Spécialiste de l’immobilier géré, Odalys déploie sa stratégie de l’immobilier hybride en France et en Europe

Implanté à Aix-en-Provence, le groupe – filiale du Groupe Duval – a construit son expertise en immobilier géré depuis vingt ans, avec une vraie accélération depuis 9 ans. Présent sur l’ensemble des segments – de la résidence de tourisme, au coliving en passant par la résidence senior – Odalys, qui se distingue sur le marché immobilier en revendiquant une approche très hybride, poursuit ses ambitions de croissance, organique comme externe. Tout en intégrant les préoccupations environnementales et sociétales.
(Crédits : DR)

C'est un acteur un peu à part dans l'univers de l'immobilier. Né il y a 25 ans, Odalys s'est positionné d'abord en spécialiste de l'immobilier géré de tourisme. Une image qui lui colle d'ailleurs encore à la peau, comme l'explique son directeur général, Laurent Dussolier, alors même que le groupe, à coup de diversifications, est désormais présent sur l'ensemble de la chaîne de valeur. « Nous sommes très connotés vacances et résidence de tourisme, un segment qui représente 40% du chiffre d'affaires. Or notre groupe a basculé, nous sommes désormais les seuls à couvrir l'ensemble des produits gérés ou presque qui existent sur le marché. Le seul actif que nous n'avons pas est l'Ehpad ».

Odalys 2

L'immobilier hybride, le « vrai coliving »

De fait, depuis 9 ans, cette filiale du Groupe Duval s'est forgé une expertise forte dans ce que l'on appelle l'immobilier géré, un modèle qui est très connu côté particuliers et qu'a par exemple développé Pierres et Vacances, où les propriétaires détiennent murs et terrains, tandis que côté institutionnels, ce sont avant tout des banques, des assurances, des fonds d'investissements « qui possèdent des actifs et les mettent en gestion auprès d'un acteur comme nous », explique encore Laurent Dussolier.

Ainsi Odalys est aujourd'hui présent sur les segments résidences de vacances, de tourisme, sur les résidences étudiantes, le coliving, les appart-hôtels de centre-ville, l'hôtellerie et la résidence senior.

« Nous nous positionnons comme un spécialiste de la gestion de biens pour autrui, car nous possédons un vrai savoir-faire sur l'entretien de bâtiments, de gestion de baux à long terme, sur la commercialisation, sur les liens avec les locataires ».

Odalys qui complète également son expertise avec des activités connexes, donc une activité de syndic, qu'elle développe même parfois pour ses concurrents, revendiquant ainsi « une vingtaine de syndics que nous gérons pour le compte de tiers ». Et puis il y a aussi SDM, chargée de la fourniture de mobilier, neuf ou en rénovation, et qui source ses produits aussi bien en France, en Espagne qu'au Portugal ou en Europe de l'Est.

Odalys qui organise aussi le marché immobilier de seconde main, lors de tout changement ou modification de propriétaires.

Un éclectisme finalement très complémentaire et c'est précisément cela que revendique Laurent Dussolier : l'immobilier hybride. Lequel correspond, argumente-t-il, avec l'évolution même des usages.

« Je crois à un immobilier hybride, avec des clients hybrides. Aujourd'hui, nous vivons tous différentes périodes dans la vie, parfois nous sommes seuls, en couple, puis avec les enfants, puis l'adolescent part étudier.... Parfois aussi une entreprise envoie un salarié pour une mission courte.  L'intergénérationnel, c'est le vrai coliving. Au final, nous possédons 250 colivings en France. C'est adapté aux générations qui veulent être moins tenus par un bail. Plus c'est flexible, plus nous sommes dans le vivre ensemble ».

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Préoccupation environnementale et CAPEX

Outre l'évolution sociétale et la question de l'usage, la dimension préservation et préoccupation environnementale n'est pas moins absente de la stratégie. S'il revendique avoir « dix ans d'avance sur ce que demande le décret tertiaire », reste que les bâtiments anciens doivent être rénovés et que cela « réclame du CAPEX », c'est-à-dire des investissements que tous les propriétaires ne peuvent parfois pas consentir car mobilisant des moyens financiers importants, « tenir une vraie ambition carbone est un challenge », faire remarquer Laurent Dussolier. « Il va falloir rénover de fond en comble des bâtiments anciens. Nous ne pouvons qu'inciter nos propriétaires à la faire. Comment on le finance, à quelle vitesse ? Peut-on pénaliser des groupes qui ne sont pas propriétaires, à qui on ne donne pas nécessairement les moyens ? » interroge-t-il, posant ainsi face à une volonté des questionnements très pragmatiques.

Laurent Dussolier qui souligne également la complexité à agir sur le Scope 3 du bilan carbone. « 75 à 80% des émissions annuelles proviennent de nos clients qui viennent et repartent. Tant que l'on n'aura pas résolu la question de l'accès aux stations autrement qu'en voiture, cela restera complexe ».

