MidEm+, une stratégie d’incubation de l’industrie musicale réussie ?

Longtemps rendez-vous inoxydable des acteurs de l’industrie de la musique, ensuite déstabilisé par l’évolution de cette même industrie, le Midem a laissé place en 2023 à une nouvelle formule, pensée pour être davantage en adéquation avec les attentes des professionnels du secteur. Alors que la seconde édition s’est tenue il y a quelques jours à Cannes, la stratégie adoptée – incluant business, think tank, networking et concerts – fait-elle la preuve de son concept ?
(Crédits : DR)

En moins de 5 ans, l'industrie musicale a profondément muté et cette mutation se poursuit, s'ancre même, ainsi que le démontrent, entre autres, les chiffres publiés voici quelques semaines par l'IFPI, la fédération internationale de l'industrie phonographique. Ainsi, si en 2023, le temps d'écoute de la musique a progressé, atteignant en moyenne 20,7 heures par semaine (contre 20,1 heures par semaine en 2022) les modes de consommation aussi deviennent plus nombreux et pas moins de sept méthodes différentes d'écoute sont utilisées par ces mêmes consommateurs, souligne l'IFPI. L'étude qui confirme la progression du streaming audio, tiré par l'abonnement, 73% des consommateurs y ayant accès via des services légaux.

Le streaming, chamboule-tout de l'industrie

Un streaming audio qui a redéfinit les codes de l'industrie. Plébiscité pour sa capacité à offrir un catalogue de titres à tout moment, sans interruption publicitaire, il est majoritairement intégré dans les habitudes de consommation des jeunes générations.

Ce bouleversement, le Midem l'a vu poindre. Né à la fin des années 60, l'événement s'est imposé au cours du temps comme le rendez-vous réunissant toute l'industrie du disque. Une sorte de Festival de Cannes de l'industrie musicale. Sauf que l'émergence du streaming a modifié les habitudes de consommation et de fait les modèles économiques... Une sorte d'effet domino qui va profondément remettre en cause l'existence du Midem dans sa version originelle.

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C'est fin 2022 que la Mairie de Cannes et le Palais des Festivals, repreneurs de l'événement, s'associent au producteur d'événements Panda Events, implanté aussi sur la Côte d'Azur, à l'agence de communication Hopscotch pour redessiner les contours d'un nouvel événement, plus en phase avec ce qu'est l'industrie, ce qui l'amène à embarquer dans l'aventure la marketplace française de musique NFT, Pianity.

Car qui dit industrie en changement, dit bien nouveau business modèle. Ce que le MidEm+ intègre donc. Si la partie live avec des concerts raccroche au grand public, sorte de partie visible de l'iceberg, c'est la partie plus BtoB qui fait le fondement de l'événement. Intégrant donc networking mais surtout brainstorming. C'est-à-dire séances de réflexion sur l'évolution même de l'industrie, bien plus soumise désormais à l'innovation que cela n'a été le cas au cours des décennies précédentes.

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IA, financement, réglementation... comment dessiner le futur

Quid de l'avenir de la musique ? De la créativité et de la source de celle-ci ? L'IA peut-elle bouleverser encore plus la donne ? Sur ce point, l'étude de l'IFPI donne quelques pistes, indiquant que plus de 80% des consommateurs dans le monde considèrent que la créativité humaine est prépondérante pour la créativité musicale. A l'heure où l'IA générative pose mille interrogations, les consommateurs déclarent que l'intelligence artificielle ne soit pas être utilisée pour cloner un artiste ou sa musique, encore moins sans son autorisation. 70% allant même jusqu'à se dire favorables à des restrictions clairement établies. Des questionnements que le MidEm+ n'ignore pas, lui qui s'interroge sur le futur du secteur. Le sujet plus large de la réglementation est peut-être l'une des raisons qui ont poussé l'édition 2024 à accueillir un sommet politique, auquel outre le maire de Cannes, David Lisnard, des députés européens et sénateur français ont participé, autour de sujets de financement et de soutien de l'Europe. Une façon de souligner l'importance de l'industrie de la musique mais aussi des mutations qui se produisent à des rythmes bien plus séquencés. Ce qui est l'occasion de rappeler aussi que la musique est une industrie comme les autres. Avec un marché, des acteurs, des retombées économiques. Si la présence de Stewart Copeland, le mythique batteur du non moins mythique groupe Police a posé la lumière sur l'événement, la fréquentation enregistrée de l'ordre de 10.000 festivaliers et 500 professionnels contribue à valider le concept. Qui a encore besoin de faire ses preuves, de s'affirmer dans le temps pour redevenir la référence européenne. En adoptant sans doute la philosophie du roseau : plier - comprendre s'adapter - mais ne pas rompre.

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