« Une piscine, cela ne consomme pas plus qu’une pelouse » (Gérard Bénielli, Diffazur)

Il dirige l’une des plus anciennes PME de la Côte d’Azur, étant déjà, il y a 50 ans, une entreprise innovante. Grâce à la technique de la gunite, importée des Etats-Unis, l’entreprise familiale s’est installée sur le marché français de la construction de piscines. Un marché qui s’est aussi rationnalisé, assure son président, tandis que la technologie rend le tout connecté, intelligent et plus efficient. Un dirigeant qui veut tordre aussi le cou aux idées reçues…
(Crédits : DR)

« Le marché de la piscine se porte bien », confirme Gérard Bénielli. « Il est vrai que la sécheresse a pu poser des interrogations. Mais la piscine n'est pas autant consommatrice que ce qu'on peut le laisser sous-entendre. Une piscine, cela ne consomme pas plus qu'une pelouse. Aujourd'hui, il existe des moyens mis en œuvre, pour consommer différemment », ajoute le dirigeant de Diffazur, l'entreprise créée voici un demi-siècle avec Monique Richard-Bénielli.

Il faut dire que les piscines désormais sont plus raisonnables, « moins grandes et moins profondes », dit le dirigeant, citant des ouvrages désormais profonds d'1,60 mètre là où c'était 2,50 mètres il y a encore quelques années.

BtoB et BtoC, même combat

Des piscines que la crise de l'eau a mis sur le devant de la scène, voyant même certaines communes refuser des permis de construire. « Interdire des constructions pour des raisons de gestion de l'eau, alors que 20% de l'eau se perd pour cause de réseaux mal entretenus », voilà qui paraît difficilement acceptable pour le président de l'entreprise française. « Je crois qu'il y a une phobie sur la construction et les piscines », pointe Gérard Bénielli.

Si Diffazur est très développée sur son segment BtoC, elle l'est aussi sur son volet BtoB. Car outre le marché des particuliers, elle s'adresse également au marché de l'hôtellerie de plein air. Un marché qui s'est transformé ces dernières années, laissant loin derrière lui l'image de la tente peu solide pour laisser la place à une consommation toute différente du camping, devenu l'une des destinations de voyage de proximité qui a retrouvé un second souffle après la crise sanitaire. L'hôtellerie de plein air qui s'est inscrite comme une alternative à un tourisme lointain ce qui, par effet de ricochet, a un impact sur les installations de loisirs dont les piscines font partie. « Le camping est devenu véritablement de l'hôtellerie et la piscine en est le pôle principal ». De fait, « nous construisons beaucoup de piscines pour l'hôtellerie de plein air, la demande ne faiblit pas, au contraire ».

Innover, former, apprendre

Entreprise innovante avant que l'innovation fasse partie du quotidien du vocabulaire de l'entrepreneur, Diffazur a en effet importé la technique de la gunite, soit du béton projeté, qui demande moins d'eau pour se faire et qui surtout - et c'est là toute la différence - permet de donner toute forme libre à l'ouvrage. « Il existe différentes sortes de piscines », rappelle le dirigeant de la PME azuréenne. « Celle, industrielle, qui ne correspond pas du tout à notre ADN. Je suis contre l'industrialisation. Un plaisir ne doit pas se banaliser ». Et il y a celles qui faisaient rêver, les piscines qui accompagnaient les villas de Hollywood, « et que nous ne savions pas faire », pointe Gérard Bénielli. « Je suis partie aux Etats-Unis, nous avons collaboré avec une grande entreprise américaine ce qui m'a permis de comprendre le marché américain mais surtout comment cette technique fonctionnait ». Une technique particulière, que le dirigeant de Diffazur ramène avec lui sur la Côte d'Azur. Pour la déployer, il a fallu former en interne. Bref, tout réapprendre. Mais pour se différencier sur un marché ultra-concurrentiel. On connaît la suite. Aujourd'hui Diffazur réalise 50 millions d'euros de chiffre d'affaires et s'est inscrite dans le paysage hexagonal des constructeurs de piscines.

Si le sujet n'est pas né de la problématique de la gestion de l'eau, il n'empêche que désormais c'est presque un incontournable : difficile, en effet, de ne pas doter l'ouvrage de tous les moyens qui peuvent le rendre intelligent. Ainsi est née la piscine connectée, un sujet sur lequel Diffazur s'est penchée en précurseur, indique le dirigeant. « L'objectif est de faciliter l'usage du consommateur ». Car la piscine exige un suivi pointu. L'application développée par la PME permet ainsi un monitoring dématérialisé et connecté à distance. « On peut ainsi gérer l'eau », souligne Gérard Bénielli, affirmant que l'eau d'une piscine peut tout à fait être utilisée des années durant.

Parce qu'elle ne s'appuie pas sur un modèle industriel à outrance, Diffazur privilégie précisément les compétences artisanales. Qu'il faut savoir conserver en interne, entretenir et surtout transmettre. Un autre défi pour la PME mais, affirme Gérard Bénielli, cela se passe sur le terrain. « C'est sur le terrain que l'on apprend tout ».

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Azur Business Diffazur

Un décideur économique invité chaque semaine

Depuis novembre 2021, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique économique, baptisée Azur Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son analyse sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Céline Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef Méditerranée-Afrique du quotidien économique La Tribune.

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