Entre la Corse et la Côte d’Azur, le pôle d’innovation Med’Innov veut valoriser la recherche publique

Doté d’une enveloppe de 7,5 millions d’euros pour 4 ans, le Pôle universitaire d’innovation fondé à la fois par l’Université Côte d’Azur et l’Università di Corsica Pasquale Paoli veut doper le flux d’innovation issu de la recherche publique en favorisant et en accélérant la détection de projets innovants, le transfert de technologie ou encore la création de deeptech. Une façon de contribuer à atteindre les ambitions françaises en la matière.
(Crédits : DR)

Si la Startup Nation chère à Emmanuel Macron n'est pas encore, elle se construit. Brique par brique. Avec, comme objectif, l'émergence d'une centaine de licornes et la création de 500 deeptech par an d'ici à 2030 (contre 250 en 2021 selon le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche). Pour renforcer ce flux d'innovation, la boîte à outils dédiée s'est récemment enrichie avec la mise en place cet été des Pôles universitaires d'innovation (PUI). Soit, 29 lauréats, dont 5 en amorçage, 166 millions d'euros issus du plan France 2030 et la volonté de mobiliser les écosystèmes locaux pour mieux capitaliser sur l'existant et générer davantage de projets innovants issus de la recherche publique, considérée comme un vivier - pas toujours bien exploité - de solutions aux défis de notre temps.

Front commun et domaines stratégiques partagés

Dans les Alpes-Maritimes et en Corse, on a fait front commun pour accoucher du projet Med'Innov, labellisé PUI et doté d'une enveloppe de 7,5 millions d'euros pour 4 ans. « C'est la sixième somme attribuée la plus haute », souligne Xavier Fernandez, vice-président Innovation et Valorisation de l'Université Côte d'Azur (UCA), pilote du pôle méditerranéen avec l'Université de Corse Pasquale Paoli et 10 autres membres fondateurs*. Il faut dire que ni les uns ni les autres ne partaient d'une feuille blanche en matière de grands projets structurants, conférant à ce double territoire une légitimité certaine, entre l'Idex, le 3IA Côte d'Azur ou encore l'IHU RespirERA dédié à la santé respiratoire, à l'environnement et au vieillissement, sur les rives continentales, et le projet Uniti, lauréat de l'appel à projets ExcellenceS de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), sur le territoire insulaire. Quant aux forces en présence, elles sont assurément nombreuses et composent un écosystème corso-azuréen riche de 37.000 étudiants, de 7.000 personnels permanents, de 48 unités de recherche pluridisciplinaires et de 63 plateformes et plateaux techniques. Et ce, sur des domaines stratégiques partagés comme le tourisme, les nouvelles pratiques agricoles, les risques (incendie, séisme...), la valorisation de la biodiversité, le numérique, la santé ou encore les ressources marines.

Pistes d'amélioration

« L'idée, reprend Xavier Fernandez, consiste à accroître l'efficacité et l'efficience de nos actions en soutien à l'innovation. » Comprendre par-là, la création de startups bien sûr, mais pas que. « Il s'agit aussi de soutenir la relation avec nos partenaires industriels et toutes les activités qui en découlent, de la recherche partenariale au transfert de technologies et d'améliorer le flux de projets innovants qui sortent de nos laboratoires et notamment leur taux de conversion. » Car si la dynamique en la matière, depuis une quinzaine d'années, s'inscrit clairement sur une courbe ascendante, il reste des marges de progression qu'un autodiagnostic imposé lors du processus de candidature a mis en lumière. Parmi elles, le nombre de brevets non exploités 30 mois après dépôt : en 2022, on en dénombrait 76, l'objectif est de le réduire de 34% dès 2025 et de 60% en 2027. Le délai moyen de négociation et de signature des accords de copropriété ensuite, de 10 mois en 2022 à 4 mois espérés en 2025, soit une diminution de 60%. Là, comme dans tant d'autres domaines, la simplification administrative apparaît comme un levier de croissance, qui plus est dans le secteur de l'innovation où le temps joue un rôle prépondérant. Enfin, la signature de contrats de recherche avec des entreprises, qu'il conviendra de croître de 25%, passant de 160 en 2022 à 200 en 2025, voire 250 en 2027 (+25% à nouveau).

Cartographie et comité de suivi

Pour se faire, six axes stratégiques** ont été définis et un premier volet d'actions a été présenté à Nice lors de la journée de lancement de Med'Innov, le 20 décembre dernier, où étaient présents les membres fondateurs ainsi que les 56 partenaires industriels et institutionnels du pôle. « Il s'agit dans un premier temps de mener des actions transverses comme le développement d'outils (SI, CRM...) permettant de remonter et de partager en temps réel les indicateurs, les prospects, les contacts mais aussi la cartographie de toutes nos plateformes, matériels, compétences ou brevets non-exploités disponibles afin de mettre en lumière l'offre de l'écosystème », détaille Xavier Fernandez. Il y aura également des appels à projets pour mieux soutenir, par exemple, les recherches partenariales entreprises/université ou encore la prématuration, histoire de lever certains verrous technologiques susceptibles de freiner le destin d'une innovation vers une licence d'exploitation ou la création d'une startup. Des objectifs chiffrés qu'un comité de suivi décortiquera tous les 6 mois.

*Les 12 membres fondateurs : Université Côte d'Azur, Université de Corse Pasquale Paoli, Observatoire de la Côte d'Azur, Inria, CNRS, Inserm, Inra, IRD, Satt Sud-Est, Incubateur Paca-Est, Inizià, Inserm Transfert

**Les 6 axes stratégiques : sensibilisation et formation, détection de projets innovants, plateformes et expertises, recherche partenariale, transfert de technologies, création d'entreprises innovantes

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