La stratégie de diversification du poids lourd Azur Trucks vers l’immobilier et le tourisme

A 50 ans tout rond, le leader des concessionnaires poids lourds et véhicules utilitaires, basé à Villeuve-Loubet, amorce un nouveau virage stratégique. A la fois culturel et structurel. Où il est question d’anticipation, de structuration et de diversification sectorielle pour ne plus dépendre du seul marché automobile en pleine (r)évolution.
(Crédits : DR)

Pour son cinquantenaire, Azur Trucks fait le grand écart. Et ose un virage aussi stratégique qu'inattendu en lançant deux nouvelles branches d'activité bien éloignées de son positionnement historique. En effet, le leader azuréen des concessionnaires poids lourds, bien qu'engagé depuis une paire d'années dans une politique de conquête régionale volontariste, mène désormais de front une stratégie de diversification vers l'immobilier et le tourisme.

"En 50 ans, le groupe s'est beaucoup diversifié mais toujours dans les métiers liés aux camions et aux véhicules professionnels, ce qui nous lie très fortement au marché automobile, soumis à des cycles et dont les changements en cours vont profondément changer la physionomie", explique Pierre Ippolito, son directeur général. En tête, la révolution des nouvelles technologies avec la montée en puissance des véhicules électriques et l'arrivée des modèles autonomes. "On peut supposer que dans les 15, 20 années à venir, un certain nombre de nos activités sera impacté comme la carrosserie, l'entretien, voire même la distribution avec la venue de nouveaux entrants à l'instar de Tesla ou d'Amazon qui pourraient tout à fait choisir de vendre en direct et de ne plus s'appuyer sur un réseau de concessionnaires de proximité". Certes, rien n'est écrit dans le marbre, mais "cela pourrait arriver". Raison suffisante, selon le groupe familial de Villeneuve-Loubet, pour prendre des mesures qui visent à réduire sa dépendance au secteur tout cherchant à renforcer sa rentabilité globale par la création d'activités sur deux marchés à haut potentiel en Provence Alpes Côte d'Azur. Qui plus est lorsqu'on exclut tout déploiement hors des frontières régionales.

Naissance d'ATE Immobilier

Première branche visée, donc, l'immobilier avec la création d'un pôle dédié dirigé par Julien Bachet et l'installation en janvier dernier d'une première agence à Nice, dans le secteur de la Californie, positionnée pour l'heure sur une activité de gestion-location de biens classique. Baptisée ATE (pour Azur Trucks Estate) Immobilier, elle vient inaugurer un plan de développement à cinq ans qui prévoit l'ouverture de cinq agences sur le territoire azuréen, points de départ d'un futur réseau indépendant dont le rayonnement se voudra régional... et opérationnel sur l'ensemble de la chaine de valeur, vente et promotion comprises. "C'est un métier à part entière", indique le dirigeant. "C'est pourquoi nous nous associons à des promoteurs familiaux locaux pour réaliser des projets résidentiels moyen haut de gamme afin de lancer l'activité, acquérir des compétences avant de s'émanciper peu à peu et porter à terme nos propres projets".

Le tourisme évidemment

L'autre secteur fort abordé est le tourisme. Début 2018 toujours, le groupe, soutenu par ses partenaires bancaires, a acquis deux établissements dans le Var. Le Domaine de Fauveris, d'abord, un domaine familial viticole de 32 hectares basé à Lorgues, où des chambres d'hôtes ont été créées en attendant d'obtenir les autorisations nécessaires pour transformer en hôtel la bâtisse provençale de 160 ans d'âge. "L'activité viticole va également être développée et étendue sur 8 hectares contre 2 aujourd'hui", reprend Pierre Ippolito qui prévoit donc "des investissements importants" et cible plus particulièrement la clientèle MICE (séminaire, incentive) et mariage. Le second établissement acquis est la plage privée Le Saint Barth à Sainte-Maxime, qu'il s'agira d'optimiser et de dynamiser dans l'objectif de doubler son chiffre d'affaires d'ici à cinq ans. Et ce, en développant des synergies entre les deux sites, chapeautés par un pôle piloté par Olivier Soussan qui pourrait bien grossir plus vite que prévu, le dirigeant n'excluant pas d'opérer de nouvelles croissances externes "si des opportunités complémentaires se présentaient".

Objectif ETI

Une véritable révolution culturelle et structurelle donc pour l'entreprise familiale née en mai 1968 qui, en l'espace de trois générations, au gré d'acquisitions stratégiques et de diversifications métiers rondement menées, a su transformer le petit concessionnaire niçois originel en un poids lourd régional leader dans les Alpes-Maritimes et le Var, capable d'intervenir sur toute la chaine de valeur du véhicule, de la location-vente (neufs, occasions) à l'entretien (carrosserie, pneumatique, froid) en passant par la gestion de parcs. Le groupe a ainsi généré en 2017 un chiffre d'affaires de 150 M€ pour quelque 600 collaborateurs. Et vise à reproduire, dans "les dix à quinze prochaines années", ce qui a fait son succès sur la Côte d'Azur dans les autres départements de la région Provence Alpes Côte d'Azur où il s'est implanté l'an passé. Car "ce nouveau virage n'a pas vocation à nous couper de notre histoire, de nos valeurs, de notre savoir-faire", conclut Pierre Ippolito, "mais à faire de cette PME une ETI familiale pérenne, présente et bien présente dans 50 ans en Provence Alpes Côte d'Azur, dans le domaine automobile ou peut-être pas... Seules les prochaines générations pourront répondre. Ce que je sais par contre, c'est que pour y parvenir, il faut aussi de savoir se remettre en question". Ce qui est visiblement le cas.

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