Législatives : à Marseille, la droite se serre les coudes

Toujours très regardée, la seconde ville de France va concentrer davantage l’attention ces prochains jours particulièrement avec la candidature de la ministre de la Citoyenneté et de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache – la pilote du Plan Marseille en Grand. Mais dans la Cité phocéenne, c’est la solidarité à droite qui prime comme l’a publiquement revendiqué Martine Vassal. La présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence, également présidente du Département des Bouches-du-Rhône, qui soutient ceux, dit-elle, les plus à même de représenter et défendre les Marseillais. Qu’ils soient Renaissance ou LR.
(Crédits : RB)

Si on estimait que la politique n'intéressait plus les citoyens, force est de constater que les Législatives anticipées ont remis le sujet au centre des débats. Entre alliances, dissidences, recomposition... le prochain scrutin déchaîne passions et tentatives de pronostics. Bien malin, cependant, qui peut prédire ce qu'il adviendra au soir des 30 juin et 7 juillet.

Parmi les territoires les plus regardés, Marseille concentre une forte attention. Car c'est dans la deuxième ville de France, dans la 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône, que la ministre de la Citoyenneté et de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, se représente. Avec en suppléant, l'ancien chef d'entreprise Didier Parakian. Un duo qui fonctionne bien, qui a montré sa complémentarité et qui se trouve à nouveau confronté à Monique Griseti, investie par le Rassemblement national, son adversaire de 2022, contre laquelle elle l'avait emporté à moins de 500 voix près au second tour. Et puis, il y a aussi la candidate du Nouveau Front populaire, Pascaline Lécorché, peu connue du grand public mais néanmoins auréolée de son poste de secrétaire nationale de Place Publique, le mouvement de Raphaël Gluksmann.

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Renaud Muselier et Martine Vassal prennent position

Sabrina Agresti-Roubache, souvent considérée comme « la ministre de Marseille », car elle pilote le Plan Marseille en Grand, ce plan gigantesque à 5 milliards d'euros qui doit servir de laboratoire pour aider à repenser les stratégies de développement des villes.

Sabrina Agresti-Roubache qui n'aura pas, en revanche, d'adversaire Les Républicains. Lors du bureau politique tenu la semaine dernière, le parti a désigné ses candidats pour les différentes circonscription de la ville... sauf dans la 1ère c'est-à-dire face la ministre sortante. Officiellement aucun candidat n'a été trouvé. Officieusement on peut y voir le poids de Martine Vassal et Renaud Muselier, qui ne sont certes plus membres de LR mais les chefs de file de la droite locale.

Martine Vassal vient d'ailleurs d'officiellement d'afficher son soutien à Sabrina Agersti-Roubache. La présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence et présidente du Département des Bouches-du-Rhône a en effet clairement fait connaître sa position. Sur X, ce dimanche, elle a rappelé le besoin de soutenir les candidats les plus à même de représenter et défendre les Marseillais. Dont Sabrina Agresti-Roubache. La ministre qui a aussi reçu le soutien du président de la Région Sud lequel s'est même déplacé, samedi, pour une conférence de presse commune. En revanche, si Renaud Muselier et Martine Vassal ont aussi affiché leur soutien à Lionel Royer-Perreaut, ex-LR élu député en 2022 avec l'investiture du parti présidentiel, ce dernier aura bien un candidat LR face à lui dans la 6e circonscription.

Une droite unie qui ne veut ni de la gauche, ni du RN. Et l'enjeu est énorme car à Marseille, précisément, ce sont bien le Rassemblement National et LFI qui se sont arrogés la majorité des voix au soir du 9 juin. Une ville en quelque sorte coupée en deux, même si le parti de Jordan Bardella a viré en tête, recueillant 30% des voix contre 21,50% pour LFI et 11,5% pour le mouvement porté par Raphaël Glucksmann.

Si le chef de l'Etat aime Marseille, l'inverse n'est pas vrai

Alors forcément, il faut sonner la charge. Depuis une semaine, la ministre de la Citoyenneté et de la Ville n'épargne pas son temps, arpente le terrain, rappelant que malgré son poste ministériel, elle ne l'a jamais quitté. Qu'elle sait ce que les citoyens rencontrés ici et là lui demandent. Que l'affiche électorale, où elle figure avec son suppléant, Didier Parakian, sans le visage du président de la République, a été faite rapidement pour être le plus vite possible, opérationnelle. Très proche d'Emmanuel Macron et de Brigitte Macron, Sabrina Agresti-Roubache ne se voile pas la réalité. Elle sait que ce sera difficile, que le rejet d'Emmanuel Macron est profond.

Et si le chef de l'Etat aime Marseille, a multiplié les déplacements, lui dédie un Plan spécial, l'inverse n'est pas vrai. La majorité présidentielle n'a jamais réussi à s'imposer à Marseille. Et on sait que ce qui se joue aussi, c'est le proche horizon. Celui des municipales. S'il est trop tôt pour focaliser sur cette échéance, elle est bien là, dans les esprits.

En attendant le premier tour du 30 juin, Sabrina Agresti-Roubache arpente les médias, explique qu'elle est la seule capable de battre l'extrême droite et l'extrême gauche, que gouverner est « plus compliqué que de faire des TikTok », pique adressée à Jordan Bardella et qu'il faut « faire attention à l'instrumentalisation » notamment religieuse que pratique Jean-Luc Mélenchon, qui « n'est pas un Moudjahidine qui est allé se battre en Palestine ».

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Un avant-goût des municipales

L'autre enjeu, dont on parle peu c'est tout de même ce Plan Marseille en Grand, plan exceptionnel de 5 milliards d'euros, qui vise à remettre écoles et transports de mobilité dans le bon sens, qui veut encourager aussi la jeunesse des quartiers à entreprendre, tout en structurant des filières dont celles des industries culturelles et créatives avec l'installation prévue, entre autres, d'une Cité du cinéma pour un investissement de 59 millions d'euros. Quid de Marseille en Grand si le prochain gouvernement y renonce ? « Si nous perdons, le plan Marseille en Grand c'est terminé », prévient Didier Parakian.

Et si le Plan perdure, qui pour le piloter ? Qui connaît Marseille aussi bien et aussi intimement que Sabrina Agresti-Roubache ? Manuel Bompard, qui se présente dans la 4ème circonscription, investi par le Nouveau Front Populaire ? Sébastien Delogu, candidat également de l'union des gauches, sanctionné par Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale pour avoir brandi un drapeau palestinien en plein hémicycle et qui se représente dans la 7ème circonscription ? Ou Franck Allisio, le candidat du RN dans la 12ème circonscription ?

Toujours est-il que la droite essaie de penser collectif. Martine Vassal a d'ailleurs apporté également son soutien à Laure-Agnès Caradec, la présidente de la fédération départementale des LR qui se présente dans la 2ème circonscription avec Ludovic Perney en suppléant, et qui affronte Laurent Lhardit, l'adjoint à l'économie de Benoît Payan, et Claire Pittolat qui y va avec les étiquettes Horizons et MoDem.

Les accords locaux ont-ils plus de chance de l'emporter face aux grandes manœuvres nationales ? On peut imaginer que les Législatives sont aussi des élections locales, comme les Municipales. Ce n'était pas le cas des Européennes. Cela peut modifier la donne... ou pas.

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