Avec son bateau semi-submersible, Platypus Craft veut valoriser les fonds marins

La startup basée à Marseille propose un bateau capable de naviguer sous l'eau afin de pouvoir contempler la faune et la flore sous-marine. Un prototype a déjà réalisé des expéditions pour recenser la vie sous la surface, mais il reste à trouver une première commande pour lancer la fabrication en série.
(Crédits : Platypus Craft)

Que ce soit en lisant la description, en voyant les images réalisées avec un outil numérique ou en regardant les vidéos du prototype en pleine mer, le bateau de Platypus Craft interpelle. Si au premier abord il ne présente qu'un design un peu différent, son originalité tient dans sa capacité à naviguer sous l'eau. Pour résumer simplement, la partie au centre du bateau avec le pilote et des passagers peut se déployer sous la surface pour continuer de naviguer tout en regardant les fonds marins. « C'est un changement de paradigme complet, je suis convaincu qu'il est plus intéressant d'être sous l'eau que dessus », avance François-Alexandre Bertrand, fondateur de la startup marseillaise et à l'origine de cette idée.

L'idée justement, cet ancien directeur d'un cabinet de conseil l'a eu en 2009 lors d'une plongée sous-marine durant voyage en Australie. Si la société est créée à cette date-là, c'est un peu plus de dix ans après que François-Alexandre Bertrand s'y consacre à 100%. Ce n'est qu'en 2022 qu'il réalise une première expédition avec un prototype. « Un long chemin, souffle-t-il. Ce n'est pas évident d'être aussi innovant ». Désormais, c'est au Vieux-Port que se trouve son bateau, ou du moins le prototype. « Nous sommes en train de développer le bateau de série », pointe-t-il. Le dirigeant veut proposer « un excellent bateau de surface compétitif avec ses concurrents » qui permettrait donc de passer en quelques secondes en position sous-marine.

Des lettres d'intention mais pas de commande

Arriver à cette étape à nécessité un long travail de recherche et développement, pour trouver les bons matériaux, travailler la stabilité, ou encore intégrer des moteurs électriques. Pour ce dernier élément, un accord avec le norvégien Evoy vient tout juste d'être signé. En tant que concepteur, Platypus Craft s'appuie pour la réalisation sur de nombreux partenariats comme avec l'agence de design L2 Concept ou le fabricant Mercury.

Dans sa forme finale, le bateau permet donc de descendre à 2,5 mètres de profondeur avec une capacité totale de six personnes. Les personnes sous-l'eau, celles qui le veulent peuvent rester en surface sur la partie émergée, utilisent un masque qui leur permet de respirer. Pour ce qui est du pilote, il se trouve lui aussi sous l'eau mais dispose d'un écran afin de voir ce qui se passe à la surface grâce à quatre caméras. « C'est grâce à ce système que nous avons pu obtenir l'homologation pour le bateau », pointe François-Alexandre Bertrand.

Reste désormais à concrétiser la partie commerciale. « J'ai 18 lettres d'intention, mais il faut un acteur qui passe commande pour lancer la construction », note François-Alexandre Bertrand. Après avoir visé les petits opérateurs, le dirigeant s'attaque désormais au plus gros dans l'espoir de signer un contrat. « Nous visons le tourisme premium du monde marin et sous-marin ainsi que le secteur du yachting », développe-t-il. Pour la plaisance, la cible est d'abord le B to B avant de s'adresser aux consommateurs si le marché prend.

Une levée de fonds pour la fabrication

Un volet environnemental est présent. Des expéditions en Corse et le long du littoral de la région Sud pour observer la faune et la flore sous-marine ont déjà été réalisées via l'association Blue Odyssey Initiative, dont François-Alexandre Bertrand est le président. « Pour faire ce recensement des fonds marins nous avons développé une solution afin de connecter les téléphones à internet sous l'eau », explique le dirigeant. A moyen-long terme, il aimerait que le développement de la pratique sous-marine via son bateau permette de cartographier les fonds et la vie qui s'y trouve.

Ces expéditions ont permis de toucher quelques subventions, mais sans commande Platypus Craft ne génère pas de revenu. Jusqu'à présent le financement s'est appuyé sur deux levées de fonds, 250 000 euros en 2021 puis 600 000 euros en 2022.  Une nouvelle est prévue avec un besoin total de quatre millions d'euros « pour la fabrication et la commercialisation ». De quoi faire passer l'idée originale à l'étape industrielle.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.