
Renaud Muselier rêve depuis longtemps de chalets et de montagnes, lui l'enfant de l'Ubaye. Autant dire que le dépôt officiel de la candidature des Alpes françaises pour les Jeux olympiques d'Hiver 2030 constitue une sorte de consécration, d'autant plus que c'est lui qui lance l'idée, voici presque deux ans. Idée rapidement reprise par divers acteurs économiques en Provence Alpes Côte d'Azur, galvanisés par la perspective d'un tel événement dans leurs montagnes. Le rapprochement avec la voisine Auvergne-Rhône-Alpes, entre temps, finit de consolider le projet.
Clairement, ce 7 novembre 2023 restera dans l'Histoire des Jeux Olympiques en France, que la candidature tricolore soit retenue ou pas. Car, comme l'explique David Lappartient, le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), elle s'inscrit dans « une réforme du modèle olympique ». Comprendre, des jeux « durables, de transition et économes ».
Singularité française et sobriété revendiquée
Une sobriété qui bénéficie d'un énorme atout, celui de s'appuyer sur les infrastructures existantes, en l'occurrence 95% de celles ayant déjà servi dans de précédentes olympiades, notamment celles conçues pour Albertville. Il y a aussi celles présentes dans les stations de montagne sans omettre toutes celles liées aux épreuves de glace, que Nice possède déjà. Une particularité illustrée par le cas du ski alpin : là où les deux autres candidats - Suède et Suisse - proposent un seul site, les Alpes françaises le conçoivent dans trois lieux différents, depuis les stations de Courchevel, de Méribel et de Val d'Isère.
Un héritage doublement sobre donc, à la fois d'un point de vue environnemental mais aussi d'un point de vue financier. Car si pour l'heure de budgétisation précise il n'y a point, on imagine aisément que le recours à des infrastructures entretenues depuis des décennies ou équipant déjà les territoires, réduit d'autant la facture finale.
"L'objectif qu'on essaie toujours d'atteindre, c'est que les Jeux financent les Jeux. Le CIO est un gros contributeur, le premier pour les JO. Nous avons de la billetterie et une profondeur de marché en France avec un soutien très important du monde économique. Nous avons un document dans lequel nous avons joint l'ensemble des soutiens du monde économique et des partenaires du CNSCF, qui sont déjà ceux de Paris 2024. Mais LW et RM ont également simulé un gros travail dans leurs régions, pour montrer qu'on reste dans l'adage "les Jeux financent les Jeux" et nous allons cibler, dans la phase de dialogue ciblé, le coût exact, en espérant ne pas être au-delà du budget de Milan-Cortino", détaille David Lappartient.
Surtout, la candidature française unit deux régions, Provence Alpes Côte d'Azur et Auvergne Rhône Alpes. Et donc deux présidents. Qui ont eu l'intelligence de travailler main dans la main. Et en silence comme le fait remarquer avec humour David Lappartient. « Ce n'est pas parce que l'on a peu entendu parler de cette candidature que nous avons peu travaillé. C'est tout le contraire. C'est parce que nous avons beaucoup travaillé que l'on a peu entendu parler de cette candidature ».
Levier d'aménagement du territoire
Or ce jeu collectif, au-delà de la jolie image qu'il peut donner à voir, sert surtout l'aménagement du territoire. Sur ce point, Laurent Wauquiez comme Renaud Muselier sont raccord. « Ces Jeux vont nous permettre de travailler sur le transport collectif, notamment sur le ferroviaire. Cela va nous permettre de tester des solutions concernant les batteries électriques ou encore l'hydrogène. Ces jeux consistent un véritable accélérateur de ce point de vue ». Le président de la Région Sud ne dit pas autre chose. « Nous avons un enjeu d'aménagement du territoire », souligne également Renaud Muselier, qui rappelle qu'en possédant le premier budget vert d'Europe, sa Région montre ainsi une patte plus que blanche au comité olympique. Et qu'en étant laboratoire de la planification écologique choisie par la Première ministre, Elisabeth Borne, c'est tout cet état d'esprit durable qui est ainsi consacré. Renaud Muselier qui voit aussi tout l'intérêt de pouvoir effectivement accélérer vraiment sur le sujet de la desserte ferroviaire dont cette Ligne Nouvelle (LNV) qui doit moderniser la liaison entre Nice et Marseille et dont le calendrier pourrait peut-être s'en trouver accéléré. Autre sujet qui serait ainsi servi, celui du désenclavement des Vallées, souvent oublié et qui ici trouverait un momentum opportun.
A noter, que la candidature inclut, pour la première fois, les jeux olympiques et paralympiques, ce qui ravit la présidente du comité paralympique français (CPSF), Marie-Amélie Le Fur, qui voit dans cette mise en commun, la possibilité « d'innover ensemble » et de réfléchir précisément aux innovations à mener de concert.
La prochaine étape est désormais fixée au 1er décembre, date à laquelle la Commission exécutive du CIO annoncera les candidatures retenues pour entrer dans la seconde phase, celle du dialogue ciblé.
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