A Marseille, la visite du Pape ne profite pas au tourisme

Des milliers de fidèles sont attendus à Marseille pour la première visite d’un pape dans la Cité phocéenne depuis près de 500 ans. Un afflux qui pourtant n’a pas profité à l’hôtellerie alors que les retombées touristiques, au sens large, pour le territoire sont difficiles à estimer encore.
(Crédits : Martin Baron / Unsplash)

Il suffit de se promener dans les rues de Marseille pour constater que les touristes sont toujours bien présents dans la ville. Il faut dire qu'avec ses températures estivales à rallonge, la Cité phocéenne est propice à des visites en dehors de l'été. Au-delà de cet attrait climatique, ce mois de septembre est particulièrement chargé en termes d'évènements. En plus des habituels matches de l'Olympique de Marseille et la foire internationale, le stade Orange Vélodrome et ses abords accueillent aussi certaines des rencontres de la Coupe du monde de rugby et la messe du Pape François.

Si le dernier mondial de rugby à Marseille date de 2007, pour trouver une présence papale dans la deuxième ville de France il faut remonter à 1533. L'évènement est donc majeur de ce point de vue... « Nous avons cherché dans nos archives et n'avons pas trouvé le dispositif de sécurité mis en place lors de la dernière visite du Pape à Marseille, il y a... 490 ans. Alors on a tout réinventé », ironise la préfecture de police des Bouches-du-Rhône sur X (ex-Twitter).

Pas d'impact sur les réservations d'hôtels

Une organisation qui doit se préparer sans connaître exactement le nombre de personnes attendues. « Le seul chiffre connu, c'est celui du remplissage du stade », prévenait en amont Laurent Lhardit, adjoint au maire de Marseille en charge du tourisme. Le Vélodrome ayant une capacité d'environ 65.000 personnes, c'est le minimum de participants qui seront présents. Minimum, car entre les différents évènements et notamment la déambulation en papamobile sur ce que les Marseillais appellent le « Prado 2 », c'est-à-dire l'avenue entre le rond-point du même nom et les plages, le chiffre s'amplifie : 80.0000, puis 100.000 et même 300.000 si l'on inclut les Rencontres méditerranéennes, organisées durant toute la semaine par le diocèse de Marseille.

Un afflux dont le réel impact sur l'activité touristique demeure difficile à mesurer. En ce qui concerne le secteur de l'hôtellerie, la visite du Pape ne semble pas avoir d'effet amplificateur. « Il n'y a pas de fréquentation supplémentaire, plusieurs hôtels, mercredi soir, affichaient des taux d'occupation entre 45 et 65% ce qui est normal », avance Bernard Marty, président de l'Union des métiers de l'hôtellerie et de la restauration (Umih) dans les Bouches-du-Rhône. Un pic des réservations sur l'ensemble de septembre a bien été noté par Provence Tourisme, l'agence du département, mais sans en connaître les raisons exactes compte tenu des différents évènements qui jalonnent le mois.

Le rugby semble davantage être favorable à l'activité hôtelière. "Les soirs de matches - six au total sont prévus à Marseille - les hôtels sont pleins", confirme Bernard Marty. Selon lui, le non-impact de la venue du pape sur l'hôtellerie s'explique par le profil des visiteurs « qui vont plutôt dans des gîtes et des auberges de jeunesse ou alors vivent déjà dans la région ». Ces profils d'hébergements ne bénéficient que d'une très faible capacité dans le département, mais il y a une autre raison qui peut expliquer les faibles réservations. Laurent Lhardit avance en effet que « dans la communauté chrétienne comme dans d'autres religions il y a une grande tradition de l'hébergement, ils s'accueillent entre eux ». Ce qui explique donc, en partie, que les hôtels ne voient pas leurs réservations décoller.

De la « visibilité mondiale » plus qu'autre chose

Au-delà de l'hôtellerie, un ruissellement sur l'ensemble des commerces, musées et autres activités sur la ville de Marseille ou ses alentours est espéré, mais encore une fois, pas quantifié. Lors de visites d'un pape dans d'autres villes, des montants aussi élevés que les attentes sont annoncés en amont sans que cela ne puisse être confirmé en aval de l'évènement.

Ainsi, lors de l'été 2022, le Pape François s'est rendu à Quebec, au Canada. Avant sa visite, l'agence de tourisme locale Destination Québec Cité s'avance sur Radio Canada à des retombées « de plusieurs dizaines de millions de dollars ». Une fois le passage du pape terminé, le discours est moins concret et moins chiffré mais plutôt axé sur la « visibilité ». « La visibilité mondiale, on ne peut pas acheter ça, cela vaut des millions et des millions », dit alors Robert Mercure le directeur général de Destination Québec Cité sur ce même média.

Chez les hôteliers canadiens, le discours est moins enthousiaste post-événement, pour cause de réservations plus faibles qu'envisagé et même des annulations de dernières minutes par crainte des difficultés de circulation. Un point qui, à Marseille, inquiète Bernard Marty : « La ville est bouclée tout le week-end, ça n'incite pas à venir ». De son côté, Provence Tourisme, l'agence du département, ne s'est pas aventurée au jeu des pronostics sur les retombées économiques de la visite papale. « Nous publierons une étude après sa venue », explique l'agence. Ce qui permettra d'avoir une vision réaliste et quantifiée.

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Commentaires 2
à écrit le 22/09/2023 à 16:35
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Etrange, le fait de fermer la ville aux touristes dû aux déplacements du président et du pape n'a pas eu d'effet négatif a cela? Perso je dirait bien que si la ville est fermée a cause de seulement deux personnes aussi inutiles aurait peut être pu êt...

à écrit le 22/09/2023 à 14:48
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Les pauvres pratiquent et les riches donnent pour s'acheter une conscience, ça doit exister depuis le début du truc à mon avis.

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