Présent à 100% à l’international, le spécialiste du catering CIS vise désormais (aussi) le marché français

Jusqu’alors historiquement présent uniquement à l’international, majoritairement en Afrique, mais aussi en Eurasie et en Amérique du Sud, le spécialiste du catering pour les bases on-shore et off-shore compte désormais se positionner en France ainsi qu'en Amérique du Nord où des opérations de croissance externe sont envisagés. Un déploiement géographique qui s’accompagne en parallèle de la création de nouveaux métiers et services. Une orientation stratégique globale qui permet à l’ETI basée à Marseille de répondre à l’évolution du contexte économique mondial.
Yannick Morillon (à gauche) en visite sur les bases vies du groupe CIS, présent dans 20 pays, principalement en Afrique
Yannick Morillon (à gauche) en visite sur les bases vies du groupe CIS, présent dans 20 pays, principalement en Afrique (Crédits : DR)

CIS est une entreprise française avec une particularité, celle d'être tournée intégralement à l'export. Une spécificité qui tient à son métier même. Car Catering International Services - pour son nom complet - est de ces acteurs de l'ombre, discrets mais essentiels.

Créée à Marseille en 1992 par Régis Arnoux, celle qui est aujourd'hui une ETI, s'est spécialisée dans les métiers de la restauration, de l'hôtellerie et du facility management, ce qui l'emmène à intervenir sur des bases vie - ce que l'on appelle le onshore - et sur des plateformes en mer, offshore. Une spécialisation qui lui a ouvert les portes de quatre marchés en particulier : l'énergie, l'activité minière, les infrastructures de construction pour de grands acteurs tels Vinci ou Bouygues et les forces armées.

Une spécialisation qui explique cette forte présence à l'international, laquelle est majoritairement, à 50%, en Afrique mais aussi en Eurasie, pour 30%, le reste de l'activité étant réalisée en Amérique du Sud. Au total, l'entreprise française est présente dans 20 pays via 250 sites d'opération.

Discrète donc, CIS n'en n'est pas moins performante. Elle connaît au cours des dernières années une croissance régulière à deux chiffres. Début 2023, celle-ci s'affiche à 20,3% par rapport à 2022, avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 325,7 millions d'euros.

Capter les opportunités dont celles menées par la transition énergétique

Mais croître ne veut pas dire ne pas être percuté par les nécessités d'évolution stratégique. D'autant plus quand le contexte économique international évolue aussi fortement.

« Nous avons pour ambition de poursuivre notre développement malgré le contexte un peu perturbé. C'est-à-dire le contexte géopolitique, ce conflit russo-ukrainien, la zone du Sahel qui a vécu des mouvements, l'inflation à deux chiffres qui court un peu partout sur la planète. Mais CIS a fait preuve de résilience, en termes de croissance. La dévaluation de monnaie nous impacte toujours en 2023 mais nous sommes enthousiastes pour les années à venir, en 2024 aussi bien en termes de croissance que de carnets de commandes qui, à date, nous permet d'être plutôt confiants », explique le CEO, Yannick Morillon.

Car les opportunités sont là, menées par la transition énergétique notamment et par les besoins en souveraineté nationale, estime celui qui est arrivé dans l'entreprise en 2019 au poste de directeur général avant d'être nommé CEO il y a un an. C'est lui qui a poussé à la création d'un pôle innovation il y a 4 ans, lequel réfléchit à l'évolution des services et métiers additionnels. Tous, lorsqu'ils sont retenus, sont mis en œuvre avec un plan d'action et un business modèle associé. Il est question de numérisation et d'introduction des nouvelles technologies, comme s'appuyer sur la réalité virtuelle pour des modules de formation plus pointus, souvent en s'entourant des compétences de startups. Mais aussi d'introduire du traitement de l'air et la bio-désinfection par exemple. Un pôle innovation qui a ainsi mené à la création de 37 nouvelles lignes ou services.

Présence annoncée sur le marché français

Mais l'innovation ne fait pas tout. L'exploration de terrains jusqu'alors restés vierges est aussi une façon pour CIS de porter sa croissance. Yannick Morillon le dit bien, de nouveaux territoires s'ouvrent, des opportunités de croissance externes aussi.

« Je me suis engagé sur un plan de développement à 5 ans qui est ambitieux. Pour cela il faut faire évoluer nos organisations, il faut faire preuve d'innovation, il faut faire de la RSE tout en maintenant notre ADN, notre qualité de services et notre proximité client. Nous avons pour ambition, à court et moyen terme, de réaliser également des opérations de croissance externe. Et cela, dans nos cœurs de métiers. Elle cible une zone dans laquelle nous ne sommes pas encore, qui est l'Amérique du Nord. Des études et des pourparlers sont en cours », révèle le CEO de CIS.

Et pour l'entreprise sise à Marseille, le sujet est aussi d'installer sa présence sur son marché domestique.

« Le second volet, c'est la France. Nous avons une holding à Marseille et aucune activité en France. Il est impératif aujourd'hui d'avoir une activité sur le sol national, sur des métiers complémentaires. Et les métiers que nous ciblons sont ceux de l'ultrapropreté à travers des certifications dans le domaine de la santé, dans l'agro-industrie, et pourquoi pas dans le nucléaire ».

Avec les startups qui contribuent aux innovations de CIS par exemple, la possibilité de prise de capital n'est pas exclue. « Nous n'écartons aucune option », dit Yannick Morillon.

De la nécessité d'une politique RH fine

Qui dit croissance dit aussi besoin en compétences idoines. Un sujet auquel CIS n'échappe pas. Et cela aussi, exige des réflexions stratégiques. Car les métiers du groupe évoluent dans des environnements pas toujours simples. Et l'enjeu est de savoir d'ores et déjà identifier, repérer, former ceux qui seront les dirigeants et les responsables d'encadrement de demain.

Cela signifie regarder vers la jeune génération évidemment, mais sans omettre la génération des 40-50 ans, elle aussi réservoir de ressources dirigeantes, ni celle d'experts, proche de la retraite, mais précieux par leurs compétences métiers. Cette réflexion stratégique a mené le rapprochement avec l'école hôtelière de Marseille, CIS parrainant une promotion de BTS Hôtellerie. D'autres partenariats du même type devraient être noués. « Nous disposons d'une bonne marque employeur », revendique Yannick Morillon.

Levée de fonds envisagée

Les velléités de croissance sont également exigeantes en termes de ressources financières. Mais sur ce point, CIS a retrouvé une sérénité, notamment depuis que les points de crispation avec l'Algérie n'existent plus. Pour rappel, comme de nombreuses autres sociétés françaises, les transferts de dividendes de sa filiale Cieptal avaient été soumis à restrictions. Une filiale est désormais à nouveau contributive.

Cependant, pour aller plus loin, il faut le financement qui accompagne le mouvement ascendant. Une levée de fonds pourrait être prochainement réalisée. Elle pourrait inclure les partenaires bancaires habituels mais tout dépendra des cibles visées, estime le CEO de CIS.

A horizon 5 ans, Yannick Morillon imagine son entreprise être toujours performante, bien installée sur le marché français, en Amérique du Nord et en Asie du Sud-est. « Notre motivation première demeure l'aventure et la passion ». CIS, qui emploie 12.000 salariés dans le monde, devrait probablement communiquer son chiffre d'affaires 2023 dans les prochaines semaines.

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