Klearia ouvre le champ des possibles aux laboratoires sur puce

Fondée en 2012 sur le plateau de Saclay, la start-up désormais basée à Nice amène la technologie des laboratoires miniatures, connue pour son usage médical, vers des applications industrielles… Où il est question d’analyse de polluants, d’optimisation des process et même de chimie du futur.
(Crédits : DR)

Klearia fait partie de ce qu'on appelle les "deep tech", ces jeunes pousses disruptives qui développent des technologies considérées comme fortement novatrices. Née du côté de Saclay, la start-up désormais niçoise s'est intéressée aux laboratoires sur puce, ces laboratoires miniatures passés depuis longtemps déjà dans l'usage courant afin, par exemple, de mesurer le taux de glucose présent dans le sang ou encore de faire un test de grossesse. Soit, "quelques cm² capables de faire un dosage chimique n'importe où, n'importe quand et par n'importe qui, que nous avons retravaillés de façon à répondre aux besoins industriels", explique Clément Nanteuil. Qui a consacré à ce sujet ses travaux de thèse, réalisés au sein du Laboratoire de Photonique et Nanostructures (devenu depuis Centre de Nanosciences et de Nanotechnologies). Lesquels ont donné lieu à un dépôt de brevet. Avant de fonder, en 2012, Klearia. Laquelle, près d'une décennie plus tard, déploie son premier produit.

Première cible, le secteur de l'eau

Baptisé Panda, présenté sous la forme d'une mallette, cet analyseur vise à répondre aux besoins d'analyse des polluants dans l'environnement, et plus particulièrement des concentrations de métaux dans l'eau potable. Une première application co-développée avec les industriels de l'eau embouteillée qui ont vu dès 2014 l'intérêt du produit. "Notre analyseur est autonome, fiable et simple d'utilisation. Il permet d'analyser sur site, après prélèvement sur la ligne de production, une très faible quantité de liquide et de transmettre très rapidement l'information via le cloud au service qualité", détaille le dirigeant. Exit donc l'envoi coûteux des échantillons au laboratoire d'analyse, la mobilisation d'opérateurs, l'attente... La seule maintenance "se limitant au changement des cartouches de consommables", indique Clément Nanteuil. Pour qui, "au-delà du contrôle qualité, évidemment capital, notre système permet de réduire les coûts, que ce soit en termes analytiques ou de process". Un double bénéfice que l'entreprise destine aussi aux collectivités, aux régies d'eau et aux industriels ayant des contraintes environnementales fortes. A cet égard, des pilotes sont en cours. L'idée étant d'élargir la gamme de polluants à analyser parmi lesquels "les pesticides et résidus de médicaments sont les plus emblématiques".

La chimie de demain

Toutefois, Klearia n'entend pas se limiter à l'analyse et lorgne de plus en plus du côté de la chimie de synthèse. "Notre technologie peut aller plus loin, notamment dans le cadre de la production de produits chimiques que l'on peut rendre plus vertueuse, avec de meilleur rendement et moins de consommation énergétique et de matière première". Une promesse actuellement en développement auprès d'un "grand groupe de cosmétologie" pour lequel la jeune pousse travaille sur "un instrument" dédié dans un premier temps à la R&D et appelé à terme à être déployé sur les chaînes de production. Exit, là encore, "la chimie à la papa où tout est mélangé dans de grands réservoirs". Place à "la chimie du futur" qui consiste à travailler en continu, à des échelles de taille beaucoup plus réduites, ouvrant ainsi "la voie à des réactions chimiques nouvelles".

Montrer patte blanche

Hébergée depuis cette année à l'Imredd et au CEEI de Nice, Klearia emploie à ce jour 7 personnes. Un effectif qu'il s'agira de doubler rapidement si "notre dynamique se confirme". Car les projets s'accumulent. Parmi eux, un pilote avec Suez et Véolia, financé notamment dans le cadre des investissements d'avenir. D'autres s'intéressent au marché du grand public, se diversifient vers la pétrochimie, s'invitent à l'international... Le champ des possibles s'ouvre. Et il s'avère large. D'où cette première levée de fonds de 150 000 euros, de type love money, conclue cet été. Elle vient compléter les nombreux financements publics qui lui ont permis jusqu'alors d'autofinancer son développement. L'objectif désormais est d'accélérer et de se donner les moyens de ses ambitions en visant "une série A". Pour cela, il va falloir à Klearia montrer patte blanche. "Nous sommes positionnés sur un marché, l'eau, très conservateur où certains investisseurs ont connu des échecs, techniques notamment. A nous de leur prouver la validité de notre techno, son adoption par au moins un grand groupe et notre capacité à réaliser un chiffre d'affaires de 1 million d'euros". C'est ce vers quoi tend le dirigeant. En attendant, l'entreprise devrait clôturer l'exercice 2021 sur un chiffre d'affaires de 250 000 euros et atteindre l'équilibre en 2022.

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