Pourquoi Skilit fait le pari de l'IA sémantique

Installée à Marseille et Ventabrun dans les Bouches-du-Rhône, cette jeune pousse bâtit une intelligence artificielle fondée sur les connaissances en sémantique, capable, sur la base d'un texte, de tirer des éléments de compréhension concernant la personnalisé et les modes de fonctionnent de son rédacteur. Une technologie qui s'adresse évidemment en premier lieu au secteur des ressources humaines. Mais pas seulement...
(Crédits : DR)

Le robot conversationnel ChatGPT est-il vraiment intelligent ? La question se pose. D'un point de vue technologique autant que philosophique. Mais pour Julia Santi, fondatrice de Skilit, la principale faille de cet outil consiste en son manque de lisibilité.

« ChatGPT tourne à partir d'un nombre énorme de paramètres. On a l'impression qu'il converse, mais il est en fait seulement basé sur des statistiques et des mathématiques ». Plus que d'apporter des réponses qui ont du sens, il construit ses phrases selon la probabilité qu'un mot arrive après un autre. S'appuyant pour cela sur une base astronomique de données très diverses. Une IA puissante, certes, mais pas vraiment sensée. Et c'est sur ce point qu'entend se distinguer Skilit.

Exprime-toi, je te dirai qui tu es

Fondée en mai 2022 par quatre associés issus pour l'essentiel de l'univers du conseil aux entreprises, Skilit « croit en une IA très explicable ». Une IA « frugale », qui se nourrit de données tirées d'un référentiel de 36.000 mots. Un référentiel que les fondateurs de la société ont construit tout au long de leur parcours afin de déterminer des traits de personnalité, des modes de fonctionnement à partir du type de vocabulaire employé par une personne. Et qu'ils ont perfectionné en lien avec le monde de la recherche.

Dès lors, Skilit a développé un algorithme qui permet, en passant tous ces ingrédients à la moulinette, d'obtenir « une vision très claire de ce que la personne communique ». Façon d'automatiser et d'objectiver des pratiques auxquelles avaient déjà recours, mais de manière plus intuitive et chronophage, les associés de la startup. « Cette méthode permet de donner du sens à la donnée. Cela limite les biais ».

Les ressources humaines comme première cible

Avec cette capacité à traduire la personnalité d'une personne sur la base de son langage, l'IA sémantique de Skilit s'adresse évidemment au secteur des ressources humaines. « Notre premier client a été la Cité des Métiers à Marseille ». Ensemble, ils ont développé MySoftSkills à destination de jeunes sans emploi, pas ou peu diplômés. A partir de textes rédigés par ceux-ci (lettre de motivation par exemple), un algorithme leur propose une rosace mettant en avant leurs habilités. Habilités qui sont ensuite croisées avec une base métier, permettant d'identifier des idées métiers et donc des formations pertinentes.

L'entreprise travaille également avec le réseau de chasseur de têtes Matcheed pour qui elle a conçu une plateforme sur-mesure. Et sur lequel elle s'appuie afin de distribuer sa solution à d'autres cabinets de conseil.

Enfin, elle s'est engagée aux côtés de l'Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l'éducation) qui forme les futurs enseignants. Sa technologie permettant de mieux cerner la personnalités et les besoins spécifique de chaque étudiant en matière de formation. Pour « une pédagogie plus personnalisée ».

Des applications très liées aux ressources humaines. Ciblant autant les institutions que les entreprises, Skilit étant pour l'heure particulièrement sollicitée par des grands groupes. Mais Julia Santi voit un potentiel auprès d'autres acteurs, à savoir ceux de l'intelligence artificielle. « Nous souhaitons nous rapprocher d'eux pour leur proposer une autre manière d'appréhender l'IA, avec plus de sens ».

De grandes ambitions

Après un peu plus d'une année d'existence, l'entreprise, qui est accompagnée par Marseille Innovation et a bénéficié d'une bourse French Tech de Bpifrance, est composée de sept personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 300.000 d'euros et prévoit d'atteindre assez rapidement le million d'euros.

Elle entend accentuer ses efforts commerciaux avec le recrutement d'un chargé d'affaires notamment. Et elle a encore des chantiers à mener sur le terrain de l'innovation. « Pour le moment, notre algorithme analyse le vocabulaire des personnes. Mais l'ordre des mots, la syntaxe, est elle aussi importante ». L'outil a par ailleurs vocation à devenir auto-apprenant. Et certains biais peuvent encore être améliorés, en lien avec le monde universitaire.

Un monde sur lequel l'entreprise mise beaucoup pour apporter de la robustesse et du crédit à sa technologie. « C'est capital pour nous. Nous prévoyons de passer par des acteurs du transfert de technologies comme la Satt Sud-Est ». Avec l'idée de déposer des brevets. « Et en septembre, un doctorant (thèse Cifre) nous rejoindra pour travailler sur les liens entre langage, habitudes et confiance ».

Grâce à ses efforts commerciaux accrus et à l'amélioration de sa technologie, Skilit espère constituer d'ici 5 à 7 ans une équipe de 31 salariés, avec un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros. « Nous avons de l'ambition parce que l'on sait que notre technologie est porteuse ».

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