Inclusive Brains développe une IA télépathique

Installée à Marseille, cette jeune entreprise développe une interface permettant d'analyser de manière multimodale différents signaux émis par le cerveau. Ce, afin d'identifier des pensées, des émotions et de commander certains objets connectés par la pensée. Une technologie qui cible en premier lieu les personnes lourdement handicapées, mais qui pourrait, à terme, être utilisée par le plus grand nombre.
(Crédits : DR)

Fréquence cardiaque, respiration, température corporelle et, désormais, activité électrique du cerveau... Les objets connectés se fardent de toujours plus de capteurs nous permettant de mesurer divers paramètres de notre activité physique. « Les entreprises, notamment les Gafam, travaillent beaucoup sur le matériel. Un peu moins sur les algorithmes », observe Paul Barbaste, co-fondateur d'Inclusive Brains. Surtout, ces algorithmes permettent généralement de n'analyser d'un seul type de signal corporel à la fois. C'est sur ce point qu'entend se distinguer l'entreprise marseillaise. « Pour comprendre l'état physiologique d'une personne, on a besoin de relier les informations émises par les ondes du cerveau avec celles concernant la respiration ou le rythme cardiaque ». Ce que propose son produit Brain OS, « un algorithme multimodal basé sur l'intelligence artificielle, avec plein de capteurs connectés ».

Une technologie qui se veut être la brique d'après ChatGPT. Car si ce dernier permet de comprendre le langage humain, l'IA multimodale telle que la propose Inclusive Brains a vocation à identifier le langage non verbal : celui des émotions et des pensées.

Un partenariat avec la CCIAMP pour se lancer

L'aventure d'Inclusive Brains démarre en 2017. Paul Barbaste est étudiant à Sciences Po Strasbourg lorsqu'il découvre qu'Emotiv, société pionnière des neurotechnologies portables, a permis à une personne tétraplégique de contrôler une Formule 1 par la pensée. « Cette performance me faisait rêver alors j'ai commencé à travailler sur une interface cerveau-machine ». Puis après quelques années, lorsque le projet semble bien avancé, l'étudiant prend contact avec le président d'Emotiv, Olivier Oullier. « Pendant la suite de mes études, il est devenu mon mentor ». Puis Olivier Oullier finira par quitter Emotiv pour devenir en 2022 cofondateur d'Inclusive Brains aux côtés de Paul Barbaste.

Parmi les premiers partenaires du projet : la CCI d'Aix-Marseille Provence. Alors que celle-ci installe au Palais de la Bourse une exposition immersive autour de la Joconde, elle permet à Inclusive Brains de tester ses premiers prototypes de détection des émotions. « Nous avons créé une interface qui permet de réaliser une peinture à la façon de Léonard De Vinci avec une modulation du style en fonction des émotions ».

Un partenariat qui se poursuit désormais à travers un autre projet : celui de permettre à des personnes lourdement handicapées de taper des messages par la pensée, à l'aide d'une interface reliée au cerveau grâce à un casque. « L'interface interprète des signaux et les transforme en commandes ». Et pour plus de fluidité, le clavier devrait être connecté à une IA capable d'améliorer la vitesse de frappe et de corriger automatiquement d'éventuelles fautes.

« Nous avons développé un premier prototype dont les résultats étaient très intéressants. Nous avons lancé le second en décembre et nous passons désormais en production sur une troisième version qui devrait être utilisée fin 2023 ».

Du handicap au grand public

Un développement qui vise en premier lieu le marché du handicap. « Nous sommes en contact avec des associations de patients comme l'Association des paralysés de France ».

Mais l'entrepreneur de rappeler que parfois, les innovations pensées pour les personnes handicapées finissent par s'imposer auprès du grand public. Et de citer l'exemple de la télécommande permettant de changer de chaîne sans de déplacer ; ou encore des assistants vocaux initialement pensés pour des personnes mal ou non voyantes.

Ainsi, la technologie d'Inclusive Brains pourrait être utilisée dans la prévention des accidents. « Beaucoup d'erreurs sont causée par une surchauffe du cerveau. Nous commençons des expérimentations sur des chantiers », avec un casque qui pourrait envoyer à son utilisateur en cas de stress trop important. Ce, en toute confidentialité, promet l'entreprise.

L'interface de l'entreprise pourrait aussi prendre place entre nos cerveaux et les différents outils mis en place par les géants du numérique : de l'écouteur connecté qui permettrait de changer de musique par la pensée, au casque de réalité virtuel. « Les géants se positionnent sur le hardware et nous sommes assez complémentaires ».

Mais pour être suffisamment visibles à leurs yeux, l'entreprise doit encore croître. Ce qu'elle prévoit de faire grâce à une prochaine levée de fonds dont elle ne souhaite pour l'heure pas communiquer le montant. Celle-ci devrait l'aider à étoffer ses effectifs, passant rapidement de cinq à une dizaine de salariés.

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