Le TouriScope, ce « Nutri-Score » qui, dans le Sud, permet de mieux cibler la clientèle touristique

En s'appuyant sur une étude précise du profil des visiteurs du territoire, le comité régional du tourisme (CRT) vient de mettre au point un indicateur permettant de classer les pays pouvant apporter le gain le plus intéressant. Un moyen de mieux définir la stratégie à mener et d'en mesurer l'impact.

« La saison est historique », lance tout sourire François de Canson, le vice-président de la Région Sud en charge de l'économie et du tourisme mais également président du comité régional de tourisme (CRT) Provence-Alpes-Côte d'Azur devant les acteurs du tourisme des six départements curieux de connaître dans le détail le bilan de la dernière saison. Un exercice qui sort cette fois de sa routine habituelle car le CRT dévoile les résultats de ce que François de Canson qualifie de « la plus grande étude menée sur le tourisme ».

Lancée en 2019, interrompue par le Covid, avant de reprendre en 2022 cette démarche s'appuie sur plus de 42.000 questionnaires. Elle vise à connaître le plus possible le profil des touristes qui choisissent le Sud. Un volume important note BVA Xsight, auteur de l'étude et spécialiste sur ce marché. « Nous avions des ressentis mais cela nous permet de les conforter ou de les infirmer grâce à des chiffres », explique François de Canson. Une photographie exacte qui par extension aide à adapter la stratégie touristique à mener et à plus longue échelle à mesurer les impacts des axes de développement choisis.

Bien sûr les chiffres globaux sont toujours là : 36,6 millions de séjours pour plus de 230 millions de nuitées, le tout génère des retombées de 16,8 milliards. « Nous ne prenons pas en compte l'achat d'un billet d'avion par un habitant, c'est donc un chiffre qui n'englobe ce qui est lié à notre activité touristique sur le territoire », précise Loïc Chovelon, directeur général du CRT.

Mais au-delà des données générales, c'est en se penchant dans le détail des comportements des touristes que se révèlent des éléments intéressants. Ainsi 63% des touristes viennent dans le Sud pour les « activités de loisir ». La baignade et les randonnées ou balades étant privilégiées, ces deux catégories réunissent 51% des motivations, la dépenses pour les loisirs en général ne représentent que 10% des retombées économiques quand l'hébergement et la restauration cumulent presque 60% de ces 16,8 milliards d'euros.

De fortes disparités départementales

Dans cette grande encyclopédie de données touristiques -"c'est notre bible" va jusqu'à dire François de Canson - se dévoilent aussi des comportements et profils plus précis. Pêle-mêle on y apprend que 14% sont des primo-venants, à l'inverse « près de la moitié des touristes (47%) ont réalisé plus de cinq séjours en Provence Alpes Côte d'Azur ». Sur l'ensemble des visiteurs, 20% sont originaires de la région et 29% des internationaux, cette clientèle étrangère pèse d'ailleurs pour 45% dans les retombées économiques.

L'étude révèle également de fortes disparités par département. C'est dans les Hautes-Alpes que se trouve le plus fort taux de moins de 25 ans (36%), soit dix points de plus que le Vaucluse et les Alpes-Maritimes. « C'est le fruit de notre travail », juge Yvan Chaix, directeur de l'agence de développement du territoire. Dans les Alpes-de-Haute-Provence voisines, ce sont les touristes intra-régionaux qui sont beaucoup plus forts qu'ailleurs (55% des séjours mais 37% des nuitées). « Nous sommes le seul département avec plus d'intra-régionaux, désormais nous devons convertir les excursionnistes en touristes », constate Julien Martellini, à la tête de l'agence du développement.

Lire aussiComment les Hautes-Alpes ont nourri leur stratégie touristique

Dans le Var ce sont les durées qui sont plus longues, puisque c'est le seul où le taux de séjours supérieur à sept jours est le plus important (37%). Une satisfaction pour Martine Felio, directrice de l'agence de développement. « Nous sommes attentifs au bien-être de nos habitants, une enquête publique sur l'acceptation du tourisme est en cours », ajoute-t-elle.

TouriScore basé sur quatre critères

Ce sont tous ces éléments qui permettent de mettre en place un TouriScore. Dans l'esprit du Nutri-score pour l'alimentation, il doit déterminer avec une note de A à E quel type de clientèle est « bonne » pour le territoire.  Il se base sur quatre critères : l'étalement sur toute l'année des venues, la répartition ou itinérances des touristes, le potentiel économique et l'empreinte carbone.

Chacun vaut autant l'un que l'autre, raison pour laquelle les États-Unis sont classés B -sur les neufs pays étudiés seuls deux autres (Italie et Pays-Bas) ont cette note qui est actuellement la plus basse, car l'impact carbone inhérent au vol en avion les pénalise. « Comme pour le Nutri-score, il faut aussi du gras », sourit Loïc Chovelon pour faire comprendre que même un pays mal noté ne sera pas laissé de côté.

L'avenir de ce TouriScore est tout tracé. "On va la faire évoluer, l'actualiser et il faudra ajouter de nouvelles clientèles comme les Asiatiques ou les Brésiliens", prévient François de Canson qui, en tant que président d'ADN Tourisme, veut porter cet outil à l'échelle nationale. Pour l'impact du TouriScore sur la stratégie régionale, il faudra en revanche encore attendre. « Il faut analyser les résultats », tempère le président du CRT.

Les grands axes de 2024 sont en tout cas eux tous tracés, l'ambition est d'étendre l'activité touristique sur toutes les saisons, avec le salon professionnel Workshop France Méditerranée qui se tient à Toulon en novembre par exemple, et des évènements importants à l'image des Jeux Olympiques, du Tour de France ou encore les 80 ans du Débarquement en Provence.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.