La Ligne Nouvelle entre enjeu de trafic et enjeu bioclimatique

Depuis l’approbation en 2022 de la déclaration d’utilité publique des phases 1 et 2, le projet de ligne nouvelle ferroviaire entre Marseille et Vintimille, dédié au train du quotidien, accélère. Et c’est dans les Alpes-Maritimes que les premières avancées font jour, entre la présentation de la future gare bioclimatique Nice Aéroport, qui viendra en 2028 désaturer le nœud ferroviaire de la capitale azuréenne, et le lancement à Cagnes-sur-Mer de la phase préparatoire au déploiement du système de signalisation européenne. L’objectif : plus de trains, moins de carbone.
(Crédits : DR)

Le moment est un peu solennel, ce lundi 20 novembre, à la mairie de Nice. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours que l'on annonce la construction d'une gare dans la capitale azuréenne. La dernière réalisée, la Gare du Sud, désormais halle gourmande, date de 1873. La gare Thiers, elle, de 1862. Par la suite, l'ère routière s'est peu à peu imposée, laissant à distance le rail. Lequel prend aujourd'hui sa revanche. "Le futur et l'urgence climatique nous amènent à une accélération du ferroviaire, constate Marlène Dolveck, directrice générale de SNCF Gares & Connexions. Particulièrement ici, dans cette région, où l'on cultive un certain avant-gardisme et une volonté certaine d'accélérer le train". Une référence directe au projet de Ligne Nouvelle Provence Côte d'Azur (LNPCA), dont les phases 1 et 2, déclarées d'utilité publique en 2022, visent à muscler la colonne vertébrale ferroviaire régionale qui relie Marseille à Vintimille, afin d'accroître le nombre de trains du quotidien sur la ligne (jusqu'à + 66%) et de mettre en œuvre des RER métropolitains autour des aires urbaines d'Aix-Marseille, de Toulon et de Nice. Condition sine qua non pour favoriser efficacement le report modal de la voiture vers le train, et ainsi réduire les émissions de carbone liées au transport.

Première gare bioclimatique d'Europe

Nice donc ! C'est là, à l'ouest de son périmètre, que s'enclenche la première opération phare de ce projet au long cours, avec la transformation de la halte TER actuelle en gare centrale de la métropole Nice Côte d'Azur. Pièce maîtresse du pôle d'échange multimodal, située à 200 mètres à peine du deuxième aéroport de France et connectée à plusieurs lignes de tramway, de bus et de pistes cyclables, elle sera dotée de quatre voies à quai et permettra selon les projections à 2030 un flux de 10.400 passagers par jour (soit 3,8 millions par an), contre 7.000 aujourd'hui. Une opération chiffrée à 232 millions d'euros hors taxes qui se présente par ailleurs comme la première gare bioclimatique d'Europe. "C'est une exigence de performance écologique adaptée au défi climatique, relève Christian Estrosi, maire de Nice et président de la métropole Nice Côte d'Azur. Cela se traduit par des matériaux biosourcés, une production photovoltaïque en autoconsommation de 600 MWh par an, 4.200 m² de surfaces végétalisées pour lutter contre les îlots de chaleur et des centaines de places de stationnement, 700 pour les voitures, 900 pour les vélos".

La mise en service de cette gare jardin imaginée par Arep, la filiale maîtrise d'œuvre de SNCF Gares & Connexions, est attendue en 2028. Quant à son financement, s'il n'est pas tout à fait bouclé, il repose sur un pool de partenaires publics, précise la maîtrise d'œuvre, "dont l'Europe qui a contribué à financer les études d'avant-projet de Nice Aéroport à hauteur de 1,45 million d'euros".

La révolution technologique ERTMS

Si la future gare Nice Aéroport va sans conteste contribuer à désaturer le nœud ferroviaire azuréen, elle ne suffira pas à elle-seule à améliorer les transports du quotidien. Une révolution technologique doit être engagée, notamment en matière de signalisation. C'est tout l'objet de l'opération "coup de poing" orchestrée le week-end du 11 novembre par SNCF Réseau à Nice et Cagnes-sur-Mer. Soit, 54 heures ultra-cadencées, 150 personnes mobilisées et 6,9 millions d'euros budgétés pour simplifier les plans de voies et remplacer six aiguillages électromécaniques obsolètes, vieux de 60 ans d'âge, par un système numérique compatible avec la signalisation européenne ERTMS (pour European Rail Traffic Management System).

"Embarqué à bord des cabines de conduite, cette signalisation centralise les intelligences et indique en temps réel l'état de circulation de la ligne, permettant une plus grande régularité sur l'axe, l'effacement de l'effet frontière entre la France et l'Italie grâce à l'harmonisation de la signalisation entre les deux pays, ainsi qu'une utilisation optimale du réseau existant du fait de la localisation précise de chaque train et la possibilité de pouvoir réduire l'espacement entre eux", détaille Jacques Paulet, directeur du programme de modernisation de l'axe Marseille-Vintimille chez SNCF Réseaux. Et là encore, c'est sur le territoire maralpin que démarre ce passage au tout numérique, dont la mise en route est prévue par étape, fin 2027 pour les Alpes-Maritimes, fin 2028 pour le Var et courant 2030 pour les Bouches-du-Rhône. L'opération est chiffrée à 350 millions d'euros pour la partie azuréenne, à 700 millions d'euros pour la globalité de la ligne, et financée par SNCF Réseau, le groupe SNCF, l'Etat au titre de France 2030 et l'Europe. Et Jacques Paulet de conclure : "C'est l'imbrication des projets ERTMS et LNPCA qui permettra vraiment de développer les trafics sur la ligne".

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