Il est toujours de bon ton de faire de l'export une valeur ajoutée. Enertex, née en 2010 et spécialisée dans la maintenance en génie climatique en a fait l'un de ses leviers de croissance à la faveur d'un premier appel d'offres qu'elle remporte et qui fait de l'Ukraine sa première expérience internationale. Laquelle se confirme au fil du temps et des divers autres appels d'offres remportés. Des appels d'offres qui concernent majoritairement les collectivités locales et qui sont financés par la BERD et la Banque mondiale, après audit. Un cadre qui sécurise le tout. Enertex crée alors rapidement un établissement sur place, puisque « nous nous sommes rendus compte que cela convenait mieux qu'une joint-venture », explique Olivier Perruche, son dirigeant. Un établissement géré par un expatrié français qui emploie 80 salariés ukrainiens tout au long de l'année, l'effectif grimpant à 150/200 personnes en période d'été.
Près de 10 millions d'euros exigibles
Le 24 février dernier, comme le raconte Olivier Perruche, « tout s'arrête ». Mais « la vie a repris très rapidement et fin mai nous étions sollicités à nouveau par nos clients, aucun d'entre eux n'ayant résilié son contrat ». Sauf qu'il ne suffit pas de deux volontés pour que tout se déroule de façon fluide.
« Il est très compliqué de travailler dans un pays blacklisté, d'autant que nous travaillons sur des programmes qui font l'objet de financements internationaux », de la Banque européenne d'investissement, de la BERD ou de la Banque mondiale, une configuration qui « permet d'avoir de la solvabilité ».
Cependant, si l'activité est là, tout ne se passe pas comme avant le 24 février. Out l'euro et le dollar, « nous ne pouvons plus que travailler avec la monnaie locale ».
Et l'épée de Damoclès, c'est la période hivernale qui approche. « Au 31 octobre, le chauffage doit être rallumé », souligne Olivier Perruche.
Sauf que qui dit guerre dit blocage douanier. Enertex possède ainsi pour 3 millions d'euros de machines actuellement bloquées à Kherson, passée sous bannière russe. « Et je ne peux m'adresser aux Russes », explique Olivier Perruche. A Mykolaïv, une chaufferie a été touchée par des tirs.
Plus de cent emplois, et une activité, en péril
Autre point de crispation, impossible d'obtenir le paiement du travail effectué. Pour Enertex, ce sont 7,9 millions d'euros qui sont exigibles. Sauf que « l'on n'émet plus de cautions en Ukraine », indique le PDG de l'entreprise française, qui voit parallèlement ses fournisseurs exiger le paiement de leurs factures. Enertex et Olivier Perruche qui se retrouvent seuls face à une situation aussi inédite que complexe. Deux courriers adressés - l'un début juillet, l'autre le 27 juillet dernier - à la Banque mondiale sont restés sans réponse, affirme Olivier Perruche. Contactés aussi, les services de l'Etat n'ont pour l'heure pas apporté l'aide et les réponses escomptées comme le précise également le dirigeant.
« Nous travaillons depuis douze ans en Ukraine, nous possédons une licence de General Contractor (licence qui permet de gérer un projet de construction, de fournir matériel et matériaux et d'employer le personnel nécessaires NDLR). En Ukraine, le chômage partiel n'existe pas. Nous n'avons jamais cessé de payer les salaires de nos employés », ajoute Olivier Perruche qui craint la cessation d'activité, en France - où l'entreprise emploie 3 personnes - comme en Ukraine, où une centaine d'emplois sont menacés. Enertex a réalisé par ailleurs en 2021, un chiffre d'affaires de 14,8 millions d'euros.
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