« Le gouvernement doit continuer à être bienveillant avec les petites entreprises » (Alain Gargani, CPME Sud)

Alors que l’économie continue de tousser et que les perspectives de croissance sont surveillées attentivement par l’ensemble des acteurs, les TPE PME – qui constituent la majorité des forces vives des tissus économiques dans les territoires – sont aussi les plus fragiles face aux tempêtes et contre-courants qui les malmènent. Entre hausse des taux, PGE à rembourser, velléités de développement empêchées et réglementations qui parfois complexifient le contexte, garder l’équilibre constitue un vrai challenge. Pour le président régional de la Confédération des petites et moyennes entreprises du Sud, il est essentiel de garder du bon sens et de faire preuve de bienveillance vis-à-vis de celles qui constituent un socle de compétences majeures. Et de dire aussi l’importance de regarder avec intérêt l’IA et ses promesses.
(Crédits : DR)

2024 est souvent présentée comme l'année de la transition, celle où tout est possible et celle aussi où l'économie pourrait, d'ici la fin de l'année, retrouver un dynamisme tant attendu.

Car, indéniablement, « quelques nuages traînent encore au-dessus de nos têtes » et cela se ressent dans les carnets de commande comme dans le recrutement, alors même que des PGE restent à rembourser, que pour certains cela est un cap difficile à franchir. Avec des liquidations judiciaires qui peuvent rapidement s'enclencher. Ce qui fait porter un regard particulièrement acéré sur le niveau de défaillances d'entreprise, désormais sondé tel l'indicateur ultime de l'état de l'économie. Bref, « nous restons vigilants », reconnaît Alain Gargani, qui, parce qu'il estime que les jours meilleurs sont à portée de main, exige la meilleure bienveillance. « Il faut que le gouvernement demeure bienveillant », insiste-t-il rappelant le « droit à l'erreur ». « Nous avons vécu tellement de tsunamis, entre hausse des coûts des matières premières, les difficultés des fonds propres, les dettes sociales pour certains... », égrène encore Alain Gargani.

Des freins persistants

Le président régional de la CPME Sud souligne d'ailleurs les bonnes relations entretenues avec des acteurs tels l'Urssaf, la DRETS, la Préfecture ou encore la Banque de France. Concernant cette dernière, Alain Gargani loue le dialogue engagé, « la possibilité d'expliquer les projets de développement » et donc de pouvoir étayer les raisons qui ont mené l'entreprise à connaître quelques difficultés.

Mais le remboursement du PGE demeure une réelle préoccupation pour la CPME Sud, « le sujet n'est pas réglé », insiste encore Alain Gargani qui constate un accès au crédit « plus compliqué qu'auparavant. Lorsqu'il s'agit d'investissement, cela est plus facile que lorsqu'il s'agit de crédit ».

Autre préoccupation connexe, celle de l'accès au logement pour les actifs qui prend de plus en plus d'ampleur et constitue, « un vrai frein au recrutement. Les préfets doivent reprendre la main sur les collectivités qui ne délivrent pas de permis de construire ».

Des modèles qui changent

Alain Gargani qui rappelle que les TPE PME se sont « réinventées, ont changé de modèle, ont fait beaucoup pour le bien-être en entreprise », et cela notamment pour s'adapter, pour être capables de faire face à une concurrence qui ne vient plus seulement du coin de la rue mais des quatre coins du monde. « Nous faisons face à une compétition européenne et mondiale ». Des petites et moyennes entreprises qui doivent tout autant intégrer les nouveaux usages du bureau et plus largement de l'évolution de la présence en entreprise. « Le vrai sujet, c'est le télétravail », résume Alain Gargani. « L'entreprise, c'est le lien social. Si on casse ce lien, pour beaucoup cela signifie se retrouver seuls ».

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Alors que dans quelques jours, Marseille, le Sud et la France vibreront avec les JO 2024, la préparation de ce grand événement a aussi été une opportunité pour les entreprises grâce aux appels d'offres qui leur ouvrent des perspectives de business. Sauf qu'il est encore difficile pour les TPE PME de se positionner et de répondre aux appels lancés. Et cela concerne d'ailleurs plus globalement l'ensemble des appels d'offres. « Beaucoup ne se positionnent pas par manque de temps, d'autres parce qu'elles n'ont pas les outils », analyse Alain Gargani. Qui souhaiterait l'introduction de critères locaux - répondant aux enjeux de circuits courts et d'empreinte carbone - afin de faciliter l'accès à la commande publique. Ce contribuerait au « développement d'un écosystème régional fort ».

Adaptation obligatoire

Où on en vient à questionner le sujet de la réglementation et des lois, dont il est souvent estimé qu'elles ne conviennent pas et ne sont pas adaptées aux TPE PME. Sur ce point, le président régional se réjouit du « Test PME » cette proposition de loi qui consiste à tester directement auprès de PME l'impact des nouvelles règles voulant être établies. « Il est nécessaire de remettre l'entreprise au cœur de la décision politique ». Et de plaider, au passage, pour une révision des seuils, toujours l'empêcheur de croître en rond.

En revanche, pour générer de la croissance et ne pas s'endormir sur ses lauriers, aux TPE PME de s'emparer des nouvelles technologies et notamment de l'IA. « Soit on prend le train en marche, soit on reste sur le quai. Chaque métier doit faire sa transformation dans les dix ans. L'IA se démocratise et cela va aller très vite. Nous devons inventer le monde de demain ». Et de balayer les craintes. « L'humain restera toujours maître à bord. La première étape est de contrôler l'hébergement des données. L'IA pousse à repenser les métiers ».

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