Gene & Green TK désolidarise les bactéries

La découverte de la startup installée à Marseille permettrait d’offrir une réelle alternative aux antibiotiques. Valorisée par la recherche fondamentale, elle vise à exploiter une enzyme dont la propriété est de contrer la virulence des bactéries.

C'est l'une des sept start-up qui a essaimé au sein de l'incubateur de l'IHU (Institut Hospitalo-Universitaire) Méditerranée Infection, lequel a pour objectif d'en voir se développer une par an : Gene & Green TK propose une nouvelle alternative aux antibiotiques en développant des agents d'anti-virulence bactérienne. Comme l'explique le responsable scientifique de la startup, David Daudé, "la plupart des bactéries ne pose pas de souci quand celles-ci sont sur la peau. En revanche, elles deviennent virulentes dès lors qu'elles déclenchent un système de communication qui leur est propre". La solution de Gene & Green TK, répondant au nom de VesuBACT, consiste donc à empêcher de faire en sorte qu'elles communiquent  en les mettant en contact avec des enzymes particulières. "Il s'agit de travaux qui proviennent initialement de l'armée, laquelle a œuvré sur ces enzymes et mis en avant leur capacité à dégrader les agents neurotoxiques. Certaines ont été découvertes dans le Vésuve et sont extrêmement résistantes : elles s'avèrent mille fois plus stables que les enzymes classiques, ce qui permet une plus grande maniabilité industrielle", explique le professeur Eric Chabrière, cofondateur en 2013 de Gene & Green TK avec le professeur Mikael Elias. Des travaux valorisés ensuite par la recherche fondamentale, au sein de l'unité de recherche sur les maladies infectieuses, tropicales émergentes, qui a démontré cette autre capacité des enzymes étudiées à dégrader la communication des bactéries.

Prioriser le besoin

L'équipe scientifique attachée au projet a déjà commencé à faire des essais chez l'animal. En administrant l'enzyme en question, une baisse spectaculaire de la mortalité a déjà été constatée chez le rat avec modèle de pneumonie. Le tout était de savoir ensuite quelle forme cette solution devait recouvrir, et sur quel support incorporer l'enzyme. "Le choix s'est porté sur la réalisation de pansements antibactériens. Des pansements pour le soldat notamment, afin d'éviter d'éventuelles complications et infections en cas de blessure. Ces travaux sont financés par la Direction Générale des Armées, avec laquelle nous avons passé un accord", développe Eric Chabrière. Mais le professeur reconnaît que l'exploitation des enzymes en question peut trouver de nombreuses applications. Toujours dans le domaine de la santé, elles pourraient se révéler salutaire pour le pied diabétique. "Son utilité serait également évidente dans d'autres secteurs, comme l'agroalimentaire, l'agriculture, l'aquaculture... Elle pourrait aussi entrer dans la composition des peintures de bateau, en ce qu'elle peut en effet éviter le biofouling. A savoir la capacité des bactéries à adhérer aux parois des navires. Il nous faudra prioriser le besoin... " Une hiérarchisation qui se fera aussi en fonction de la provenance des financements. Et pour l'heure, c'est avec l'armée qu'un contrat a été signé...

Des marchés prometteurs

Actuellement, la phase des tests précliniques s'amorce pour les fameux pansements, avant de pouvoir les tester sur les patients. Soit encore deux ans d'expérimentation. "Les briques techniques sont validées, reste à les assembler et à tester le prototype final". Puis viendra l'heure de l'industrialisation et de la mise sur le marché. "Ce n'est pas Gene & Green TK qui produira. Nous allons travailler en BtoB et passer des contrats avec des industriels qui achèteront la technologie sous licence. Car nous n'avons pas la force de frappe pour viser directement le particulier... Nous sommes d'ores et déjà en contact avec de grands groupes". L'idéal étant de contracter une licence d'exclusivité avec un industriel de chaque secteur visé... Licences et royalties constitueraient ainsi le CA de la startup. "Le but étant d'asseoir une première technologie afin d'en développer d'autres". Par exemple, toujours dans le secteur de la santé, la possible conception d'aérosols à destination des patients atteints de mucoviscidose, "même si l'aérosolisation est un procédé long est compliqué à développer". Toutefois, Gene & Green TK dégage d'ores et déjà du chiffre d'affaires, grâce à ses contrats de recherche, de développement, de vente d'enzymes négociés principalement avec l'armée. "Les revenus de la startup (qui compte 5 collaborateurs, NDLR) sont déjà équilibrés", précise Eric Chabrière. Prometteur pour la suite, lorsqu'on sait que le seul marché pour les pansements pèserait selon les prévisions, 50 M€.

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