« Les entreprises doivent aussi faire confiance à l’intelligence émotionnelle » (Colette Weizman, Ordre des experts-comptables Sud)

Alors que le contexte économique connait des tensions en tout genre – de recrutement notamment – que la crise sanitaire a elle-même introduit de profondes modifications dans la façon de travailler, comment les entreprises peuvent-elles conjuguer à la fois croissance, adaptation aux changements et management adapté ? Un tout qui interroge aussi les experts-comptables, ces conseillers du dirigeant se trouvant à la fois au cœur de la mêlée et au bord du terrain. Une équation peu aisée à résoudre mais pas impossible non plus.
(Crédits : Robert Poulain)

Les changements c'est bien maintenant. Alors que la France se prépare à une trêve estivale, les sujets économiques n'en sont pas moins sur la table. La conjoncture d'abord, scrutée comme le lait sur le feu par les dirigeants et les acteurs économiques, tant la moindre variable est perçue de façon exacerbée. Les tensions résultant de la guerre en Ukraine, les difficultés d'approvisionnement et celles liées au recrutement pourraient être source d'inquiétude. Pourtant, la Banque de France demeure confiante, tout en alertant tout de même sur les TPE, plus fragiles. Les PGE se remboursent, les projets d'investissement se poursuivent, les financements sont là pour les entreprises innovantes. Oui, mais il faut préparer demain et les changements introduits par les crises, sanitaire mais pas que, sont des changements durables. Qui s'inscrivent dans le temps et qu'il faut maintenant intégrer dans les stratégies d'entreprise.

Résistance et anticipation

Des changements qu'il est urgent de prendre en compte. Les difficultés de recrutement peuvent représenter « un frein à la reprise de l'économie », souligne Colette Weizman. « Nous avons des entreprises en pleine croissance mais pas de ressources humaines suffisantes pour accompagner cette croissance ». La présidente de l'Ordre des experts-comptables de Provence-Alpes-Côte d'Azur qui souligne aussi la multiplication d'un nouveau phénomène, ces candidats à un poste qui, subitement, après souvent un premier entretien, ne daignent plus répondre aux sollicitations de leur futur employeur. Un phénomène créé par une demande supérieure à l'offre. « Nous nous retrouvons, en France, avec un problème de riche : 3,5 millions de chômeurs et une pénurie de main d'œuvre », souligne encore Colette Weizman. « Nous étions engagés dans une croissance à deux chiffres, l'économie résistait. La guerre en Ukraine, la problématique d'approvisionnement des matières premières, le reconfinement en Chine impactent la croissance. Certes l'économie ne va pas si mal que cela, les défaillances d'entreprises demeurent à un niveau bas, les entreprises résistent, le tourisme reprend, mais le bâtiment, malgré des carnets de commandes plein, voit ses chantiers être freinés par les problématiques d'approvisionnement et de hausse des prix ». Un ensemble d'éléments qui doivent inciter à être prévoyant, envisager « des prévis négatifs, être dans l'anticipation et la prévention ».

L'intelligence émotionnelle, élément de la stratégie

Sur le sujet des ressources humaines donc, il faut s'inscrire dans le sens d'un changement managérial, exhorte Colette Weizman. C'est même le sujet du congrès de la profession qui se tient les 7 et 8 juillet au Palais des Festivals de Cannes. Parce que le savoir-être est aussi important que le savoir-faire. Un message qui signifie qu'il faut être capable de ne pas tout faire reposer sur les compétences techniques, ni sur les nouvelles technologies, mais de laisser la place à autre chose. « Face aux difficultés de recrutement et de conservation des talents dans l'entreprise, il faut savoir mettre l'intelligence artificielle de côté - sans l'ignorer - pour s'intéresse aussi à l'intelligence émotionnelle », insiste Colette Weizman.

La présidente de l'Ordre des experts-comptables du Sud qui rappelle que les mentalités ont véritablement changé et que la sacro-sainte formule « remettre l'humain au cœur de l'entreprise » doit être une réalité et pas une incantation. De même, la RSE, cette responsabilité sociale et environnementale ne doit, précisément pas, privilégier l'environnemental sur le volet social. Qu'il ne faut pas davantage oublier que « tout vouloir numériser, c'est aussi consommer du Co2 ». Qu'il faut savoir où placer le curseur entre confort dans le monde du travail et droit à la déconnexion.

Et qu'en matière de RSE, comme ailleurs, c'est le « bon sens » qui doit mener la stratégie.

Favoriser l'esprit d'équipe

Cette recherche de ressources humaines adaptées explique aussi, en partie, l'engouement retrouvé pour l'apprentissage. On se souvient de cette période où les chefs d'entreprises déploraient le manque d'intérêt pour la chose. Depuis, certes, il y a eu les aides gouvernementales. Mais ce n'est pas tant là que réside le succès du recours à l'apprentissage.  « Ce n'est que l'effet de la prime, l'utilisation elle-même de l'apprentissage a changé ». Car l'entreprise peut ainsi former à son image, en fonction de ses besoins. Elle est ensuite capable de proposer un poste sur le long terme. « Une entreprise c'est une équipe, une team. Si on n'a pas l'équipe adéquate, il est compliqué de se développer », ajoute Colette Weizman, qui fait de RH les initiales non pas de ressources humaines mais de richesse humaine. « C'est cette richesse qu'il faut pérenniser ».

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