Comment DareWin Evolution prévoit d'améliorer la performance des microalgues

La théorie de Darwin appliquée aux microalgues, c’est tout l’objet du projet de recherche basé à Villefranche-sur-Mer, près de Nice. Celui-ci entend, au travers d’une approche de sélection variétale, mettre au point des souches de microalgues améliorées tant en performance qu’en productivité afin de booster une filière pleine de promesses, qui constitue, pour certains marchés, la seule alternative naturelle aux solutions pétrosourcées.
(Crédits : DareWin Evolution)

L'Europe, future terre d'algues ? C'est ce que laisse penser le rapport d'études de la Commission européenne publié en février 2023 sur le secteur. Celui-ci a connu une très forte croissance depuis 30 ans mais la production européenne ne s'est pas véritablement développée et représentait en 2019 moins de 1% des volumes mondiaux. Toutefois, c'est en Europe que l'on observe le plus grand nombre de startups dédiées à ce sujet et les plus gros investissements ces dernières années. « En termes de création de valeur, la France est en tête de course, particulièrement sur le segment des microalgues », avance Hubert Bonnefond.

Ingénieur agronome, titulaire d'une thèse en océanographie, l'homme évolue dans le monde des microalgues depuis une quinzaine d'années. C'est lui qui, en 2016, a co-fondé Inalve, bluetech basée à Nice et spécialisée dans la production de microalgues sur biofilm. Laquelle vient de lever 4,7 millions d'euros pour s'imposer sur le marché de l'aquaculture. Hubert Bonnefond, lui, se concentre depuis une paire d'années sur un autre projet, toujours sur le même segment, mais qui vise cette fois-ci à maximiser les microalgues en performance et en productivité.

Sélection darwinienne

Baptisé DareWin Evolution, il part du constat suivant : « Les microalgues constituent un marché prometteur, tant d'un point de vue environnemental que des débouchés. Pourtant, elles apparaissent dans un nombre de cas restreints et les volumes sont limités à cause, notamment, de leur manque de performance ». D'où un nécessaire travail de sélection variétale des microalgues sauvages utilisées aujourd'hui, à l'image de ce qui a été fait en agriculture. C'est tout l'objet de la future deeptech qui reprend donc la théorie de l'évolution des espèces de Darwin qu'elle a revisitée avec des algorithmes de pilotage et de modélisation.

« Nous exerçons une pression sur une population d'algues et, sous ce stress, la population évolue progressivement pour aboutir, 6 à 9 mois plus tard, à une nouvelle population plus performante », détaille le dirigeant. La performance dépend du stress choisi et de son mode d'application : « Cela peut vouloir dire pousser plus vite, produire plus de lipides et d'oméga 3 ou encore mieux fonctionner en bioremédiation (décontamination des milieux pollués, NDLR) ». Pour se faire, des outils spécifiques ont été développés, des petits réacteurs pilotés par logiciel, permettant de sélectionner les microalgues et d'appliquer les pressions de manière dynamique.

En amont de la chaîne de valeur

A la manœuvre, une poignée de chercheurs, dont Hubert Bonnefond, Charlotte Gaviard et Olivier Bernard, issue de l'équipe Biocore, une unité de recherche mixte réunissant notamment l'Inria, l'Inra, Sorbonne Université et le CNRS au travers du Laboratoire Océanographique de Villefranche-sur-Mer. Ces deux dernières années, ils ont travaillé à structurer et industrialiser l'approche, les méthodes et les réacteurs de sélection pour être en mesure de proposer aux industriels une offre packagée de souches de microalgues améliorées. « A la manière des semenciers, nous fournissons une souche que nos clients mettent en production et exploitent. Nous intervenons en amont de la chaîne de valeur. »

Différents PoCs sont en cours, dans les domaines de l'agroalimentaire et de la bioremédiation. « Le besoin est bien caractérisé et compris par les producteurs d'algues, des choses se mettent en place plus vite que cela ne se fait classiquement », observe-t-il. Passé par le Startup Studio de l'Inria, accompagné par l'incubateur Provence Côte d'Azur, le projet deviendra entreprise au cours de l'été, hébergée à Villefranche-sur-Mer. « Nous travaillons sur les premiers recrutements, l'accélération du développement, la sécurisation des financements et la réalisation d'un premier chiffre d'affaires ». Avant de s'engager dans une levée d'amorçage, autour du million d'euros, pour prendre position sur un marché « plus qu'en devenir ». « L'industrie des microalgues évolue vite et constitue dans certains domaines une des seules solutions alternatives aux produits pétrosourcés, à l'image des colorants bleus utilisés dans l'alimentation. »

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