Plan France 2030 : « Acteurs de l’hydrogène vert, unissons-nous pour créer des champions nationaux »

Le plan d’investissement France 2030 peut être un catalyseur essentiel pour répondre aux défis environnementaux. Mais derrière les annonces et la mobilisation de moyens conséquents, l’enjeu fondamental est d’unir tous les acteurs industriels, petits et grands, engagés dans la décarbonation de l’économie, et de créer les conditions favorables au développement d’un marché à grande échelle. *Par Pascal Pénicaud et Benoît Decourt, co-fondateurs d’Elyse Energy.
(Crédits : DR)

Avec 30 milliards d'euros sur cinq ans, le plan d'investissement France 2030 dévoilé par le président de la République, Emmanuel Macron, le 12 octobre dernier, est le signe d'une véritable prise de conscience des enjeux environnementaux, industriels et technologiques, aujourd'hui stratégiques pour construire la France de demain. Des enjeux sans commune mesure avec ce qui a été fait dans le passé et qui doivent permettre à la France de (re)positionner sa compétitivité sur le plan international.

Pour cela, l'État affiche une ambition forte et cohérente fixant un cadre de dix objectifs à atteindre d'ici à moins de dix ans et veut s'en donner les moyens pour y répondre. De plus cette annonce résonne comme un coup de projecteur formidable pour tous les acteurs industriels que nous sommes, engagés dans les défis de la transition écologique. Huit milliards d'euros seront ainsi orientés pour le secteur de l'énergie dans le but de « construire une France décarbonée et résiliente ». Une mobilisation de moyens financiers dont deux milliards d'euros s'ajouterons au Plan Hydrogène et seront consacrés à l'hydrogène vert en vue de décarboner, notamment, nos industries et les transports et, à terme, de devenir leader dans ce domaine.

Mais si ce plan est porteur d'espoir pour notre économie et pour la création d'emplois localement, deux conditions sont indissociables pour y parvenir : rassembler l'ensemble des acteurs vers un objectif commun et créer un marché stable.

Faire naître des références françaises

Se mettre en ordre de marche : agir ; vite ; ensemble ! Start-ups, PME, ETI et grands groupes impliqués dans le développement de l'hydrogène vert doivent dialoguer et multiplier les synergies pour réussir l'émergence de cette filière d'avenir.

Les grandes entreprises doivent tendre la main plus largement encore aux plus petites qui disposent d'une agilité plus grande, d'une connaissance approfondie du sujet et peuvent prendre davantage de risques. Chacune peut alors apporter sa pierre à l'édifice. De quoi permettre au pays de « se réindustrialiser » collectivement. Prenons exemple sur l'entreprise Verkor, fondée récemment à Grenoble par six entrepreneurs avec le soutien de partenaires financiers et industriels de toutes tailles dans le but de produire des batteries bas carbone pour l'automobile. Dupliquons ces modèles pour faire naître des références françaises dans d'autres domaines comme la cimenterie bas-carbone ou les carburants aéronautiques durables. Une alliance qui fera sens.

Nous, entreprises, en sommes capables d'autant que nous maîtrisons les technologies et possédons un niveau d'expertise élevé. Ce qui signifie que nous pourrions lancer des unités de production d'ici à trois ans et embaucher largement.

Mettre en place les conditions d'un marché

Cette ambition est possible seulement si, dans le même temps, l'État favorise l'essor d'un marché. Les solutions d'hydrogène vert sont aujourd'hui plus chères que les énergies fossiles, dès lors si nous voulons que les entreprises puissent les adopter, c'est au pouvoir public d'utiliser les moyens annoncés pour créer des conditions favorables par l'intermédiaire de mécanismes adaptés, stables et flexibles.

La dernière décennie a démontré l'efficacité des mécanismes focalisés sur la création de marché pour déployer rapidement de nouvelles technologies bas carbone comme le solaire photovoltaïque et l'éolien. Ces dernières ont dépassé les espérances des plus optimistes et ont engendré deux écosystèmes robustes générant des milliers d'emplois directs et indirects dans l'installation, la maintenance, le service, les financements...

Il est possible de reproduire cette réussite pour l'hydrogène vert tout en apprenant des ratés du solaire : Pour garantir une production locale des électrolyseurs, conditionnons le soutien des projets à leur fabrication en Europe. Pour limiter l'exposition des finances publiques, mettons en place des mécanismes de soutien tarifaire lié aux prix du carbone ou sous forme d'enchère.

Le plan France 2030 fixe donc un cap. Aujourd'hui, si nous attendons une traduction concrète des actes et une définition claire des règles du jeu, il est aussi urgent que nous nous unissons pour voir naître des champions français. Une condition aussi bien nécessaire que fondamentale si nous ne voulons pas descendre du train en marche et prendre de retard sur nos voisins européens et internationaux.

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