Dans le Sud, le Medef travaille son lobbying européen

Alors que le syndicat patronal, présidé par Patrick Martin souhaite désormais peser dans les décisions prises à Bruxelles, son vice-président chargé de l'Europe s'est engagé dans une tournée des territoires, dont le Sud et Aix-en-Provence. Une façon de parler problématiques européennes et réglementations particulièrement.
A Aix-en-Provence, Fabrice Le Saché, le monsieur Europe du Medef explique pourquoi le syndicat patronal doit aussi être plus influent en matière de lobbying
A Aix-en-Provence, Fabrice Le Saché, le monsieur Europe du Medef explique pourquoi le syndicat patronal doit aussi être plus influent en matière de lobbying (Crédits : Medef Sud)

« Nous sommes là parce que c'est un bon, c'est un choix gourmand et assumé », sourit Fabrice Le Saché. Pour sa tournée des territoires français, entamée depuis un peu plus d'un mois, le vice-président du Medef chargé de l'Europe a opté en Provence-Alpes-Côte d'Azur pour le Roy René. Le célèbre producteur de calissons installé sur les hauteurs d'Aix-en-Provence incarne assez bien les difficultés qui peuvent exister entre une PME forte d'un territoire et des exigences européennes discutées à Bruxelles et Strasbourg. En effet, depuis plus de vingt ans les fabricants de la friandise provençale tentent d'obtenir une indication géographique protégée (IGP) pour leur produit.

Une aventure administrative faite de rebondissements que ne semble pas connaître, assez étonnamment, Fabrice Le Saché, interrogé sur ce sujet par La Tribune. Mais qu'importe, le cas des calissons s'inscrit parfaitement dans la nouvelle politique du Medef. « Les PME sont le coeur battant de l'Europe, il faut protéger la diversité des terroirs afin de leur permettre d'exporter plus et donc de créer des emplois ici », développe le représentant de l'organisation patronale. Une réponse qui vaut pour les calissons mais aussi plus largement.

Car si Fabrice Le Saché est à Aix-en-Provence ce mardi, c'est pour incarner la volonté du patronat français de devenir influent. En clair, il s'agit de peser dans les décisions en effectuant un travail de lobbying pour « réorienter l'Europe » et de « mettre un peu de France dans l'Europe ». « Une ONG comme WWF à 60 personnes sur ce sujet quand nous sommes une dizaine », illustre-t-il.

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« Les règles européennes représentent 70% des normes »

Les élections européennes en juin qui vont renouveler le Parlement doivent marquer le point de départ de cette nouvelle approche. Dans les locaux du Roy René, Fabrice Le Saché a passé la matinée à échanger avec des acteurs politico-économiques de la région pour préparer le terrain. « Nous consultons nos adhérents pour construire des propositions », présente-t-il.

Les grandes lignes sont néanmoins déjà tracées, et répétées depuis un peu plus de deux mois. Dans la ligne de mire du patronat : la réglementation. Un thème particulièrement mis en lumière ces dernières semaines avec les manifestations des agriculteurs. Pourtant, l'agroalimentaire n'est pas le seul secteur concerné. « Les règles européennes représentent 70% des normes pour les entreprises françaises », expose Fabrice Le Saché. S'il assure « ne pas être anti-réglementaire » il plaide pour « des règles du jeu qui ne soient pas dans le micro-détail ».

Pour le Medef, toutes ces normes rendent l'économie moins compétitive et empêchent le développement de filières d'excellence. Fabrice Le Saché pointe les incohérences de certaines injonctions : « Nous voulons passer à la mobilité électrique, mais est-ce que les matériaux nécessaires sont sécurisés ? Est-ce qu'il est possible d'extraire le cobalt au Congo ? ». Des freins qui laissent le champ libre à la concurrence internationale juge l'organisation patronale.

Le leitmotiv général reste la compétitivité et la croissance. « Il faut de l'investissement dans la décarbonation ou la transition numérique, prévient Fabrice Le Saché. Il faut que cela aille plus vite, ArcelorMittal a dû attendre 18 mois pour obtenir la validation d'aides afin de décarboner son site de Dunkerque, c'est beaucoup plus rapide aux Etats-Unis ». Autre exemple, l'assouplissement de Bruxelles sur les aides d'Etat comme c'est le cas pour la desserte de la Corse où elles peuvent être considérées comme illégales car trop avantageuses vis-à-vis de la concurrence. Des sujets qui ne datent pas d'hier. « Bien sûr, nous ne découvrons pas l'Europe », tranche le vice-président. Les rencontres avec les acteurs locaux doivent permettre d'affiner les futures propositions. Et de commencer dès maintenant le travail de lobbying.

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