Déconstructeur automobile, Fert Recyclage investit 28 millions d’euros pour s’industrialiser

Installée à Visan dans le Vaucluse, l’entreprise familiale spécialiste du recyclage et de la valorisation de véhicules hors d’usage, de fer et de métaux va investir une enveloppe globale de 28 millions d’euros d’ici à 2033 pour industrialiser et moderniser ses sites de production et ainsi prendre une meilleure position sur un marché appelé à grossir avec l’essor de l’économie circulaire.
(Crédits : DR)

Depuis quarante ans, Fert Recyclage recycle. Les pièces automobiles d'abord, issues de la déconstruction et de la valorisation des voitures hors d'usage. Avant de s'étendre, au gré des croissances externes opérées, aux véhicules poids lourds, au matériel agricole, aux motos et, enfin, au négoce de fer et métaux. Autrement dit, la PMI familiale née en 1983 dans le Vaucluse, 210 collaborateurs et un chiffre d'affaires de 36 millions d'euros au compteur, pratique l'économie circulaire « depuis toujours », bien avant même l'invention du terme, apparu pour la première fois en 1990, et la démocratisation qui s'en suivit. « Ce qui a changé, relève Attilio Fert, son dirigeant, ce n'est pas tant le fait de produire de la pièce issue de l'économie circulaire que les moyens de la produire. Les process sont plus industriels, les outils plus modernes et digitaux. »

28 millions d'investissement d'ici à 2033

Le métier s'est en effet professionnalisé sous la houlette d'une nouvelle génération. Attilio Fert est de celle-là. Aux manettes opérationnelles depuis cinq ans, le trentenaire travaille à transformer l'entreprise afin de pérenniser sa croissance, et l'adapter aux enjeux environnementaux et sociétaux actuels et futurs. Il a ainsi investi 2 millions d'euros en 2022, 8 millions d'euros en 2023, et prévoit de faire autant en 2024. Au total, la PMI s'est fixé un objectif d'investissement de 28 millions d'euros d'ici à 2033 pour moderniser et industrialiser ses quinze centres de valorisation, dont onze sont dédiés à la déconstruction de tout type de véhicules. Situés dans le quart Sud-Est, « de Valence à Marseille, de Apt à Carcassonne », ils forment un maillage permettant à Fert Recyclage « d'intervenir rapidement une fois le feu vert des assurances donné pour récupérer les véhicules à valoriser et approvisionner le marché local. » Les pièces produites servent plusieurs débouchés : la seconde main, la rénovation et l'export. Quant aux matières, comme l'aluminium d'une jante abîmée, elles sont massifiées et revendues à des aciéries et ferrailleurs.

Être apporteur de solutions

Parallèlement à cette campagne d'industrialisation et de modernisation des sites, Fert Recyclage cherche à élargir son maillage au Grand Sud en recourant, toujours, à la croissance externe. A cet égard, « nous sommes en veille permanente », indique le dirigeant, d'autant que la PME se trouve en capacité de mieux digérer toute nouvelle acquisition. Une réorganisation a en effet été menée, centralisant toutes les fonctions support et les ressources du groupe à Visan, orchestrées en deux business units, dans le but d'optimiser la gestion des sites. Lesquels peuvent se concentrer exclusivement sur leur activité de production. Par ailleurs, des services logistiques, communication, travaux... ont été créés en interne. Et un call-center est actuellement en préparation pour améliorer « le sens du service ». « Nous ne sommes plus vendeurs de pièces mais des apporteurs de solutions : une pièce issue de l'économie circulaire, peu chère, livrée en 24 ou 48h et garantie un an ».

Un marché qui décolle mais n'explose pas (encore)

Cette conversion s'inscrit dans un contexte de marché qui évolue doucement mais sûrement. En France, selon l'Argus, entre 1,4 million et 1,6 million de véhicules hors usages sont recyclés chaque année. Si l'on se fie aux données de l'organisation professionnelle SRA (Sécurité & Réparation Automobile), qui regroupe les entreprises d'assurance automobile, le taux d'utilisation des pièces de réemploi a enregistré au cours du premier trimestre 2023 une croissance de 16% par rapport à la même période de 2022. Toutefois, « il n'y a pas d'explosion, assure Attilio Fert. Si les premières résistances sont passées, nous ne constatons pas encore d'accélération notable ». Le recours aux pièces de réemploi reste en effet marginal, pesant moins de 5% du marché des pièces de rechange. Toutefois, quand le marché décollera, « nous serons prêts à le fournir ». La PMI vauclusienne déconstruit 24.000 véhicules par an, expédie chaque année 75.000 pièces de réemploi et dispose d'un stock de 240.000 produits.

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