Alteo, en souffrance, veut sauver son activité

Le leader mondial des alumines de spécialité, basé à Gardanne, a annoncé sa volonté de se placer sous la protection du tribunal de commerce de Marseille. En cause, une baisse de la demande, de nature à déstabiliser la trésorerie de l'ETI qui doit, en parallèle, continuer à produire les investissements environnementaux qui doivent la mettre en conformité alors qu'elle fait face à des refus de prêts bancaires. En mars dernier, deux unités de production innovantes avaient été inaugurées.
(Crédits : Alteo)

Alteo a souvent été sous les feux des projecteurs pour les rejets de boues rouges. Mais c'est une baisse d'activité suffisamment importante pour la mettre en péril, qui pousse l'ETI basée à Gardanne à se placer dès ce 10 septembre, sous la protection du tribunal de commerce de Marseille.

Alteo, qui revendique le leadership mondial sur les alumines de spécialité, se trouve en effet confrontée à une demande en chute significative depuis la période estivale. Au point même que les ventes du mois de novembre s'en trouvent durement impactées, de l'ordre de 30 % par rapport à celles engrangées au cours des six premiers mois de l'année.

Période d'observation

La cause de ce retournement de situation est due à une baisse de la demande, baisse qui ne s'enraye pas. Pour rappel, l'alumine de spécialité est utilisée dans différents secteurs, pour les composants de produits high-tech tels les écrans de smartphone et de télévision, les batteries de véhicules électriques, les filtres à particule ou encore le carrelage.

Et ce qui contribue à fragiliser Alteo, c'est la poursuite de ses investissements qui doivent la placer en conformité avec les paramètres environnementaux. Plus précisément, elle doit faire face entre autres, à la fin des dérogations qui lui avaient été accordées concernant son procédé industriel. Au total, en 7 ans, 40 M€ ont été consacrés à la réduction de son empreinte environnementale. A cela s'ajoute sa difficulté à obtenir des prêts bancaires.

Ce 12 décembre, le tribunal de commerce de Marseille examinera la demande d'Alteo  d'un redressement judiciaire, Frédéric Ramé, son président espérant obtenir une période d'observation qui doit lui permettre de définir les mesures les plus urgentes à activer afin de maintenir l'emploi - Alteo salarie 480 personnes sur site, générant 1 000 emplois directs - et l'activité. Frédéric Ramé a d'ores et déjà annoncé la poursuite de celle-ci et les livraisons à ses clients.

Investissements pour maintenir le leardship

Née il y a 125 ans, Alteo est la seule unité industrielle française produisant des alumines de spécialité. Elle en produit différentes gammes, soit 250 produits. Son portefeuille comporte 630 clients et 70 % de son activité se réalise à l'international. Alteo fournit, par ailleurs, 90 % des besoins français en alumine de spécialité.

En mars dernier, l'usine inaugurait fièrement deux nouvelles unités de production. L'une de ces unités est un atelier de production dite de haute pureté d'une capacité de 1 000 tonnes par an, une innovation signée des équipes R&D de l'ETI qui a investi pour se faire, 1,5 M€. Surtout, ce nouvel équipement avait vocation à permettre d'adresser de nouveaux marchés dont la micro-électronique, en Asie notamment.

Le second, une station de traitement des eaux par injection de Co2 a mobilisé un investissement de 7 M€, né d'un partenariat avec Air Liquide. Un équipement s'appuyant sur un procédé présenté comme unique dans le secteur des alumines. Alteo prévoyait également de lancer une unité industrielle de traitement biologique.

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Commentaire 1
à écrit le 11/12/2019 à 8:58
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Moins de demande du fait d'une législation qui devient plus protectrice envers la santé humaine ou bien du fait de la crise économique qui s'étend ?

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