Dans le Sud, l’activité se tasse et le chômage repart

Les effets du Covid et son rebond d’après crise s’essoufflent. Ce qui se traduit par un retour de l’activité dans ses niveaux de 2019, à savoir presque atone. Une tendance que l’on retrouve dans tous les acteurs à l’image de la hausse de demandeurs d’emploi et du niveau de défaillances des entreprises.
(Crédits : DR)

La fièvre inflationniste retombe, mais cela n'empêche pas l'économie de freiner. « En Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'activité économique continue à ralentir au troisième trimestre avec un volume d'heures rémunérées qui croît moins vite depuis le début de l'année 2023 », écrit l'Insee dans sa dernière note de conjoncture. Pour Etienne Lenzi, responsable de l'unité conjoncture à la direction régionale de l'institut, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un ralentissement de l'économie « après le rebond post-Covid ». Un retour à des niveaux d'avant la crise sanitaire en somme, qui n'étaient guère dynamiques. Les prévisions de croissance du PIB en France pour les prochains trimestres mois ne dépassent d'ailleurs pas les 0,2%. En 2019 elle avait été de 0,3% pendant les trois premiers trimestres.

Le constat de ce ralentissement varie néanmoins selon les secteurs. D'un côté, la restauration et l'hébergement s'en tirent bien, « mais ils ont redémarré plus tard après la crise » précise Etienne Lenzi. L'industrie s'en sort bien également, elle « reste sur une tendance positive, bien plus qu'au niveau national » indique l'Insee. A l'inverse, la construction et l'immobilier au sens large sont en pleine crise. Le contexte économique, entre inflation et hausse des taux, « pèse à la fois sur les mises en chantier, les autorisations et les transactions » détaille l'institut.

Les « sombres » perspectives de la construction 

C'est bien dans le bâtiment que la situation est la plus mauvaise, à l'image de ce qui se passe dans tout le pays. Pour ne rien arranger, les perspectives « restent sombres » juge l'Insee alors que le nombre d'heures rémunérées baisse pour le deuxième trimestre consécutif sur ce secteur. Des chiffres qui sont la conséquence directe de la chute de 25% des mises en chantier depuis un an, de quoi flirter avec la barre des 5.000 logements trimestriels commencés. Le nombre permis de construire traduit également la morosité du secteur. Entre juillet et septembre 2023, 6.100 ont été délivrés « soit un volume à peine plus élevé que le volume le plus bas enregistré durant la crise sanitaire (5.900) » compare l'Insee.

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Un contexte grippé qui se répercute dans le nombre d'emplois salariés de la région. Dans son ensemble, le volume augmente légèrement, mais sur le secteur tertiaire marchand en revanche le ralentissement est là. Pire, si l'on se penche sur cette dernière catégorie, « les activités immobilières (qui) marquent sévèrement le pas » relève l'Insee qui chiffre la baisse des effectifs à 0,7% ce trimestre et 1,5% sur un an. A l'inverse, l'hébergement-restauration « reste dynamique (+1,1%) »  tout comme l'emploi industriel (+0,6% après 0,3% au précédent trimestre) dont la dynamique « reste plus forte en Provence-Alpes-Côte d'Azur qu'en France ».

Des jeunes au chômage

Autre signe qui ne trompe pas, le chômage repart à la hausse « pour la première fois depuis plus de deux ans » de 0,2 point pour atteindre 8,1%. L'Insee précise que le nombre de demandeurs d'emploi ne diminue dans aucune zone d'emploi de la région. Si le taux de chômage augmente alors que les heures rémunérées et le nombre d'emploi progresse, certes légèrement, c'est parce que « la population active augmente », explique Etienne Lenzi. En cause, l'essoufflement du boom de l'apprentissage chez les jeunes entamé en 2020 après la libéralisation de l'alternance.

Ce que confirme la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) qui voit la demande d'emploi « des jeunes rebondir en lien avec la forte augmentation du nombre d'actifs dans cette tranche d'âge ce trimestre ». De son côté l'Insee, « anticipe une hausse de la population active qui va continuer » et donc du taux de chômage car « les effets de la réforme des retraites vont se sentir avec des personnes qui ne partiront pas à la retraite » avance Etienne Lenzi.

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