"2022 sera une bonne année si on arrive à passer le cap de la crise relative aux matières premières et à la pénurie de main d’œuvre » (Colette Weizman, présidente de l’Ordre des experts-comptables Sud)

Alors que la relance semble prendre sa vitesse de croisière, certains éléments de conjoncture sont de nature à nourrir la confiance, notamment le taux de création d’entreprises – et les jeunes ne sont pas timides sur ce point – tout comme les défaillances dont de tsunami il n’y aura point, estime la présidente de l’Ordre régional des experts-comptables. Qui rappelle tout de même à quel point l’anticipation des difficultés, la souveraineté et le numérique sont essentiels pour l’économie de demain.
(Crédits : DR)

66% de chefs d'entreprises ont confiance dans leur propre entreprise dit le rapport de conjoncture de la chambre de commerce et d'industrie PACA. Une donnée qui n'étonne pas vraiment Colette Weizman qui, depuis le début de la crise, le dit et le répète : de mur de dettes il n'y aura point.

Et si la présidente de l'Ordre des experts-comptables est aussi confiante c'est que les deux années de crise ont aussi révélé des comportements porteurs d'espoir. « Nous nous sommes rendus compte que les entreprises de la région ont été très réactives. Durant cette crise, les chefs d'entreprises ont pris le temps de se poser et se sont rendus compte qu'ils avaient des pépites en eux, et ils sont dans la relance ». Des TPE PME qui ont été fortes, ont su rebondir après s'être adaptées et sont déjà dans la phase d'après. D'ailleurs, « les TPE-PME portent l'économie, le résumé est facile. On le voit sur celles qui existent, on le voit aussi sur les créations. Nous étions à 42.000 créations en 2019, nous sommes à plus de 62.000 au 31 décembre 2021. Bien sûr, il faut prendre ce chiffre en net et enlever toutes les radiations naturelles, soit grosso modo 50%. Cela veut dire que la volonté des jeunes de créer est là ».

Et si les jeunes sont prêts à créer, à partir à l'aventure, c'est que l'économie ne va pas si mal...

Oser aller au tribunal

Certes, tout n'est pas toujours rose dans l'économie. Et les difficultés sont inhérentes à la vie de tout entrepreneur. Et la réponse réside davantage dans la façon dont les entreprises font face aux difficultés que les difficultés elles-mêmes. C'est le message que veut faire passer Colette Weizman, qui enjoint les dirigeants à ne pas hésiter à pousser la porte du tribunal de commerce. Même si, certes, la démarche n'est pas aisée, tant « le mot tribunal fait peur ».

Pourtant, c'est cette idée qui doit être modifiée et la présidente de l'Ordre en fait un de ses chevaux de bataille.

« Aujourd'hui, le tribunal de commerce est un véritable partenaire pour les entreprises qui seront en difficulté. Contrairement à beaucoup d'oiseaux de mauvais augure, je pense que le tsunami de défaillances n'arrivera pas. Le quoi qu'il en coûte a joué son rôle. Cela a permis de sauver des entreprises qui peut-être n'auraient pas été sauvées avec cette crise. Le message que j'ai envie de faire passer c'est, n'attendez pas d'être sous l'eau pour dire que vous avez besoin d'aide, que vous êtes en difficulté. Le tribunal de commerce est là. On ne vient pas en accusé. On vient se placer sous sa protection. Il faut savoir qu'en cas de procédure, tout est gelé, on ne peut plus perdre le bail, toutes les cautions sont arrêtées, tous les contrats perdurent. Le tribunal est garant de ça. Il ne faut pas avoir la peur au ventre de se dire que tout le monde va le savoir, ce n'est pas grave, il faut y aller, ne pas hésiter ».

D'autant que les nouvelles procédures sont bien moins longues, elles ont précisément été raccourcies pour permettre une réactivité de bon aloi.

Numérique et souveraineté : où quand il faut changer de mentalité

Une présidente de l'Ordre qui incite aussi les entreprises à aller vers le numérique, si tant est qu'elles ne l'auraient pas encore fait. D'autant que certaines obligations les y poussent, comme la facture électronique, dont c'est le cas en 2023. Mais pour Colette Weizman, c'est une démarche globale qui doit être menée. « Lorsqu'on parle de numérique, il y a la digitalisation, le fait de pouvoir apporter des solutions nouvelles. On le voit bien avec les plates-formes de prise de rendez-vous de la restauration. Tout cela, cela va être l'entreprise de demain. Je crois que l'entreprise d'avant Covid va avoir du mal à survivre sans se digitaliser du tout »

Une entreprise post-crise qui doit garder, autant que faire se peut, la volonté de consommer bleu-blanc-rouge. Un virage dans la façon de consommer qui est née de la crise mais qui doit se pérenniser. « Enormément d'entreprises ont essayé de consommer vraiment français, local dans certains cas, ou européen quand on ne pouvait faire autrement. Les chiffres sont têtus, on a vu le recul d'Amazon et CDiscount gagner du terrain. Tant les entreprises que les citoyens ont eu cet esprit de dire « on va sauver notre économie », la France et on va consommer local et surtout français ».

Faut-il attendre de 2022 d'être la vraie année de la relance ? Oui dit, sans ambages Colette Weizman. « Il n'y a pas de débat, les chiffres sont là. On a vu cela dans le baromètre de notre profession avec plus de 14% en Paca de chiffre d'affaires. Alors bien sûr, le chiffre d'affaires, il faut l'analyser. Nous sommes en train d'arrêter les bilans de l'année. Nous sommes plutôt positifs, continuez à avancer, la relance est là, 2022 sera une bonne année si on arrive à passer le cap de la crise relative aux matières premières et à la pénurie de main d'œuvre ».

Un acteur économique chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Marseille s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

BFM Marseille Provence : canal 30 de TNT Régionale, les box canal 284/516 (SFR), 375 (Orange), 362 (Bouygues), 916 (Free) , sur bfmmarseille.com, en replay sur la plateforme gratuite VOD "RMC BFM PLAY" et l'application dédiée à télécharger.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.