L’épicerie zéro déchet Bocoloco remet la consigne verre au goût du jour et intéresse la grande distribution

Accompagnée par le startup studio Obratori à Marseille, cette entreprise se donne pour mission de faciliter la consommation zéro déchet. Ce qu’elle fait à travers son site de vente en ligne. Et, depuis peu, à travers la grande distribution. Au travers d’un partenariat avec Monoprix, remettant au goût du jour la consigne.
(Crédits : DR)

C'est un petit geste du quotidien qui a disparu. Laissant à beaucoup, qui l'ont connue ou en ont simplement entendu parler, une pointe de nostalgie. Instaurée au milieu du XIXème siècle en France, la consigne de verre a peu à peu été remplacée par le plastique. Plus économique. Plus pratique. Alors que le nombre de marques explose, en même temps que les grandes surfaces remodèlent le territoire et les modes de vie.

Puis les Trente Glorieuses passent. Et les inquiétudes écologiques commencent à poindre. Le plastique n'est plus si « fantastique ». Sa production semble sans borne tandis qu'il se répand dans la nature et dans les océans, mettant à mal les équilibres écologiques.

La consigne en verre, dont l'industrie a été démembrée, est désormais regrettée par beaucoup. Perçue comme un moyen de réduire la consommation de déchets, elle est plébiscitée par les citoyens, notamment ceux participant à la Convention citoyenne pour le climat. Et intéresse un nombre croissant d'entreprises dont fait partie Bocoloco.

Démocratiser la consommation zéro déchet

Sa mission : démocratiser la consommation zéro déchet en levant les freins qui empêchent bon nombre de personnes de franchir le pas : l'éloignement des magasins proposant des produits en vrac. Le coût de l'équipement en bocaux pour conserver les produits. Le poids de ceux-ci ...

C'est ainsi qu'Alexis Dusanter et son frère construisent un site et une application permettant de faire en ligne ses courses en vrac. Les produits sont livrés dans des bocaux ou des sacs en coton, à domicile ou en point relais. Les contenants sont ensuite rendus avant d'être nettoyés et remis en circulation.

Lancée en 2020, cette épicerie zéro déchet séduit des particuliers mais aussi des entreprises. « Pour les fêtes de fin d'année de 2021, nous avons vendu beaucoup de coffrets gourmands zéro déchet à des entreprises telles que LVMH, BNP-Paribas, ou de plus petites structures. Nous leur vendons aussi des produits de grignotage en consigne ». Manières de faire plaisir aux salariés tout en revendiquant des achats moins néfastes pour la planète.

Mais si la livraison de produits achetés en ligne est un vecteur de simplification vers une consommation zéro déchet, Bocoloco sait aussi que la plupart des ménages continuent de faire leurs courses dans les enseignes de la grande distribution. Il faut donc y être présent. D'autant qu'il s'agit d'un nouveau levier de notoriété pour la jeune entreprise, en plus du numérique où les règles de jeu, fixées par les Gafam, demeurent opaques.

Une grande distribution sommée de réduire sa production de déchets

Et cela tombe bien, car la grande distribution a elle aussi besoin de promouvoir la consommation zéro déchet. Il en va de son image, à l'heure où les préoccupations environnementales sont fortes. Mais aussi de sa conformité aux réglementations puisque la loi Climat et résilience prévoit qu'à partir du 1er janvier 2030, les commerces de détail de produits de grande consommation dont la surface est supérieure 400 mètres carrés devront consacrer au moins 20 % de cette surface aux produits sans emballage.

C'est ainsi que Monoprix sollicite Bocoloco. « Nous avons réfléchi à un retour de la consigne en magasin ». La consigne plutôt que le vrac, car « pour la grande distribution, il est difficile de gérer du vrac. C'est plutôt contre-nature ». Et pas toujours efficient. « Les gens oublient souvent leurs contenants et se servent de sacs en papier kraft qui ne sont pas plus vertueux ».

Un partenariat avec Monoprix

En naît un partenariat mis à l'essai dans deux magasins franciliens. Placés sur des présentoirs de la société GreenCo, des produits Bocoloco contenus dans des bocaux en verre consignés. Sur la gamme de 400 produits de l'entreprise, 35 ont été retenus autour de moments phares que sont le petit déjeuner, le goûter et l'apéritif. Des moments « plaisir » souvent source d'une forte consommation d'emballages.

Sur le bocal, un QR code qui constitue en fait l'étiquette du produit et qui permet d'avoir accès à toute l'information le concernant, voire, à l'avenir, à des jeux et autres contenus interactifs.

Enfin, une fois vidés, les bocaux sont rendus dans un réceptacle présents le magasin. En échange de quoi un bon d'achat d'un euro est remis au consommateur.

A noter que ce concept ne permet pas aux clients de choisir précisément la quantité de produit qu'ils souhaitent acheter. « Un parti pris », assume Alexis Dusanter. « Nous pensons que l'intérêt de pouvoir choisir une quantité précise ne concerne que certains produits peu nombreux. Pas les produits de consommation courante. Personne ne va acheter seulement 175g de riz. Nous préférons privilégier la rapidité et la simplicité ».

La grande distribution, vectrice de croissance

Lancé début mars, le projet pilote affiche pour l'heure de bons résultats. « Les ventes sont au rendez-vous. Les gens commencent en achetant un ou deux bocaux puis ils en prennent davantage une fois qu'ils ont vu que le système fonctionne bien et qu'ils récupèrent leur bon d'achat ». De quoi persuader Bocoloco qu'elle a un rôle à jouer dans l'implantation de la consigne dans la grande distribution. Chose qu'elle pourrait faire, si tout se passe bien, dans d'autres magasins Monoprix voire d'autres enseignes.

En Île de France d'abord. Puis en province, en fonction de la manière dont se structureront les filières du réemploi. Car il n'y aura pas de déploiement sans circuits courts. Marseille pourrait ainsi être davantage investie, le second cofondateur de l'entreprise - déjà accompagnée par Obratori- s'y installant. S'ajoute à cela l'émergence d'une filière locale de la consigne, avec notamment la création d'Uzaje à Avignon.

Quoi qu'il en soit, l'ouverture à la grande distribution ouvre des perspectives de croissance nouvelles pour Bocoloco qui s'apprête donc à renforcer ses effectifs -elle compte à ce jour dix salariés. Une levée de fonds est également en cours de préparation. Pour donner toutes ses chances au renouveau de la consigne.

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