Créations Serge Leibovitz, la passion des avions comme patrimoine... à transmettre

Depuis 1987 à Seillans, Serge Leibovitz fabrique des maquettes en étain blanc. Des bateaux, des bustes de pilotes, et surtout des avions à destination d'une clientèle qui s'est affinée en même temps que le savoir-faire du couple. Par trois fois récompensés du label Entreprise du patrimoine vivant, l'artisan, à l'approche de l'âge de la retraite, réfléchit à la transmission de sa TPE.
(Crédits : DR)

Il en a consumé, des pages de revues d'aviation. « En 60 ans de passion pour les avions, c'est vrai que j'ai pas mal accumulé », reconnaît Serge Leibovitz qui fabrique à Seillans des maquettes en étain, d'avions essentiellement.

Des revues tout droit venues des années 1920, 1930, 1940. A une époque pas si lointaine durant laquelle l'information n'était pas instantanément accessible à tous, et dont la possession constituait dès lors un patrimoine. Un patrimoine auréolé en 2010 d'un label Entreprise du patrimoine vivant. « Il a été considéré que notre documentation avait une valeur patrimoniale ».

Le label valorise aussi la façon dont l'entreprise a fait d'une pratique artisanale acquise sur le tas, un savoir-faire d'excellence reconnu par de fins connaisseurs.

Ces trucs de l'enfance "qui vous restent"

Tout commence en 1987. Serge Leibovitz est passionné d'aviation. Pas qu'il descende d'une lignée d'aviateurs. « Loin de là ! », plaisante-t-il. « Mon père faisait de la radio. Ma mère était couturière ». Mais cela n'empêche pas cette dernière d'offrir à son fils de nombreux livres sur l'aviation et ses grands noms, de Saint-Exupéry à Mermoz. « Il y a parfois des trucs de l'enfance qui vous restent ».

De sorte qu'après un début de carrière dans l'univers du jouet, cette passion le guide vers un autre projet. « Je me suis aperçu que l'on manquait d'objets cadeaux dans le domaine de l'aviation. C'est comme cela que nous (Serge Leibovitz travaille avec son épouse NDLR) sommes devenus artisans ».

Le couple se forme « tout seul », s'essayant à toutes les étapes de la fabrication de maquette, de la conception au polissage, en passant par la gravure. « Nous concevons des sculptures originales puis nous fabriquons nos propres moules et des inter-moules dans notre atelier de 60 m² ». Les entrepreneurs y injectent ensuite du métal, de l'étain blanc. « C'est un métal à basse fusion. Il est donc plus facile à travailler que l'aluminium ou le laiton ». En résultent des pièces brillantes, posées le plus souvent sur un socle en acajou. « Nos premières créations étaient moins accomplies qu'aujourd'hui. Mais cela a démarré vite et fort. Nous n'avons pas eu le temps de nous poser trop de questions métaphysiques ».

Une clientèle exigeante

Les premiers temps, l'entreprise court les salons et fournit des magasins de cadeaux. « Nous avions aussi une clientèle de magasins à l'international, au Japon, en Chine, en Italie, aux États-Unis, en Angleterre... »

Puis dans les années 2000, le spectre de la clientèle se resserre. « Nous nous sommes recentrés sur une clientèle de passionnés d'aéronautique. Des gens du milieu des armées, du Ministère de la Défense, de l'Otan... Des gens pointus, qui savent ce qu'ils veulent, avec les bons détails au bon endroit et qui trouvent nos modèles bien reproduits, bien que nous ayons notre style à nous. Nous sommes maintenant sur un marché de niche, tout ce qu'il y a de plus nicheux». Un positionnement qualitatif renforcé par l'obtention à trois reprises du label EPV, mais aussi par le titre de Maître artisan, plus haute distinction à laquelle peut prétendre un artisan, attribuée par la Chambre des métiers et de l'artisanat.

A cette liste de signes de reconnaissance, s'ajoute des partenariats avec Airbus Helicopters et d'autres fabricants qui ont accordé à l'entreprise des droits de licence pour certaines pièces dont la propriété intellectuelle est protégée.

A ce jour, l'entreprise peut se targuer d'une collection de 250 moules. Des références dont la conception peut s'avérer plus ou moins longue. « Parfois, deux ou trois jours suffisent. Mais on peut aussi y passer un mois ». Ce qui a par exemple été le cas avec un modèle d'hélicoptère des forces spéciales, le Caracal. Et au-delà de ce catalogue, elle répond aussi à des demandes particulières. « Nous réfléchissons par exemple à un projet sur le cinéma pour lequel le Ministère de l'Intérieur nous a sollicités ».

L'enjeu de la transmission

Capable de produire une centaine de pièces chaque mois, les entrepreneurs ont choisi de réduire leur cadence ces dernières années. « Nous avons changé de statut pour devenir autoentrepreneurs. La gestion est plus relaxe. Nous nous contentons de vivre sur notre bonne réputation et ne faisons plus tellement de prospection ».

A l'approche de la retraite, Serge et son épouse réfléchissent à transmettre l'entreprise. « Mais ce n'est pas facile dans ce type d'activités. Il faudrait que l'on trouve un dingue avec la même obsession que nous ».

Quoiqu'il en soit, ils sont fiers du chemin parcouru. Des épreuves surpassées. Des réussites. Mais d'avoir pu vivre trente ans durant de ce qui n'était au départ qu'une passion enfantine.

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