître éloignés de ce qui est associé à l'agriculture dans l'imaginaire collectif. "C'est une palette de 200 métiers, souligne Patrice Chazal. Une personne qui élabore un parfum en laboratoire c'est autant de l'agriculture que quelqu'un qui travaille avec des vaches". Ainsi, par exemple, les établissements de l'association de formation et d'action sociale des écuries de courses (Afasec) rentrent dans le giron de l'enseignement agricole. Autre exemple, celui des maisons familiales rurales avec leur service d'aide à la personne. L'enseignement agricole regroupe tous "les besoins de la ruralité", résume Patrice Chazal.

La tendance de l'apprentissage

Une large palette que veut promouvoir le ministère de l'Agriculture. Car l'enseignement agricole sort d'années difficiles. A l'échelle nationale, les inscrits lors des rentrées scolaires ont baissé de manière régulière sur la décennie 2010 indique un rapport du Sénat sur le sujet de septembre 2021. Ce qui impacte forcément les "agriculteurs de demain". Mais la tendance qui commence à s'inverser, notamment chez les apprentis. "En région, nous enregistrons dans cette catégorie une hausse de 17% entre la rentrée de 2020 et celle de 2021", illustre Patrice Chazal. Ils sont 2.700 en région Sud, dont 75% inscrits dans le public, et la moitié suit une formation dans l'aménagement paysager. Leur nombre de plus en plus important "n'est pas un hasard" selon Patrice Chazal.

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Bien que les élèves restent plus nombreux, 6.400 inscrits dans la région, de plus en plus "préfèrent l'apprentissage car c'est souvent plus intéressant pour eux et le fait d'être rémunéré permet d'avoir une indépendance". Les aides gouvernementales pour inciter les entreprises à jouer le jeu ont aussi contribué à cette tendancee. "Certains patrons qui ont du mal à trouver des employés peuvent prendre un jeune pour le former", ajoute Patrice Chazal. Certains apprentis savent qu'ils seront embauchés par leur tuteur avant d'avoir passé leur diplôme.

Impulsion nationale

Pour continuer de garnir les classes de l'enseignement agricole, la Draaf mise depuis près de deux ans sur une communication plus dynamique dans la région Sud à l'image d'un compte TikTok. "Nous sommes les seuls à le faire", vante Patrice Chazal. Cette communication est-elle l'une des raisons du regain d'inscrits ? "C'est trop tôt pour le dire, les raisons qui poussent un étudiant à venir sont multifactorielles", nuance le chef de la SRFD. L'ambition est en tout cas "d'expliquer aux jeunes qu'il existe l'enseignement agricole et qu'ils ont le choix entre nous et l'éducation nationale" mais aussi de montrer toute la palette de métiers.

Un renouveau qui s'illustre par la marque "L'aventure du vivant". Cette initiative nationale se matérialise par un imposant camion de 18 mètres coloré en orage qui se déplace dans les différents départements depuis deux ans afin de faire connaître l'enseignement agricole. Présent lors du salon Med'Agri au début du mois d'octobre il a vu passer 700 élèves, ce qui représente un énorme impact, se réjouit Patrice Chazal. Cette marque permet également d'aider des initiatives comme le projet de collaboration entre la Drac PACA, des lycéens agricoles de la région et la Villa Médicis à Rome.

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