On n'a eu de cesse de dire que les élections législatives n'étaient pas de nature à susciter l'engouement vers les urnes, tant ce scrutin paraît moins en proximité que l'élection municipale ou que celle, suprême, de la Présidentielle. Le taux d'abstention est là pour le souligner.
Et pourtant, un député, ça compte énormément - celui qui vote les lois, c'est lui - et les résultats du second tour des Législatives 2022, le prouvent : méconnues, les Législatives sont pourtant l'élection qui montre tout son impact sur la vie politique hexagonale.
Et, outre les conséquences globales au niveau national, c'est bien en local que les résultats de ce second tour sont riches d'enseignements.
A Nice, tout scrutin auquel participe Eric Ciotti est analysé sous le prisme de son « duel » avec Christian Estrosi, en l'occurrence souvent par personne interposée. Ici, dans la 1ère circonscription, c'est Graig Monetti, ancien chef de cabinet de Frédérique Vidal, l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche (et ex-présidente de l'Université Côte d'Azur) qui s'y est collé, portant les couleurs d'Ensemble et donc aussi celle de Christian Estrosi. Un maire de Nice qui a permis à son poulain d'affronter un adversaire peu facile. Ce qui laisse présager d'une inscription dans le paysage politique. La victoire d'Eric Ciotti montre aussi, cependant, que le député LR bénéficie toujours de son ancrage local.
L'ancrage local c'est aussi ce qui vaut à Philippe Pradal de connaître sa première expérience de député. Le troisième adjoint à la mairie de Nice, deuxième vice-président de la Métropole Nice Côte d'Azur, fidèle parmi les fidèles - il a été maire de Nice lorsque Christian Estrosi a été élu président de la Région Sud - est (aussi) le seul élu des Alpes-Maritimes à porter les couleurs d'Ensemble à l'Assemblée nationale.
Bompard et Nupes dans les pas de Mélenchon
Il place ses pas dans les pas de Jean-Luc Mélenchon et réussit l'exploit de se faire élire dans une ville qui n'aime pas particulièrement les parachutés : Manuel Bompard est le nouveau député de Marseille et les 73,92% des voix obtenues face à la candidate d'Ensemble l'installent confortablement dans l'un des sièges que Nupes obtient à Bourbon. Nupes qui n'est pas si éloigné dans l'esprit du Printemps marseillais, né à l'occasion des élections municipales. Preuve que les alliances en format grand écart fonctionnent. Au moins dans les urnes. Reste à le prouver sur le terrain...
Marseille qui porte également au Palais Bourbon une proche d'Emmanuel Macron, pour une première expérience, elle aussi, de l'autre côté. Venue, comme le veut l'expression, de la société civile, où elle dirige sa société de production cinématographique, Sabrina Roubache Agresti l'emporte de peu face à la candidate RN mais elle apporte surtout une victoire au président de la République qui est loin d'être vide de sens et va bien au-delà de la seule victoire à ce scrutin législatif. Alors que le plan Marseille en Grand doit, jsutement, grandir encore et s'affirmer, on n'imagine pas Sabrina Roubache Agresti en rester là. On peut imaginer une implication plus forte, c'est-à-dire plus officielle aussi.
Le RN ou la vague qui l'emporte
Et dans un second tour qui n'a pas ménagé ses surprises - l'élimination de Christophe Castaner, dans les Alpes de Haute-Provence est perçue ainsi en dehors du territoire régional mais est-ce une si grande surprise ? - la vague Rassemblement national qui l'emporte en Provence Alpes Côte d'Azur sonne comme un coup de semonce. Le Var, avec 7 circonscriptions sur 8, est le département le plus tourné vers le parti que préside Jordan Bardella, quand le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône ont élu respectivement 5 députés chacun et les Alpes-Maritimes, trois. Une vague qui conforte le Sud comme une région versée à droite. Mais une vague qui ne va pas devoir être ignorée localement.
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