Comment le coronavirus accélère le business modèle d'Emotivi

Avec le confinement, la préservation du lien avec nos aînés, en particulier dépendants, devient prégnante. Cette prise de conscience vient booster l’activité de la jeune pousse basée à Sophia Antipolis, à l’origine d’une solution qui transforme la télévision en outil de communication. Laquelle a dû s’adapter pour parer à l’urgence.
(Crédits : DR)

Emmanuel Castellani l'affirme d'emblée : "En termes de développement, la crise du Covid-19 est un véritable accélérateur". Et pour cause. A l'origine d'une solution technologique qui transforme la télévision en outil de communication permettant de favoriser les échanges entre les seniors en perte d'autonomie et leur famille, le co-dirigeant de la start-up sophipolitaine La Team voit depuis quelques semaines les demandes affluer. "La situation de confinement agit comme un révélateur", explique-t-il. "Elle met en exergue la fracture technologique qui existe entre les seniors dépendants et le reste de la population, et le besoin d'une solution ultra-simplifiée comme Emotivi pour rompre l'isolement affectif".

Briser la fracture technologique

Présentée au CES de Las Vegas il y a à peine trois mois, Emotivi vise donc à maintenir le lien avec nos aînés grâce à un système qui vient contrôler le téléviseur du senior sans que ce dernier, qu'il soit en établissement ou à domicile, n'ait besoin de manipuler une tablette, un smartphone ou encore une télécommande. Il se compose d'un boîtier de pilotage et d'alerte, associé à une caméra ainsi qu'à une web app permettant aux familles d'envoyer des messages (photos, vidéos, textes) ou de passer des appels en visioconférence. Une solution "custom", dixit Emmanuel Castellani, qui a depuis évolué pour parer à l'urgence. "Nous avons en effet dû repenser notre chaîne de valeur et de production pour être capable de répondre à la problématique du moment qui est de faire des installations rapidement". Et ce, de Monaco, où le CHPG a commandé une première série de 15 boîtiers, au Luxembourg où trois solutions-tests sont déployées dans les hôpitaux Robert Schuman.

Solution standardisée

Ainsi, le boîtier et ses composants se sont-ils standardisés. "L'alerte lumineuse, par exemple, passe désormais par des bandeaux de Leds comme ceux qui éclairent les placards de cuisine que l'on vient coller sur le poste", détaille le dirigeant. De même, le sourcing a été élargi afin de trouver des fournisseurs, en Chine, en Bulgarie, en Angleterre, en France, capables de fournir "en gros et vite". Résultat : "Nous sommes passés d'une capacité de production artisanale d'une trentaine de boîtiers par mois à un mode de process plus industrialisé permettant d'en assembler une centaine par jour", se félicite-t-il.

Par ailleurs, "la période actuelle nous a amenés à réfléchir sur une version dérivée de notre produit". Une version dite "publique" qui mutualise l'utilisation de la solution, chaque résident se voyant attribuer un code que sa famille active. "C'est un produit d'urgence, plus light que la version individuelle. Il ne s'agit plus de contrôler la télévision mais de mettre en place un système de visioconférence efficace et ainsi éviter de solliciter continuellement le téléphone du personnel, car c'est cela qui se passe aujourd'hui dans les établissements, avec tous les problèmes qui en découlent, notamment en matière de confidentialité".

Levée de fonds réorientée

L'ensemble de ces développements sont financés pour partie par les pré-commandes, ce qui évite à la jeune pousse de trop fragiliser sa trésorerie. "Les établissements achètent le système et paient un abonnement à la plateforme", lequel est toutefois offert pendant toute la période du Covid-19. Un modèle économique qui diffère de celui adressant les particuliers (mode SaaS), l'autre clientèle cible de la jeune pousse qui s'attelle actuellement à réunir l'ensemble des demandes dans un fichier de bêta-testeurs qu'il s'agira de servir une fois celui-ci suffisamment conséquent. Mais, aujourd'hui, "nous gérons l'urgence, et l'urgence, c'est les établissements", insiste le dirigeant.

Et Emmanuel Castellani de conclure. "En un mois, l'entreprise a fait un pas de géant." Business model validé, pilotes installés, gammes développées, capacité de production décuplée... et levée de fonds réorientée ! "Nous cherchions des fonds pour soutenir l'industrialisation de notre solution, ce n'est aujourd'hui plus la peine. Nous allons donc continuer à chercher des financements mais pour appuyer la commercialisation et développer une V2 plus intégrée, notamment au niveau de la caméra". Une étape qui devrait amener la jeune pousse, née il y a moins de deux ans, à étoffer son effectif composé à ce jour de deux salariés.

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