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Une foncière dédiée au camping

Alors qu'Odalys inaugure notamment son nouveau navire amiral à Marseille, dans le quartier de La Joliette et le périmètre d'Euroméditerranée, le groupe ne compte pas ralentir la cadence et avoue disposer de beaucoup de projets, lesquels doivent lui permettre d'atteindre un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros « assez vite » - avec 400 millions d'euros attendus pour l'exercice en cours - prévus en croissance organique mais aussi en s'appuyant sur des opérations de croissance externe, « plus ou moins importantes », pointe Laurent Dussolier.

Sur le segment tourisme et résidences de vacances, Odalys demeure attentif aux opportunités qui pourraient se présenter, alors que des projets s'ouvrent notamment à Royan en Gironde, sur la presqu'île de Giens, dans le Var ou encore à Vars dans les Hautes-Alpes ou La Rosière, en Savoie. « Le groupe s'est développé en ouvrant à peu près 10 résidences par mois, depuis le début. Nous continuons comme cela. Nous avons plutôt vocation à rester en France », précise Laurent Dussolier, mais « si une opportunité se présente en Espagne, nous irons peut-être ».

Côté camping, après l'acquisition de Flower Camping en juin 2022, « première franchise en France, qui était en décroissance », une quinzaine de nouveaux adhérents va rejoindre l'aventure en 2024 alors que, et c'est une grande première pour Odalys, « nous avons créé une foncière pour acheter des campings. Nous devrions réaliser deux ou trois acquisitions dans l'année, avec l'objectif d'en réaliser 5 par an. Cela peut être des petits groupes que nous rachetons, des campings individuels... Nous avons de fortes ambitions sur ce segment. En France, mais aussi à l'étranger, en Espagne, en Italie, au Portugal, en Europe du Nord, en dehors de l'Europe... Nous ne nous interdisons rien ».

L'international, entre Europe et Afrique

« Vraie ambition » assumée tout autant sur le segment des résidences étudiants. « Nous sommes un acteur européen depuis longtemps grâce à nos résidences au Portugal alors que nous allons ouvrir une résidence à Porto et à Lisbonne. Nous regardons également l'Espagne, la Belgique où nous avons signé deux projets qui devraient voir le jour d'ici deux ans. Nous regardons l'Italie et la Pologne également », détaille Laurent Dussolier.

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Marché qui repart après le Covid, le marché des résidences de centre-ville est surtout dynamique en Afrique, où Odalys a entamé des travaux, à Kigali au Rwanda et Abidjan en Côte d'Ivoire, pour des appart-hôtels qui seront livrés pour 2025, avec un modèle qui répond au besoin africain, intégrant piscine, salle de congrès... « Nous ne copions-collons pas les modèles, nous nous adaptons aux territoires », insiste, par ailleurs, Laurent Dussolier. Odalys qui s'intéresse à d'autres pays d'Afrique, tels le Ghana ou le Sénégal et le Nigeria.

Une branche hôtellerie a par ailleurs été créée et au travers de projets en Afrique, en Provence Alpes Côte d'Azur et à la montagne, va générer une véritable structuration avec la volonté de créer une hôtellerie lifestyle, avec « des marqueurs communs mais des produits qui ressemblent à leur territoire ».

La vision de dans 5 ans

En ce qui concerne les résidences senior, l'objectif est d'atteindre rapidement un portefeuille qui passe de 10 résidences à 50 résidences, question de taille critique.

Le tout doit ainsi nourrir le développement d'un groupe qui a accéléré sa structuration et qui regarde très attentivement les nouveaux usages. A horizon 2030, cela donnerait un groupe leader sur ses différents métiers, souhaite Laurent Dussollier. « Nous voyons bien que le camping est un mode d'hébergement qui plaît pour cause de bon rapport qualité/prix. Notre positionnement est le camping proche de la nature pour profiter de moments avec ses proches. La résidence classique est encore un produit d'actualité, avec les avantages de l'hôtel ou du Airbnb remis dans un ensemble. Le vrai sujet sur les résidences de tourisme c'est comment on gère la montagne et l'hiver. Il existe un sujet de pérennité du business, d'adaptation au changement climatique », analyse Laurent Dussolier. Qui pose la problématique de besoin du foncier pour poursuivre le développement des résidences étudiantes. « C'est un défi de coliving. La résidence étudiante doit s'inscrire dans son quartier. Nous avons ouvert nos résidences à l'extérieur, avec des salles de fitness par exemple, de salles de réunions, des cours de suivi scolaire ». Pour ce qui est de la résidence senior, reste à changer l'image qui colle encore à la peau de ce segment où les scandales tels celui qui a touché Orpéa - désormais appelé Emeis - participe à un mélange des genres. « Il faut lui redonner ses lettres de noblesse. Ce n'est pas un pré-Ehpad mais un endroit où l'on vient retrouver du lien social ». Le lien social, comme fil rouge d'une stratégie qui veut répondre à l'usage de l'immobilier, usage en perpétuelle évolution. Ce qui constitue, inévitablement, un autre challenge.

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