Cop28, levier d’accélération pour Seawards, le spécialiste français du dessalement d’eau de mer ?

Présente à Dubaï avec la délégation tricolore, la startup originaire de Marseille compte sur ce rendez-vous mondial pour donner toute la visibilité possible à son procédé breveté de dessalement d’eau de mer, lequel privilégie la cryo-séparation. Une innovation qui place la jeune entreprise à contrepied des solutions déjà existantes sur ce sujet, alors même que parmi les thématiques de la Cop28 figurent la sortie rapide des énergies fossiles et la définition d’actions robustes et rapides.
(Crédits : DR)

En se tenant aux Emirats Arabes Unis, partie du monde peu connue pour sa bonne tenue en matière de sobriété énergétique, la Cop28 a divisé les opinions. Mais le rendez-vous est évidemment incontournable, aussi, tout ce que la planète compte d'acteurs impliqués, de gouvernements et d'experts, de converger vers Dubaï. Un déplacement qu'effectuent également Hervé de Lanversin et Hubert Montcoudiol, les deux co-fondateurs et dirigeants de Seawards. Un déplacement qui a posé question, « nous avons hésité », confirme le premier, mais le rendez-vous dubaïote est une occasion rare de pouvoir s'adresser à une communauté mondiale, qui plus est, attentive. Ce que ne saurait manquer une startup en pleine dynamique de démonstration de son concept. D'autant plus que la jeune entreprise embarque dans l'aventure avec la délégation française ce qui « fait de Seawards, une solution présentée comme une solution d'avenir », souligne Hervé de Lanversin.

La cryo-séparation, la solution différenciante

Sur le sujet plus précis du dessalement d'eau de mer, si l'idée en théorie, est géniale, elle se heurte pour l'heure à des problématiques de rejets qui viennent lourdement contrebalancer les bienfaits apportés. C'est ce qui a poussé la startup marseillaise à trouver une autre façon de faire. Avec notamment, comme objectifs, ceux de baisser le coût de la production de l'eau afin de rendre la solution accessible et ne pas générer de rejets toxiques. Seawards a ainsi développé un brevet qui privilégie la cryo-séparation, un principe de séparation de l'eau pure en cours de cycle de refroidissement, qui permet d'extraire les cristaux d'eau pure tandis que l'eau salée, encore dans son état liquide, est rejetée.

« L'agilité de notre système de modules nous permet une installation en tous lieux, d'être au plus près du besoin. Et d'être également le moins visible possible, ce qui diminue l'effet d'impact sur l'environnement, visuel également », détaille Hervé de Lanversin. Et d'ajouter que là où il était question de centrales de grande taille, il est préférable de penser systèmes plus modestes.

Une solution qui devrait voir un prototype être prochainement installé dans l'enceinte du Grand Port Maritime de Marseille-Fos avant qu'un démonstrateur pousse plus loin l'expérimentation en conditions réelles.

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L'innovation industrielle, un rythme « qu'il faut accepter »

« La COP28 va nous permettre de montrer notre engagement sur l'innovation industrielle », note Hervé de Lanversin, qui rappelle que le rythme de l'innovation industrielle est plus lent que tout autre innovation et qu'elle requiert donc de la patience, une capacité à laisser du temps pour qu'elle mature. « Il faut accepter un rythme qui prenne plus de temps. Notre innovation industrielle sert les ressources naturelles, ce qui n'est pas le cas de certaines autres innovations - comme les véhicules électriques - qui, elles, consomment de la ressource naturelle ».

Une Cop dont Hervé de Lanversin estime qu'elle doit aussi faire bouger les lignes et ne pas tout mettre dans les mains des discours institutionnels. « Nous voulons mettre en avant nos engagements personnels pour avancer vers une solution durable. Nous ne croyons plus aux réponses apportées par les dirigeants. Le monde est complexe et les dirigeants des différents pays ne savent pas faire face à cette complexité ». Laquelle complexité créée, par conséquence, un encombrement de solutions. Mais c'est aussi de cette pluralité, « que vont naître les solutions ».

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De cette Cop28 qui mettra donc en avant la solution tricolore, Seawards en espère une caisse de résonnance qui lui permettrait de se faire connaître à grande échelle et d'entamer des dialogues avec toutes les parties prenantes concernées. En France comme ailleurs dans le monde, dont l'Afrique où la startup a déjà mené des missions de prospection. Si les Cop posent des jalons, génèrent discussions et accords, elles doivent aussi rendre les solutions concrètes visibles. La transition environnementale est à ce prix.

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