« Participer au CES Las Vegas c’est être au cœur du système et c’est en étant au cœur du système que l’on contribue à changer les usages » (Frédéric Guilleux, Technopôle de l’Arbois)

Il revient – et « ses » startups avec lui – du CES Las Vegas, ce grand raout mondial à nouveau auréolé de toute son importance, après deux années d’annus horribilis. Une édition qui a confirmé la greentech comme thématique majeure. Et le directeur du technopôle basé à Aix-en-Provence de confirmer que l’agritech à impact et la qualité de l’air extérieur sont les sujets du moment, puisque capables de répondre aux problématiques d’alimentation, de climat, de souveraineté, d’environnement plus largement. Et de dire aussi ô combien une vitrine d’envergure internationale est utile pour valoriser les innovations, celles qui font bouger les habitudes de consommation. Même s’il faut patience et longueur de temps.
(Crédits : DR)

Le CES a retrouvé son effet wahou. Pas gagné étant donné que la crise sanitaire est passée par là, rendant le rendez-vous international beaucoup moins appétant en mode dématérialisation. De fait, une innovation, ça se regarde de près, ça se touche, ça interroge... et c'est forcément bien plus facile « en vrai ». De fait, l'édition 2023 semble même avoir impulsé une énergie bridée durant 24 mois, autant dire que si l'expérience n'est jamais un long fleuve tranquille, le millésime 2023 a été particulièrement intensif.

Savoir être visible... avant

Et c'est finalement un bon test. Car forcément, le spectre même de l'innovation s'est modifié après deux années où environnement, climat, santé et souveraineté ont été au cœur des préoccupations. Et le sont encore, bien évidemment, pour un long moment. Spécialisé cleantech depuis 2016, le pôle installé au cœur de l'Arbois à Aix-en-Provence regarde ces sujets croître depuis plus de six ans. Le CES c'est donc révélé un exercice particulièrement intéressant. Car ceux - groupes, grandes entreprises, investisseurs... - qui viennent voir les dernières innovations qui naissent tout autour du monde, ne viennent pas le nez au vent mais en ayant scrupuleusement étudié qui fait quoi. Ce que confirme Frédéric Guilleux. « Comme toujours, nos startups métropolitaines et régionales ont eu l'occasion de passer de l'ombre à la lumière, ça c'est la promesse de tous les CES. Mais sur cette édition 2023, nous avons pu le constater, nos elles n'ont jamais fait autant de contacts qualifiés. Les personnalités de grands groupes tels que Grohé, Toyota, Norauto, Hyundai, Atlantic, Mitsubishi... sont venues à leur rencontre. Et ce qui est toujours bluffant c'est que ces personnes ne viennent jamais sur un stand par hasard. Ils travaillent leur salon, repèrent les innovations qui les intéressent et provoquent ensuite la rencontre », explique le directeur du technopôle qui reconnaît que l'édition 2023 a clairement été orienté greentech et Tech For Good. « Ce qui est un élément fort de reconnaissance pour le technopôle », qui avait bien senti l'émergence du sujet.

Agritech et qualité de l'air extérieur

Si aujourd'hui les innovations « vertes » sont plus que jamais l'objet de toutes les attentions - investisseurs, entreprises qui cherchent une brique à ajouter à leur business-model, institutions, grands groupes - être pionnier n'a pas toujours été simple et facilité, se souvient Frédéric Guilleux.

« Je suis très heureux que le Technopôle de l'Arbois ait été visionnaire quand on a lancé la dynamique de notre territoire au CES International. En 2015, lorsque le Technopole de l'Arbois était encore géré par un établissement public indépendant et réactif nous avions effectivement monté la première délégation du territoire au CES avec 15 startups. Nous avions ouvert la voie à la Métropole et la CCI Aix-Marseille Provence, puis à la Région Sud et Rising qui coordonnent aujourd'hui l'opération. En 2015, nous n'avions pas reçu que des soutiens. Je me souviens, lorsque je suis allé voir mon Président de l'époque Jean-Marc Perrin, conseiller départemental, en lui disant qu'il fallait organiser une délégation pour promouvoir nos jeunes pousses environnementales aux yeux du monde, grâce au CES 2016, c'est le premier homme politique à m'avoir fait confiance ». La présidente du Département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, comprend aussi qu'il faut y aller et octroie rapidement une subvention pour boucler le budget de l'opération.  « Ils ne savaient pas alors qu'ils allaient commencer à transformer le Technopôle de l'Arbois en le faisant passer d'un outil de gestion locative et d'aménagement, à la première concentration française de startups et de laboratoires de recherche de France, la seconde européenne et la quatrième mondiale qu'il est aujourd'hui ».

Ne pas avoir raison trop tôt mais au bon moment, ça vaut évidemment pour tout type d'innovation, pas que technologique. Cependant, « sentir » la tendance, est une qualité précieuse. Quid des prochaines thématiques ? Pour Frédéric Guilleux, clairement, l'agritech à impact et la qualité de l'air extérieur vont pour le premier continuer de se confirmer, pour le second, prendre une ampleur majeure. « Les technologies de l'environnement sont tirées par la réglementation. Or, la population pousse aussi à l'émergence de ces solutions. On sait, par exemple, que l'alimentation peut engendrer des pollutions qui touchent l'assiette et donc le corps ».

Question de temps (et de patience)

Le CES 2023, une opération rondement menée qui a clairement ravi plus qu'attendu, startups et accompagnateurs. Mais attention à ne pas se laisser emporter par la vague d'adrénaline que ne manque pas de ressentir tout participant, d'autant plus quand il est au cœur du jeu. « Ce qui est certain, c'est que les effets business d'un CES ne se mesurent pas au lendemain de la fermeture du CES. Ils se construisent tout au long de l'année et parfois l'année suivante, lorsque la startup représente son innovation une seconde fois, elle fait preuve de beaucoup plus de crédibilité aux yeux des personnes qui l'avaient repérée, et s'ouvre à de nouveaux contacts encore plus qualifiés ».

Le CES plus que jamais the place to be ? Définitivement oui pour Frédéric Guilleux. Qui répond aussi à la question de l'impact du déplacement qui peut paraître antinomique quand on développe des solutions pour préserver l'environnement. « Si personne ne connaît les innovations créées, personne ne pourra en faire usage. Et force est de constater qu'il n'y a pas un meilleur endroit pour se faire connaître, que le CES. Ne pas y participer c'est courir le risque de ne jamais rencontrer les personnes qui feront changer d'échelle les startups et qui feront que l'innovation et la solution qu'elle porte en elle soient très largement utilisées. Être au CES, c'est être au cœur du système pour faire évoluer les mentalités, proposer aux consommateurs et aux industriels les solutions de demain qui protège la planète ».

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