VcoE, ce programme qui peut tout changer en financement de l’innovation

Il est doté de 150 millions d’euros ce qui en fait le levier qui manquait tant à l’innovation en santé. De quoi donner le carburant nécessaire aux healthtech et medtech, douloureusement en manque. Dans un contexte de pandémie, ce programme d’open innovation d’envergure européenne constitue évidemment un signal fort. Il est surtout de nature à (re)donner une place de leader à la France, face, particulièrement, aux Etats-Unis.
(Crédits : DR)

Le sujet, c'est encore Maryvonne Hiance qui le résume le mieux. Entrepreneure dans le monde des biotech, impliquée dans la création de fonds dédiés au secteur, présidente de France Biotech de 2016 à 2019 elle préside surtout HealthTech for Care, un fonds de dotation créé par France Biotech dont le sujet principal est l'accès, notamment, des nouvelles technologies et des nouveaux médicaments à tous. Un sujet extrêmement prégnant, que la Covid-19 a mis en exergue, en démocratisant particulièrement la télé-médecine.

Mais ce n'est qu'un bout du sujet. Rendre accessible tout ce qui se fait en matière d'innovation, au sens large, à tout un chacun, revêt plusieurs aspects. Mais à la base de tout, il y a le financement de l'innovation. Problématique récurrente qui concerne toute entreprise versée vers la disruption. En santé, cette problématique est centrale. Longtemps considérée comme un domaine où le ROI est long et incertain - par nature ce qui concerne la santé exige du temps - la santé, à la faveur du coronavirus, retrouve un intérêt certain aux yeux des investisseurs.

« Faire en sorte que les technologies innovantes en santé soient accessibles aux patients nécessite un financement adapté aux besoins des entreprises », pointe celle qui pilote depuis deux ans HealthTech Innovation Days, une manifestation justement dédiée à la connexion entre les différents acteurs de la communauté médicale innovante.

Financement à la hauteur

Dans ce contexte, la création de Venture Centre of Excellence est le signal tant attendu par les acteurs de l'innovation en santé. Appelé VcoE pour aller plus vite, ce programme de co-finvestissement européen est potentiellement doté de 2 milliards d'euros sur 15 ans et va surtout être financé à hauteur de 150 M€ par la Commission Européenne.

L'annonce - faite lors des HealthTech Innovation Days le 14 octobre dernier par Thierry Breton - est évidemment extrêmement prometteuse. Tout simplement parce que la somme dédiée est de nature à tout changer. Comprendre à donner - enfin - les vrais moyens en monnaie sonnante et trébuchante, ceux capable de permettre aux startups et entreprises innovantes d'avoir le carburant nécessaire pour développer et surtout rendre matures leurs projets. Et les conserver, autant que possible, sur le territoire national ou européen. Question de souveraineté...

VcoE est porté notamment par la branche santé de l'Institut européen de l'innovation et de technologie, en coopération avec le Fonds d'Investissement Européen et c'est EIT Health France que dirige Jean-Marc Bourez qui en assume la gestion. Et qui, lui aussi, connaît bien les problématiques qui sous-tendent le sujet. Si le transfert de technologie est plutôt bien organisé, l'amorçage « très bien structuré », il n'empêche que « à partir de la série B, le marché des sociétés de gestion en capital risque demeure encore sous doté, comparé aux Etats-Unis ou en Asie. Avec un écart de 1 à 10. Qui certes se réduit, mais il demeure indispensable de structurer le marché du venture capital ».

Conserver le capital des startups en Europe

Concrètement l'objectif de VcoE c'est bien d'apporter les financements tant espérés des pépites innovantes en equity afin de couvrir les besoins depuis la série A jusqu'à la pré-IPO. Avec, en sous-jacent, cette nécessité de donner les moyens qui vont bien pour que les startups innovantes n'en soient pas réduites, voire condamnées, à passer par la cession à un grand groupe, américain, chinois ou autre. L'idée - Maryvonne Hiance comme Jean-Marc Bourez insistent bien - est de conserver l'innovation et les talents associés sur le sol national ou européen. « Ce programme est la vraie réponse attendue », reconnaît Maryvonne Hiance. « Le combat était que les entreprises ne vendent pas leur patrimoine, molécule par molécule pour financer les autres ». « Nous voulons garder les entreprises innovantes en local. On ne dit pas qu'il ne faut pas aller se développer à l'export, aux Etats-Unis ou en Asie, mais le capital doit demeurer européen. Nous voulons tout simplement permettre aux entreprises européennes de se développer à l'international en accédant à plus de  capital-risque en majorité d'origine européen », complète Jean-Marc Bourez.

Financeur de l'innovation, VcoE est lui-même innovant à sa façon. « C'est la première fois qu'un programme permet aux investisseurs d'investir deal par deal sur une base discrétionnaire ». VcoE qui s'appuie sur une plateforme dotée d'IA afin de faire « matcher », le bon projet avec le bon investisseur. Une technologie apportée par Skopajy, société originaire de Grenoble. A noter aussi - et ce n'est pas anodin - que VcoE est basé en France.

Enjeu éco mais pas seulement

Quid maintenant des prochaines étapes ? D'ici le début du mois de novembre, un appel à manifestation d'intérêt va être lancé à destination des sociétés de capital-risque et capital développement pour sélectionner dans les 18 prochains mois, 15 à 20 investisseurs.

En parallèle, EIT Health publiera également un appel à manifestation d'intérêt à destination des industriels du secteur pharmaceutique, medtech et digital Santé, des assureurs et des gestionnaires de fonds pour sélectionner dans les 18 prochains mois aussi, 15 à 20 investisseurs potentiels.

« Nous sommes en train de basculer vers un nouveau modèle », résume Maryvonne Hiance. « L'enjeu est majeur au niveau économique, mais il y a toujours plus de malades dans le monde entier. Il existe aussi un enjeu sociétal majeur ».

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